La ministre des armées à Toulon préfère éviter les manifestants

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Françoise Parly, ministre des Armées était hier à Toulon pour saluer les équipages de la Frégate « Languedoc » qui a participé aux bombardements par missiles de croisière en Syrie, très contestés, aux côtés de Trump et de la Grande Bretagne, car sans mandat de l’ONU, sans attendre le rapport confirmant la présence de stocks chimiques et la certitude des responsables de leur utilisation.

À bord, où se trouvaient des journalistes, elle a précisé que, de la Frégate, trois missiles ont été tirés…et ont atteint leur cible. « On n’a pas fait un concours, celui qui en tirerait le plus. On a tiré le nombre strictement nécessaire. Et on a atteint l’objectif. »

Confirmant que trois armées membres de l’OTAN, parmi les plus puissantes, décident de ce qui est nécessaire et s’autorisent à bombarder un État souverain, quoiqu’on en pense, en se glorifiant de la précision de leurs armes ! Est-ce un signal pour convaincre l’opinion d’une réelle volonté de paix et de désarmement ? Surtout après avoir concouru à la défaite de Daesh avec les forces armées syriennes, entre autres.

Drôle de façon de préparer le dialogue avec celui que vous venez de bombarder. Madame la ministre aurait pu nous dire si les armes françaises dont fait usage l’Arabie saoudite au Yemen, sont aussi performantes que la centaine de frappes de missiles tombées sur le territoire syrien ?

Et puis se retrouver aux côtés d’un chef d’État comme Trump pour faire usage de la force militaire contre plus petit que soi n’a rien de très glorieux. La Russie qui s’est abstenue de riposter « pour cette fois » dit-elle, donne un bilan plus contrasté, faisant état de 73 missiles interceptés ?

La ministre n’avait pas prévu de rencontrer les syndicats. Ceux de la CGT-Arsenal se sont fait entendre devant la porte principale, en déployant leur banderole en début d’après-midi pour marquer leur réprobation de cette intervention qui n’est pas de nature à faciliter le dialogue avec le pouvoir syrien et ses alliés.

Outre la condamnation des bombardements en Syrie, la CGT-Arsenal a beaucoup de points précis à évoquer concernant le Var, sur le devenir des sites de la Défense et de l’emploi, depuis la vente de terrains en passant par la suppression du statut des personnels et de l’AIA de Cuers, entre autre.

Ils ont trouvé porte fermée tandis que la police faisait la chasse aux banderoles et aux photographes.
L’Armée a tous les droits. C’est même elle qui fournissait les images de l’intervention aux médias. On n’est jamais si bien servi…

Comme pour le mouvement social en cours, il faut convaincre l’opinion qu’il s’essouffle, que l’unité se fissure, que la fermeté du gouvernement aura le dernier mot, que l’ordre public sera respecté partout…que les frappes étaient légitimes. Que Macron a toujours raison et ne veut que le bonheur du peuple !

La réforme du droit d’asile et de l’immigration démontrent le contraire et le projet de réforme de la justice aussi qui lèvent une contestation chez les bénévoles de la solidarité qui ne voient que des humains à prendre en charge comme chez les magistrats et avocats qui défendent le droit et les justiciables avant toute autre considération.

Madame Parly voulait éviter les mauvaises rencontres avec cette CGT « qui prend la France en otage et veut mettre le pays à feu et à sang » comme on dit dans le Figaro de Dassault, grand fournisseur de matériels de guerre, ce syndicat qui ne comprend pas le « modernisme » des « réformes » qui ont pour objectif de liquider tous nos services publics. A moins qu’il ne l’ait compris depuis longtemps et qu’il soit devenu l’obstacle à isoler, car la CGT en appelle à la combativité et à l’unité des victimes de ces choix libéraux dans tous les domaines qu’ils soient salariés ou usagers.

Madame Parly fait en sorte de ne pas voir que Naval Groupe -qui a remplacé la DCNs- ne fait que livrer notre défense à l’appétit insatiable des actionnaires du privé. C’est ce processus qu’elle est chargée d’accélérer. Et c’est cela qui produit une prise de conscience et une résistance que ce pouvoir s’emploie à discréditer. Tellement il craint l’élargissement du champ de la contestation et la convergence des luttes.

La CGT est en première ligne et elle n’est pas seule, pour que le mouvement social trouve la force de faire respecter sa volonté d’aller de l’avant, pas à reculons de notre histoire sociale.

René Fredon

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