La vraie vie…au CHITS

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Depuis presque quatre semaines maintenant, le Centre Hospitalier Intercommunal Toulon – La Seyne est en Plan Blanc dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, comme l’ensemble des établissements au niveau national et départemental.

Depuis cette date, la CGT du CHITS a pris la position, à l’instar de notre confédération (qui a de nombreuses propositions à ce sujet), d’avoir comme priorité, la mise en sécurité des personnels. Si au départ, il semblerait que nos demandes ont été entendues, la situation semble se dégrader. Alors même que le médecin responsable de la cellule de crise de l’ARS PACA insiste auprès de ses collègues, sur le fait qu’il ne faut en aucun cas « se démobiliser et ne pas céder à l’impatience », cela ne semble pas être le cas dans notre établissement.

La CGT du CHITS a interpellé depuis deux jours, la Direction Générale du CHITS et la Délégation Territoriale du Var de l’ARS PACA, sur la problématique des renforts qui ont été enlevés du jour au lendemain (le 8 avril 2020,) au sein du service des Urgences Adultes de Sainte Musse, mettant directement en danger les personnels mais également la population.

En effet, depuis le 16 mars, l’équipe des Urgences de Sainte Musse avait vu ses effectifs augmentés compte tenu de la crise COVID 19. En effet, la gestion des patients COVID ou suspects de l’être nécessite une prise en charge particulière. Ces effectifs supplémentaires permettaient aux équipes de travailler avec plus de sérénité, dans un contexte très anxiogène.

Avant hier, la décision a été prise d’enlever ces renforts pour deux raisons : – L’activité est en baisse, par rapport à l’activité normale du service, – Un manque de personnel important sur d’autres services, La CGT du CHITS conteste cette décision et la réponse technocratique, liée à des tableaux statistiques, n’est clairement pas adapté à la situation.

Nous sommes en crise ! et en temps de crise, il faut savoir sortir des sentiers battus… Nous ne sommes pas en situation normale ! Emmanuel Macron insiste sur le fait que nous en sommes « en guerre » et en temps de guerre, les moyens et les attitudes habituels ne sont clairement pas adaptés. Casser une dynamique de cohésion d’équipes est risqué en temps de guerre.

La CGT du CHITS a toujours eu à cœur de relater la vraie vie, parce que derrière les discours, il y a la réalité du travail des services… Derrière les discours ministériels sur les protections par exemple, il y a la vraie vie des établissements.Mercredi soir (8 avril 2020) et compte tenu des réponses (et non réponse de l’ARS) nous nous sommes rendus, sur notre mandat CHSCT, aux Urgences de Sainte Musse (et nous avons vu aussi des personnels d’autres services).

Et voici ce que nous avons pu y voir : des médecins, des cadres, des IDE, des AS, des ASH, des personnels épuisés et désabusés. Les personnels de tous les services du CHITS, dans le cadre du plan blanc ont vu leurs vies professionnelles et personnelles complètement chamboulées.

Chacun a réorganisé sa vie afin de répondre présent pour la lutte contre le COVID 19, non pas parce qu’ils sont des héroïnes et des héros, mais parce que c’est leur métier !!! Pour autant, pour soigner, il faut des moyens à la hauteur. Ça n’est pas le cas (et nous le dénoncions avant même la crise), ni aux urgences, ni dans l’ensemble de l’hôpital.

Depuis le début de cette crise, c’est la gestion de la pénurie !!! Pénurie de moyens humains et matériels de protection (l’ensemble du personnel n’est pas équipé de manière optimale, manque de FFP2 entre autre dans les services « dit non Covid ») pour travailler en toute sécurité. Le CHITS a suivi les recommandations ministérielles sur l’utilisation des matériels de protection, malgré nos alertes et dans le contexte de pénurie nationale.

Cette situation a pour conséquence que de nombreux personnels hospitaliers sont aujourd’hui testés positifs, partout sur le territoire et y compris au CHITS. Le plan blanc permet effectivement de demander aux personnels de faire preuve encore plus d’adaptabilité, de polyvalence (dans le respect du code du travail), mais derrière tous ces personnels, ce sont des humains ayant besoin d’être soutenus et rassurés.

La prise en charge des patients COVID, aux Urgences, en Service dédié COVID et en Réanimation mais aussi dans l’ensemble de l’établissement (le COVID est et peut être partout) est particulièrement anxiogène et cela doit être pris en compte.

Alors effectivement, nous nous attendions à un sprint (vague), il semblerait que pour le moment nous soyons plus sur une épreuve d’endurance… et si nous voulons gagner cette épreuve, il nous faut absolument prendre soin des équipes et ne pas leur enlever les renforts (que se soit aux Urgences et dans les autres services si nécessaire).

La CGT du CHITS n’a pas comme ambition de briller ou d’exister dans la période, elle n’est que le reflet du vécu des personnels et notre rôle est de faire remonter les difficultés. La colère et la grogne montent (un merci ne suffira pas). Le fossé entre les équipes de terrain et les directions (Établissement, ARS, Ministère) est en train de se creuser et la réponse des personnels de santé, soutenue par la population (tous les soirs de nombreuses professions viennent soutenir les hospitaliers), sera de très grande ampleur.

Parce qu’il y a le temps de la crise et les personnels s’y consacrent à 1000% et il y aura l’après crise… et chacun devra assumer ses choix et ses responsabilités face aux hospitaliers et à la population !

Manon MAGAGNOSC
Secrétaire Générale de la CGT du CHITS

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