La réindustrialisation c’est maintenant !

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Trois mois de travail intense pour les politiciens et leurs commentateurs ne changeront rien aux réalités de la poursuite de la mondialisation et de la nécessité pour notre pays de redresser son secteur de production en se servant de toutes nos potentialités.

Tout d’abord j’entends dans la bouche des communicants que le nouveau Président des USA voudrait mener une politique « protectionniste » ! Comme si « America First » était une notion nouvelle ! La première puissance économique mondiale a toujours défendu ses intérêts et nous avons vécu ces dernières années sous sa menace constante, en particulier lorsque la justice américaine s’invite dans nos entreprises et les disloque comme on l’a vu récemment avec l’affaire Alstom. Les sidérurgistes européens qui ont connu les rideaux de protection américains contre leurs exportations seront surpris de cette nouveauté découverte en 2017, les USA pensent d’abord à eux ! La mondialisation c’est d’abord l’emprise des entreprises américaines et ensuite le fragile équilibre entre celles-ci et les mastodontes chinois aux faibles couts de main d’œuvre et à la technicité galopante.  Il s’agit pour nous de définir notre rôle, rien n’a changé donc…

Pour conserver nos chances de redressement il nous faut garder nos fleurons industriels, mais la mondialisation rend indispensable la croissance et le mouvement et donc des capitaux toujours plus importants. Dans le même temps il faut soutenir les entreprises moyennes qui peuvent devenir, elles aussi des champions, et renforcer les PME qui représentent les réservoirs d’emplois. Il faut rajouter la nécessité de soutenir vigoureusement les efforts de recherche et d’innovation, en particulier la montée en puissance des nouvelles technologies. Tout cela demande beaucoup d’argent et nous patinons depuis plus de trente ans car notre épargne ne va pas naturellement vers le secteur productif. Nous avons de belles entreprises, nous en sommes fiers, mais notre culture ne va pas jusqu’à y investir nos bas de laine ! La pierre et la terre nous apparaissent plus surs, comme un miroir de ce « principe de précaution » dont nous avons illustré notre existence politique.

Le chemin que nous avons emprunté pour ne pas sombrer a été de mettre l’argent de l’Etat en protection de notre secteur productif avec des allers-retours et des grandes envolées lyriques. Lorsque qu’un sinistre apparait tous les avis convergent sur la nécessité de faire intervenir l’Etat. Etat stratège ? On le souhaiterait, mais il est de plus en plus risqué d’essayer de le démontrer tant le court terme est présent à tous les instants. Nous vivons dans le déni des réalités, prêts désormais à « céder les participations des entreprises » où l’Etat est encore présent tandis que nous célébrons le sauvetage d’un site industriel historique grâce aux commandes décidées au sommet de l’Etat de locomotives dont le besoin immédiat n’existait pas.

Si nous voulons une industrie nationale et si nous ne voulons plus de l’Etat actionnaire, il nous faut résoudre le problème des capitaux propres de notre secteur productif. A qui allons-nous vendre ce qui nous reste dans Renault, Peugeot, Engie, Safran, Total… ? Qui va investir dans les ETI ? Qui va soutenir les PME ? Le dossier STX, c’est-à-dire les Chantiers de l’Atlantique, pourrait être un bon entrainement pour nos penseurs modernes.

Démembrement de l’ex-empire Compagnie Générale d’Electricité , vendus aux Norvégiens d’Aker en 2005 pour « sauver » Alstom, les Chantiers étaient devenus propriété d’une société Coréenne, STX, rapidement en faillite. L’Etat y conserve 30%, mais est aussi inactif que son partenaire Coréen, et le dirigeant, sans actionnaires, redresse la société jusqu’au point que les cocoricos fusent lorsque les commandes de paquebots de croisière affluent. Il s’agissait donc bien d’un trésor national aussi bien en termes d’infrastructures que de compétences humaines. Depuis cinq ans le problème de l’avenir du capital est sur la table. Rien n’a bougé ! la société nationale italienne s’invite à la table , nous avons son équivalent national, DCNS, et personne ne se bouscule au portillon tandis que l’on demande encore une fois à l’Etat de décider. DCNS est propriété de l’Etat et de Thalès, propriété de l’Etat et de Dassault… on tourne en rond. STX a un carnet de commandes de dix ans, mais a une rentabilité faible. Qui va investir, qui va préférer les bateaux à l’immobilier ou l’assurance vie ? On voit bien que si l’on ne résout pas le problème de l’incitation de l’épargne française vers le secteur productif , tous les problèmes posés sont insolubles. Si pour trouver une solution à l’avenir du capital des Chantiers on demande à l’Etat Italien de venir à notre secours, on marche sur la tete !

Au-delà des hommes et des femmes qui veulent prendre en charge notre existence collective future, j’engage les responsables à s’interroger sur la nécessaire propriété nationale des entreprises clés de notre avenir. Cela veut dire, qu’en dehors des capitaux familiaux qui ont bati le secteur productif français, il est nécessaire de mobiliser les épargnants vers le secteur productif. C’est possible car dans nos territoires les personnes sont pretes à se mobiliser pour l’industrie, mais elles veulent qu’on mette l’accent sur des secteurs, des régions , elles veulent participer à l’essor de la production locale sans rentrer dans l’actionnariat d’une entreprise déterminée. Comment adapter la fiscalité et l’orientation de l’épargne vers ce qui est vécu comme l’avenir des territoires, telle est la question fondamentale posée à notre pays. Les années 2015 et 2016 ont été des années perdues pour notre appareil productif, pour que les memes causes ne produisent pas les mêmes effets, il faut changer.

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