La LNPCA phases 1&2 entre Marseille et Nice est sur de bons rails. L’Association DEPART veut amplifier par une LGV et davantage de RER
L’Association DEPART a tenu son Assemblée Générale à Antibes le 30 Octobre 2023.
Les adhérents ont fait le point sur le projet LNPCA Phase 1&2 dont l’utilité publique a été reconnue par arrêté inter-préfectoral le 13 Octobre 2022, suite à une fructueuse enquête publique.
C’est le résultat d’un patient travail de conviction, auquel l’Association DEPART a contribué depuis sa création en 2001 par Gérard PIEL, alors Vice-Président du Conseil Régional chargé des transports, qui avait obtenu l’accord du ministre des Transports de l’époque, Mr Jean Claude GAYSSOT, sur un projet de desserte de la Région PACA au delà de la LGV Méditerranée inaugurée à Marseille cette année là.
Si la DUP est une avancée notable et positive, elle n’intervient qu’en 2023 et seulement sur une partie du projet avec des promesses de mises en service entre 2028 (gare TGV Nice Aéroport), 2030 (RER varois et marseillais hors traversée souterraine), 2032 (RER azuréen) et 2036 (traversée souterraine de Marseille), alors que le projet global mis en débat public en 2005 prévoyait une mise en service dès 2020 (et donc une DUP bien avant) avec les objectifs initiaux suivants :
-Ouvrir la région Provence-Alpes-Côte d’Azur aux autres régions françaises et désenclaver l’est de la région en le reliant au réseau ferré français à grande vitesse.
-Faciliter les déplacements à l’intérieur de la région (entre les 3 métropoles de Marseille, Toulon et Nice, et au sein de chacune d’elles) en offrant une alternative à la route et en complétant la seule ligne ferroviaire existante du littoral construite en 1830.
-Constituer le système ferroviaire intégré et le chaînon manquant de l’arc méditerranéen Barcelone – Marseille – Gênes.
Les adhérents ont également fait le point sur les financements mis en place pour la LNPCA Phase 1&2 et mis en perspective calendriers et financements avec les annonces du dernier rapport du COI (Comité d’Orientation des Infrastructures) sur la programmation des grands projets de transports nationaux, ainsi que la planification écologique, l’annonce faite par la 1ère Ministre Elisabeth Borne des “100 Milliards d’euros pour le ferroviaire” et la promesse présidentielle de RER dans les métropoles régionales (désormais baptisés SERM : Services Express Régionaux Métropolitains).
L’Association DEPART constate que les moyens pour les 3 SERM de Marseille, Toulon et la Côte d’Azur (au travers du projet LNPCA Phase 1&2, 3,64Md€, visant à rendre nouvelle la ligne existante Marseille Vintimille(1) avec la dénivellation de bifurcations et de nouvelles voies à quai dans différentes gares), sont 2 à 3 fois moindres, rapportés à la population que dans les Métropoles et Régions voisines(2).
Par ailleurs, si ces 3 SERM de la LNPCA répondent partiellement au 2nd objectif de faciliter les déplacements régionaux, les autres objectifs sont très peu satisfaits : hormis un gain de temps de 15 minutes pour la traversée de Marseille (suppression du rebroussement à St Charles), l’est de la Région PACA restera très enclavé par le train (il faudra toujours 2h40 en train pour parcourir seulement 158 km à vol d’oiseau entre Marseille et Nice contre moins de 2h en voiture). Alors que le ferroviaire est reconnu comme le seul mode de transport décarboné sur moyenne et longue distance, que le trafic routier ne se réduit pas et engendre de nombreuses pollutions et que la Côte d’Azur est sous la dépendance précaire de son aéroport (polémiques sur son extension, risques de submersion, suppression des navettes vers Orly…), cet enclavement ferroviaire ne met pas la Région SUD en situation d’affronter l’impérative décarbonation du transport par un report modal ferroviaire à la hauteur des enjeux pour atteindre la neutralité carbone. C’était l’objet des sections nouvelles des phases 3 (Cannes Nice) et 4 (Aubagne Toulon et Le Muy Cannes) de la LNPCA, mais celles-ci sont reportées de 5 ans tous les 5 ans à chaque COI, soit désormais 2050 ! Le débat public n’est toujours pas programmé (presque 20 ans après celui de 2005).
À l’inverse, les autres Régions (Nouvelle Aquitaine et Occitanie) de la Transversale Sud (de l’Atlantique à la Méditerranée) ont leurs projets de LGV programmés entre 2030 et 2045 pour 15Md€(3). 30% de la population de ces 3 Régions méridionales(4) vit pourtant en Région PACA, et de nombreux touristes y font des trajets longue distance, doublant la population l’été, sans aucun financement LGV prévu. L’Association DEPART déplore le traitement inéquitable de notre Région et son enclavement ferroviaire incompatible avec la perspective d’une transversale sud ferroviaire performante de Bordeaux à Nice via Toulouse, Montpellier et Marseille, ni avec l’inscription du corridor Marseille-Gênes dans le RTE-T exigeant des lignes à minima 200km/h, dont l’Italie s’équipe pour sa part. Garantir l’équité territoriale, c’est investir aussi 7 Md€ dans une LGV en Région Sud. Le produit des péages de la 1ère concession autoroutière à revenir dans le giron de l’État, ESCOTA, permettra aisément ce financement et les aéroports de Nice et Marseille pourront également être mis à contribution.
Lors de son Assemblée Générale du 30 Octobre 2023, les adhérents de DEPART ont donc discuté l’après-midi des perspectives d’avenir au-delà des phases 1&2 LNPCA. Les combats qui restent à mener justifient pleinement la poursuite de nos activités. Les discussions ont eu lieu autour des propositions suivantes :
-Sur la LGV : revoir complètement les phases 3&4 selon les perspectives ci-dessus et tenir un calendrier de réalisation avant 2040. 76km seulement de LGV entre Aubagne et les Arcs peuvent permettre aux TGV à destination de Nice d’éviter 117km sur la ligne classique via Toulon, ce qui raccourcirait l’itinéraire de 41km et 50 minutes. Cela représente moins de 16% du linéaire des LGV GPSO LNMP(5), et des 7Md€ d’investissement évoqués ci-dessus. La desserte de Toulon et Nice par les TGV se ferait respectivement via les lignes existantes Aubagne Toulon, et Les Arcs Nice, sans que des gares nouvelles ne soient nécessaires. Un trajet direct Marseille Nice en 1h20 serait possible en train (6).
-Pour rehausser l’ambition des SERM en Région Sud au même niveau financier que les autres métropoles régionales (soit ~+5Md€) :
Aix-Marseille
Réouvrir la ligne Aix-Rognac et l’intégrer au RER Marseillais diamétralisé avec Toulon
Renforcer la ligne de la Côte Bleue
Var
Réouvrir les lignes Carnoules Brignoles (voire au delà) et les Arcs Draguignan
Les intégrer au RER toulonnais et azuréen (ligne St Cyr-Toulon-Carnoules-Brignoles, ligne St Cyr-Toulon-Carnoules-Les Arcs-Draguignan(centre), ligne Draguignan-Les Arcs-Fréjus-St Raphaël-Cannes-Nice-Monaco-Vintimille
Côte d’Azur
-Prolonger la 3è voie Antibes-Cagnes jusqu’à Cros de Cagnes (<2km) et utiliser l’emprise à 4 voies déjà disponible autour de la halte de l’hippodrome à remettre en service afin de transformer l’actuelle voie unique de dépassement (commune aux 2 sens et utilisable exclusivement dans un sens puis dans l’autre) avec 3 arrêts TER (Biot, Villeneuve, Cagnes), en 2 voies de dépassement indépendantes (une par sens) ayant chacune 3 arrêts TER (d’une part Biot, Villeneuve, et l’hippodrome, d’autre part Cros-de-Cagnes, Cagnes et l’hippodrome)
-Étudier l’ouverture d’une halte supplémentaire à Antibes la Fontonne
-Cadencer l’axe Cannes-Nice toutes les 10 minutes (et possibilité de dépassement des TGVs avec les aménagements précédents)
-Intégrer la ligne de Grasse au RER azuréen, avec un cadencement toutes les 20 minutes (7) (la moitié des trains de l’axe Cannes-Nice) en doublant la ligne entre Le Bosquet et la Frayere
-Intégrer la ligne des Paillons au RER littoral diamétralisé, avec un cadencement toutes les 20 minutes (un train sur 2) et étudier un débouché souterrain vers Monaco, complémentaire à un réel cadencement horaire des TER entre Nice et les vallée de la Bévéra et Roya (Breil, Tende et au delà Cuneo, Turin). Renforcer ainsi l’axe littoral Nice Monaco par des trains plus directs (TER et trains grandes lignes vers l’Italie)
-Concrétiser un RER perpendiculaire Plan du Var-Nice Garibaldi sur la ligne des CP, complémentaire à un cadencement horaire des trains Nice Digne, en prolongeant la ligne en souterrain vers la gare SNCF Nice Ville et la place Garibaldi.
Alain PATOUILLARD Président Association DEPART 06 13 20 07 79
Rémi QUINTON Vice-Président Association DEPART 06 73 76 65 87
Notes de bas de page :
(1) hormis la traversée souterraine de Marseille, il n’y a pas de Ligne Nouvelle à proprement parler
(2) RER Bordeaux (hors AFSB) 775M€ et AFSB 760M€. Métropole Bordeaux 830 284 habitants soit 1849€/habitant
RER Toulouse (hors AFNT) 2000M€ et AFNT 720M€. Métropole Toulouse 816 362 habitants soit 3332€/habitant
LNPCA Phase 1&2 3640M€. Habitants MPM 1 925 136, TPM 450 441, NCA 558 768, CASA 184 016, CAPL 159 753, CAPG 102 216. Total 3 380 330 habitants, soit 1077€/habitants
Sources : https://www.collectivites-locales.gouv.fr/files/Accueil/DESL/2023/listeCAjanvier2023.pdf https://www.collectivites-locales.gouv.fr/files/Accueil/DESL/2023/listem%C3%A9tropolejanvier2023.pdf https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/COI_2022_Programmation_Annexe%20-%20def.pdf
(3) En Milliards d’euros : LGV Bordeaux Toulouse 6,35 ; branche LGV Dax 2,5 (soit total LGV GPSO 10,33) ; LGV Montpellier Béziers 2 ; Béziers Perpignan 4 (soit total LNMP 6)
(4) En millions d’habitants : Nouvelle Aquitaine 6 ; Occitanie 5,9 ; PACA 5,1. Total 17
(5) GPSO 327 km ; LNMP 150 km ; 76km=13,8% de 477 km
(6) 1h45 pour un trajet avec 5 arrêts Marseille-Les Arcs-St Raphael-Cannes-Antibes-Nice Aeroport-Nice Ville
(7) Niveau de cadencement maximal fixé par la Loi pour considérer qu’une ligne est un SERM
