La contre-attaque d’Israël Sur fond d’annexions des territoires palestiniens

0

C’est un acte de guerre bien préparé qui a été commis samedi à l’aube par la branche armée du Hamas qui se veut le gardien de l’islam. Ses combattants sont entrés sans résistance à la frontière créée par Israël en même temps que plusieurs milliers de roquettes atteignaient Tel-Aviv et diverses villes.

En quelques heures les médias parlaient de plus de 1000 morts, plusieurs milliers de blessés et des centaines de prisonniers civils et militaires à l’intérieur de « leur » territoire sans qu’aucune réaction du pouvoir ne soit intervenue.

L’information se répandit comme un éclair sur les médias du monde entier qui croulèrent sous les déclarations de soutien à l’État d’Israël, en France et en Europe sans oublier les États-Unis prêts à fournir tout le matériel de guerre nécessaire à la défense de l’État hébreu crée en 1948 par l’ONU. Une opportunité pour leur économie et leur stratégie.

L’ONU prévoyait le partage de la Palestine en deux Etats indépendants : un Etat juif, un Etat arabe et Jérusalem sous contrôle international. La quasi-totalité des états arabes, alors sous tutelle étrangère, s’y opposèrent. La communauté juive de Palestine l’accepta. Six mois après le départ des Britanniques, la guerre israelo-arabe éclata.

Après la 2è guerre mondiale, la Palestine comptait 600 000 juifs et 1 200 000 palestiniens. L’argument des États arabes et de la Palestine en particulier consistait à dire : « que les Arabes de Palestine n’ont pas à payer pour un crime commis à l’encontre des Juifs par les nations européennes. » Aujourd’hui, la population juive atteint les 7 millions, les arabes 5 millions dont 3 en Cisjoranie et 2 à Gaza.

75 ans après tout s’est complexifié
Seul l’État d’Israël existe et prospère dans un environnement forcément hostile. Les annexions de territoires palestiniens intégrés par la force militaire d’Israël n’ont pas cessé, les discriminations pratiquées à l’égard des arabes…non plus, en violation du droit international. Il ne s’agit plus du droit de se protéger mais du droit de violer celui des populations arabes.

Qui accepterait de se voir mis à la  porte de chez lui et de n’être plus qu’un paria et, s’il résiste, un terroriste dans son propre pays passé aux mains du plus puissant voisin ? Ou refoulé dans une enclave où la vie quotidienne est invivable, sous le contrôle de l’armée de l’envahisseur ?

Aussitôt on est classé d’antisémite si l’on ne se place pas du côté de la force militaire d’un pays dirigé par l’extrême-droite qui opprime tout un peuple depuis plusieurs générations, C’est ce que dit avec courage et lucidité l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi dans une tribune du Monde :
« L’attaque du Hamas résulte de la conjonction d’une organisation islamiste fanatique et d’une politique israélienne imbécile». Euphémisme…diplomatique, sans doute ?
L’ambassadrice de la Palestine en France, Hala Abou Hassira, dans l’Humanité, ne mâche pas ses mots :  » « Israël porte l’entière responsabilité d’une telle situation et d’une telle explosion. Il est nécessaire de mettre les choses et les événements dans leur contexte politique et historique. On ne peut ignorer la source du problème, on ne peut ignorer une occupation et un apartheid israéliens qui durent depuis des décennies. C’est ce qui rend Tel-Aviv seul responsable de l’explosion actuelle… »

Elle conclut son réquisitoire par l’opportunité de saisir la voie de la sagesse : … »pour régler ce conflit, il existe un seul moyen, une seule manière de procéder : c’est de mettre fin à l’occupation militaire israélienne, au colonialisme israélien et à l’apartheid israélien pour que les civils, israéliens et palestiniens, soient épargnés. Pour qu’une vraie paix prévale dans la région, avec la création d’un État de Palestine indépendant et souverain, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. »

Ofer Cassif, universitaire, député communiste qui dérange à la Knesset, nuance cette analyse : « pour que les peuples vivent en paix, il faut en finir avec l’occupation…ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés est aussi horrible…cela relève du nettoyage ethnique…je condamne totalement et sans réserve tout assaut sur des civils innocents…Il n’y a pas de solution militaire, seulement politique : la fin de l’occupation et l’avènement de l’indépendance palestinienne. »

France : la polémique stérile
Une déferlante s’est abattue sur la FI qui avaient osé émettre un jugement politique. Il faisait  place au contexte d’une attaque-surprise meurtrière du Hamas qui avait semé pendant quelques heures la terreur parmi la population civile israelienne et ne pouvait que donner l’occasion d’une réplique encore plus meurtrière, à la mesure de la vexation subie par le gouvernement d’Israël ridiculisé, dont les services de renseignements n’avaient rien vu venir.

Un concert d’indignation d’une partie de la classe politique alignée avait suivi la déclaration de la FI qui disait que « L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est ». Sans toutefois condamner l’attaque des civils ce qui induirait que l’État d’Israël n’y serait pour rien, sinon une victime ? Polémique stérile.

De son côté, Fabien Roussel, tout en considérant « inacceptable l’attaque du Hamas » qui frappe les populations civiles, appelle aussi à « se défaire d’une indignation sélective. Ces attaques ont lieu dans le contexte de raids de terreur multiples que l’armée de l’État d’Israël et les colons mènent depuis plusieurs mois dans les territoires occupés… »

Il n’en fallait pas plus pour déclencher en France la vindicte des inconditionnels de la solidarité avec l’État d’Israël aux mains de fascistes avérés qui durcissent toujours plus leur domination sur les populations arabes grâce au soutien des « démocraties » occidentales. Jusqu’à traiter d’antisémites celles et ceux qui ne partagent pas leurs comportements impérialistes à l’égard des populations arabes.

Leurs représailles meurtrières à Gaza et leurs déclarations vengeresses ne laissent guère de doute sur leur volonté d’accentuer les rapports de force. De quoi entretenir la haine des deux côtés.

Gouvernement, droite et RN se rejoignent naturellement dans la solidarité avec Israël, disent-ils. Faisant de Netanhayu un ardent défenseur des droits de l’homme et des droits de tous les peuples à la souveraineté ??? Quelle lourde responsabilité.

Il y a lieu de craindre une aggravation des équilibres régionaux et mondiaux.

Nous ne pouvons compter que sur la sagesse populaire et son besoin de paix.

René Fredon

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.