Jean-Luc Pouliquen un poète pour le temps présent.

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À l’occasion de la publication de son dernier livre : portrait et réflexions d’un écrivain essentiel et secret qui consacre sa vie à un idéal poétique de haute exigence.

Ma découverte de l’homme et de son œuvre s’est faite progressivement car Jean-Luc Pouliquen n’est pas de ceux qui s’avancent avec véhémence éclats et tambours pour s’imposer. L’homme est aussi discret que l’artiste est grand. Depuis toujours il écrit pour l’amour de l’écriture. Son œuvre, d’une vingtaine d’opus, traite de la vie, des autres, de la nature, des personnalités les plus diverses, littéraires, journalistiques ou théâtrales. De tous ceux qui l’ont ému ou qui ont infléchi sa sensibilité. C’est un fils de Provence, admirateur de la langue provençale autant que de la langue française. Son érudition est aussi ample que son inspiration est large.

Itinéraire d’un poète
Pouliquen est né en 1954 à Toulon Sa première enfance a été méditerranéenne tout comme son adolescence passée non loin de Marseille. Arrivé à l’âge adulte, après un séjour de quelques mois en Afrique il a souhaité revenir vivre dans le pays de sa jeunesse où s’enracinent son écriture et sa vision du monde. C’est en terre méditerranéenne que s’est développé l’essentiel de sa poésie et que se sont produits les événements les plus déterminants de son itinéraire de poète. Parmi eux, il faut citer sa rencontre avec Jean Bouhier, le fondateur de l’Ecole de Rochefort. L’Ecole de Rochefort est un mouvement poétique fondé en 1942 où se sont retrouvés des poètes qui ont opposé au Surréalisme leur Sur romantisme. Elle a compté dans ses rangs René Guy Cadou, Jean Rousselot ou encore Jean Follain. Il faut citer encore sa rencontre avec Daniel Biga, de Nice, dont l’expression au début des années soixante a profondément renouvelé une poésie qui ne pouvait plus s’en tenir à l’humanisme de l’après-guerre. Ajoutons sa fréquentation assidue de quelques poètes de langue d’oc, cette langue que l’on parlait autrefois dans tout le sud de la France, avant que le français ne soit imposé sur tout le territoire national. L’obstination de quelques poètes contemporains à l’utiliser comme le véhicule de leur création lui a permis de rentrer dans des imaginaires que le français ne pouvait porter, en particulier pour tout ce qui concerne notre attachement à une terre et une civilisation qui en découle. Ouvert à toutes les cultures du monde, il s’est intéressé à Gaston Bachelard, l’ami des poètes, dont la poétique sur les quatre éléments l’a amené sur les chemins d’Empédocle, de Jack Kerouac ou d’Edouard Glissant…

L’Avenir de la poésie
Dans son dernier ouvrage : « Conversation transatlantique autour de l’art et de la poésie », il dialogue avec Beth Gert Necik, critique d’art spécialiste d’André Salmon lui-même grand défenseur de la peinture moderne, qui termina ses jours, quelque peu oublié à Sanary. Au fil des pages de ce merveilleux livre, il évoque la place de la poésie dans la vie culturelle de nos contemporains, dresse le bilan et ébauche quelques pistes pour un renouveau.

La question des raisons d’être de la poésie et de son avenir est une question récurrente, au moins depuis Platon, mais qui est devenue de plus en plus insistante depuis la seconde moitié du siècle dernier. La poésie a-t-elle encore un avenir, ou n’est-elle plus pour nous qu’une « chose du passé », tout juste bonne à être un objet d’étude universitaire ? Certes, elle semble aujourd’hui proliférer, comme il se doit à une époque où la multitude s’approprie de plus en plus toutes sortes de pratiques artistiques, bien au-delà du simple hobby. Mais sa valeur symbolique s’est à ce point érodée qu’on a pu évoquer, non sans raison, sa « péremption ». Ce livre sous forme de dialogues, rebondit sur l’ensemble des questionnements. Il se lit dans un sentiment délicieux de délectation.

Tant qu’il y aura des écrivains sincères dont la force créatrice se double d’une humilité salutaire comme chez Jean-Luc Pouliquen, l’avenir pourtant semble assuré. En le citant on pourrait presque conclure : « il nous faut abandonner au vent la violence de nos colères, dénouer notre nombril, notre égoïsme, nous emplir du murmure collectif, retrouver ce cordon par ou circulent les cristaux des minerais, la sève des arbres, les sucs de leur fruit… »

Jean-François Principiano

http://loiseaudefeudugarlaban.blogspot.com/

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