L’Abbé Pierre artiste : une exposition à découvrir

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L’Abbé Pierre artiste : une exposition à découvrir jusqu’au 4 février, à l’Hôpital Sainte Musse.

Henri Grouès, dit Abbé Pierre : combien d’entre nous savaient que le fondateur d’Emmaüs, le défenseur du droit au logement pour les plus précaires, la figure emblématique de la solidarité, était aussi un artiste ?

C’est l’aspect méconnu de cet homme engagé, que l’on peut découvrir jusqu’au 4 février, dans le hall d’accueil de l’hôpital Sainte-Musse, à Toulon : l’Abbé Pierre dessinateur, peintre, poète, écrivain, photographe…, et même metteur en scène !

Une occasion de rappeler que l’action de cet homme, prêtre catholique, mais aussi résistant et même député, se poursuit aujourd’hui, partout en France.

Jean-Paul Jambon, correspondant départemental de la Fondation Abbé Pierre nous explique pourquoi l’esprit de l’Abbé Pierre est toujours d’actualité…

L’abbé Pierre artiste

Nicole Fau:  Vous êtes le correspondant départemental de la Fondation Abbé Pierre : quelles sont vos actions prioritaires dans le Var ?
Jean-Pau Jambon : En tant que bénévole, les missions sont diverses et entre autres :
-relayer les messages et interpellations de la Fondation, tant vis-à-vis des services de l’État, que des élus, des médias, et en règle générale des citoyens.
-être présent avec et aux côtés des associations partenaires dont nous finançons les actions que nous définissons, par exemple l’ADLH  (permanences d’accès aux droits liés à l’habitat) visant l’accueil, le conseil, l’orientation, l’accompagnement sur 3 axes : l‘habitat indigne, la prévention des expulsions, les recours DALO (droit au logement opposable), en précisant que nous ne nous substituons pas aux structures de droit commun (ADIL, UTS du Conseil Départemental, DDCS…) mais offrons un autre accueil peut être moins formel et formaté pour des personnes en manque de connaissance des possibilités existantes … parfois aussi le besoin de liberté de parole et d’action qui est le nôtre n’est pas forcément possible pour des salariés des structures institutionnelles.
-Suivi des relations avec les Accueils de jour « Boutiques solidarités » ayant le label Fondation Abbé Pierre (amis de Jéricho à Toulon, paola solidarités à Fréjus) ainsi qu’un partenariat très fort avec l’association Archaos intégrée à un réseau national animé par la FAP relatif à l’accès direct à un logement pour les SdF sans passer par toutes les phases intermédiaires.
-Accompagner sur leurs projets et soutenir par des financements ciblés, toujours liés au logement et à l’habitat, des structures agissant auprès des très grands précaires, acceptant difficilement la vie en structures collectives .
– Nous associer et soutenir les Gens du voyage (en particulier sédentaires ou semi sédentaires du Département), pour que leurs droits et les obligations légales soient respectés en particulier concernant les aires d’accueil et terrains familiaux , ceci en participant à la commission départementale … Le Var étant là encore déficient, ce qui relève des communes assujetties
– Ceci nous amène à participer à diverses commissions ou groupes de travail avec les « institutionnels » : Comité de suivi PLALHPD (plan départemental pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées), du PDLHI (pôle départemental de lutte contre l’habitat indigne), CCAPEX (prévention des expulsions),
– Intervenir soit directement auprès des services ad’hoc (préfecture…) soit si nécessaire en sollicitant  les médias pour relayer telles ou telles extrêmes difficultés rencontrées par des personnes.

Il convient de noter que depuis bientôt 15 ans que je suis engagé dans l’action dans le Var, les rapports, lesquels sont indispensables avec les divers services de l’État, dont le Préfet et les Sous Préfets, et les Services déconcentrés, malgré parfois des difficultés liées aux positionnements obligés et fonctions des uns et des autres sont dans la très grande majorité des cas, humainement très corrects.
-Par contre il est bien évident que nos positionnements et interpellations concernant les obligations de la loi SRU, souvent bafouée dans notre département, rendent vraiment très conflictuelles les relations , parfois inexistantes et impossibles avec certains élus.
-La relation avec les médias est très importante et nous devons témoigner de la qualité des rapports entretenus …même s’il ne leur est pas possible de tout relayer ; les difficultés sont telles qu’il faudrait sans doute une page quotidienne ou un cahier hebdo !
-Participer à des réseaux ou groupes d’acteurs (syndicats, associations ..) permettant de renforcer le pouvoir d’agir et de convaincre.
-Enfin participer aux travaux des CIL (conférence intercommunales du logement) qui se mettent en place dans les EPCI concernées (MTPM en l’occurrence, mais bientôt Provence Verte) afin de définir et rendre plus lisibles et transparentes, entre autres, les conditions d’accès à un logement , en particulier logement social, en définissant des critères de priorité de candidature, objectifs et connus de tous.
En nous référant toujours à la consigne que nous a laissé l’Abbé Pierre : « interpeler avec insolence mesurée ! »
Et que « le devoir de tout gouvernant est de loger son peuple ».

NF : Découvrir l’artiste derrière l’homme de terrain, est-ce complémentaire ?
JPJ : Si cela n’est pas tout à fait une découverte pour moi, l’importance et la diversité de l’oeuvre est surprenante
Elle reflète bien les origines des engagements et de la vocation de l’abbé Pierre, lequel se voulait d’abord se consacrer à une vie monastique de prières et de contemplation.
-Sa santé ne lui a pas permis, mais à y regarder de plus près, lorsque l’on voit sa fragilité apparente il eut pu faire sienne la phrase de Turenne : « tu trembles carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener »….par contre quelle force dans l’expression vocale !
-Contempler le monde, en toute lucidité mais sans perdre l’espérance , n’est pas antinomique avec l’action pour agir afin d’ éradiquer la misère en combattant le mal logement.

NF : À travers cette exposition, la Fondation rappelle les valeurs portées par l’Abbé Pierre : la combativité, l’optimisme et la fraternité… Quel regard portez-vous sur notre société qui est tout, sauf « optimiste et fraternelle » ?
JPJ : Permettez moi de ne pas totalement partager votre « pessimisme » Verre à moitié vide ou à moitié plein, je reste du côté des optimistes combattants…peut être désespérés mais optimistes combattants quand même ainsi que de la fraternité

Optimiste, parce qu’au milieu de la misère ou de la grande précarité j’ai découvert une certaine forme d’optimisme ; parce que pour vivre ou survivre dans des conditions terribles il faut parfois une bonne dose d’optimisme et nous recevons parfois de saines leçons de la part de personnes en grandes difficultés qui nous font ramener à de plus justes proportions la taille de notre nombril et nos petits bobos du quotidien.

Optimisme aussi du fait de l’engagement au quotidien des milliers de salariés oeuvrant auprès des plus démunis ; Nous leur devons beaucoup de reconnaissance… et de soutien.

Optimisme aussi , lié à la fraternité ; car si l’on se complait à parler des trains qui arrivent en retard ou dire que rien ne va, moi je voie et veut parler des plusieurs millions de personnes engagées dans le bénévolat auprès de nos concitoyens, et de très nombreuses, discrètement à titre individuel dans leur quartier ou leur immeuble auprès de personnes seules, mais ce n’est très vendeur pour les journaux télévisés .

En cette période sociale difficile ai-je le droit aussi de dire que la grande précarité, elle, n’a pas les moyens et les calories pour se révolter , et que ce n’est pas elle que l’on entend et dont on s’occupe ?

NF : Craignez-vous la montée du populisme et de l’extrême droite, en particulier dans notre département ?
JPJ : Permettez moi de ne pas entrer dans ce débat politique, lequel ne relève pas de mes engagements, et encore moins du mandat qui m’est confié …même si je suis un citoyen électeur conscient.
Dans le mot populisme on  lit populaire et peuple.
Moi j’y lis peur, peur de l’autre, peur de celui que l’on ne connaît pas.
Si l’on veut bien se remémorer des faits récents liés à l’accueil de migrants dans certaines communes du Var (Pierrefeu, Chateauvert, Tourves, La Londe..)  des groupes de pression… en nombre limité, ont fait valoir bruyamment leurs refus de cet autre inconnu.

Dans la réalité on voit que dans ces communes, après quelques jours ou chacun s’est regardé « en chien de faïence » la vraie fraternité est revenue et les habitants de ces petites communes se sont investis pour faire vivre cette fraternité et cette connaissance de l’autre, mais bien sur ce n’est pas simple tous les jours…. mais qu’est ce qui est simple dans la vie ?

Rappelons nous (pour les plus anciens) le sketch de Fernand Raynaud à propos des étrangers qui mangent le pain des français et qu’il faut renvoyer chez eux. Un village s’est retrouvé un jour sans pain ni croissants, le boulanger et la boulangère étaient partis… Ils étaient étrangers !
Et c’était dans les années 1960-63 !
Alors rien de bien nouveau ;
On a eu le rejet des Polonnais, des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Arméniens, dont les descendants sont parfois de grands entrepreneurs, ou Maires, Députés, voir Président de la République…

Maintenant ce sont les Roms que l’on pourchasse, en oubliant que les premiers sont arrivés en France depuis plus de 300 ans et depuis parfaitement intégrés… en oubliant aussi Django Reinhard (découvert en 1930 à Toulon dans le bidonville de La Rode et dont une école porte le nom), mais aussi le pianiste George Cziffra, les acteurs, Yul Brynner, Michaël Caine, Charly Chaplin,les chanteurs et musiciens, Manitas de Plata, les Gypsy Kings, Kenji Girac… et les footballeurs Gignac, Ibrahimovic et Éric Cantona parrain de la Fondation.

On se prive sans doute de la découverte de grands talents et compétences, tout en dépensant d’une façon obligeant à s’interroger sur cette logique.

NF Qui peut participer aux actions de la Fondation ?
JPJ Chacun peut être acteur en fonction de ses envies, de ses moyens, de son temps…
Bien sur par des Dons afin d’aider au financement des actions
Comme je l’ai exposé au début, les actions sont diverses .
Dans le Var et selon les compétences, compte tenu du découpage territorial nous recherchons plutôt des relais locaux calqués sur les grandes EPCI (St Raphael, Draguignan, St Maximin, Brignoles, Cœur du Var)
Besoin de ces relais connaissant bien leur territoire et autant que faire se peut les différents acteurs (élus, associations…) et après c’est aussi en fonction du profil de chacun.
Par exemple nous allons devoir recruter un(e) futur(e) nouveau(elle) (elle)représentant(e) départemental (e)…bénévole, ce qui impose quelques compétences particulières, une bonne disponibilité, une adaptation et bien sur une formation et un accompagnement en binôme pendant qq temps.

Les CV avec lettre de motivation peuvent être adressés à l’agence régionale
Fondation Abbé Pierre
16 / 20 Rue Loubon
13003 Marseille

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