La musique  en son château   

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Succès complet pour le nouveau Festival de Musique au Château de Solliès-Pont. Un modèle de programmation intelligente et d’initiative culturelle exemplaire.

Le Quatuor Varese
La cour d’honneur du château de Solliès-Pont est le lieu idéal pour la musique classique de plein air : acoustique chaleureuse, à l’abri du vent et des bruits parasites, bien éclairée, sans effet de réverbération ou de dispersion.  Elle accueillait mercredi soir le Quatuor Varese, (François Galichet, Julie Jehan Rodriguez, Sylvain Séailles, Thomas Ravez) une jeune formation déjà remarquée dans le monde classique, sachant aussi défendre la musique de notre temps, Adès et  Dutilleux, et qui joue dans la cour des grands depuis deux ans.

Son programme était audacieux et sans concession : le deuxième Quatuor de Robert Schumann et le D810 de Schubert « la jeune fille et la mort. » Dans le Deuxième Quatuor de Robert Schumann, malgré une tension de départ perceptible dès l’andante quasi Variazioni on a pu  remarquer une des grandes qualités de ces musiciens : la maîtrise technique et la recherche  du beau son. Se libérant de toute inquiétude par sa virtuosité parfaite le premier violon a largement convaincu dans l’allegro finale.

Schubert magnifié
Mais le plat de résistance, si l’on peut dire, fut la vibrante interprétation du célèbre quatuor de  Schubert avec ses variations lumineuses dans l’andante con moto.  Ces quatre artistes ont étonné par la justesse de leur vision de l’œuvre, à la fois brûlante et humble. Ils ont su faire passer le souffle du désespoir dans un halètement quasi permanent. La lisibilité de leur interprétation et la précision de leur jeu (notamment dans les doubles cordes) ont conduit l’auditeur au sommet de ce monument de la musique de chambre romantique.

On aura apprécié le culot de cette jeune formation dans le presto final, prolongement de ce voyage au bout de la nuit. En effet ils optèrent  pour une tarentelle cauchemardesque au rythme implacable et échevelé. Maitrisant leur choix par une homogénéité quasi parfaite, le Quatuor Varese s’imposa dans cette danse macabre et lugubre. Lors de la réexposition du thème de l’inéluctabilité, à travers une polyphonie devenue plus dense encore, les cordes ont atteint une forme de paroxysme. Les triolets s’insinuèrent telles des ombres fantomatiques, jusqu’à accroitre l’hallucination d’un Prestissimo conclusif que ponctueront deux violents accords définitifs.

Longuement rappelés, ces jeunes musiciens consacrèrent à Schumann un bis éblouissant d’énergie libérée (les variations du 3eme quatuor) qui clôtura impérieusement le concert.

La  chaude nuit  provençale reprit ses droits et je songeai qu’il serait heureux pour la musique que ce Festival perdure, tant il honore une municipalité consciente de son rôle culturel et son maître d’œuvre artistique, l’opéra de Toulon et son codirecteur Jérôme Gay.

Prochains concerts :
Vendredi 30 juillet 21h
« Voix Nouvelles »
Récital lyrique de jeunes artistes français lauréats de concours nationaux et internationaux
Airs d’opéras français et italiens.

Samedi 31 juillet 2021  21h
« Piano aux étoiles » » Shani Diluka Ludwig van Beethoven Sonate pour piano, Op. 81a « Les adieux » Sonate, Op. 27 N°2 « Sonate au clair de lune » Franz Schubert / Franz Liszt Ständchen ; Auf Dem Wasser Zu singen Franz Liszt Jeux d’eau à la Villa d’Este

Jean-François Principiano

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