En 1991, Jacques Chirac est maire de Paris et président du RPR. Au cours d’un dîner-débat relayé par la télévision, il raconte une anecdote inspirée d’une visite, en compagnie d’Alain Juppé, dans le quartier populaire de la Goutte d’or caractérisé par une forte proportion de Français d’origine maghrébine.
La séquence est repassée samedi 28 dans l’émission « C à vous » et n’a pas indigné le plateau et les invités (les frères Duhamel et Jean-Michel Apathie). Ce dernier a même trouvé le moyen de minimiser la chose en faisant jouer sa mémoire d’éditorialiste qui, en souriant, suggérait que le maire de Paris n’était pas tout à fait dans son état normal !
C’est peut-être vrai, sa légende de bon vivant, proche des gens, n’est pas celle d’un ascète coincé comme son prédécesseur VGE, cela plaide en sa faveur, comme son positionnement en tant que Président de la République contre la participation de la France à la guerre en Irak ou son discours du Vel d’Hiv dès 1995, reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation de 76 000 juifs livrés à l’occupant nazi par la police de Vichy.
Cela ne saurait atténuer de telles paroles, aussi méprisantes, quel que soit le contexte électoral. Il a entamé sa campagne présidentielle qui sera victorieuse, sur fond de racisme anti-arabe. Les progressistes de ma génération, partisans de la paix en Algérie depuis 1956, ne les ont pas oubliées. D’autant que dans la forme comme sur le fond, ces propos indignes n’ont pas été dépassés à ce jour. Le Pen était battu ! Qu’on en juge :
«Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose… Il faut mettre un moratoire au regroupement familial…Le travailleur qui habite à la Goutte-d’Or et travaille avec sa femme pour gagner environ 15 000 francs. […] Sur son palier d’HLM, ledit travailleur voit une famille entassée avec le père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, qui touche 50 000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler. […] Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, le travailleur français, sur le palier, il devient fou. Ce n’est pas être raciste que de dire cela !»
Aujourd’hui de tels propos relèveraient de l’incitation à la haine raciale et religieuse. On a beau trouver l’homme plutôt sympathique, bourreau de travail et des coeurs, plein d’énergie et assoiffé de pouvoirs, comme tous les présidents, ces propos-là sont lourds, très lourds à porter.
Les rappeler, les faire connaître aux générations nouvelles peut s’avérer utile. L’ampleur donnée aux obsèques de Jacques Chirac aura permis de mieux cerner les différentes facettes d’un homme complexe devenu populaire dont chacun jugera de la trajectoire politique libérale à laquelle il aura été fidèle et qui atteint aujourd’hui des sommets dans le renoncement aux acquis sociaux issus de la Résistance.
Marion Maréchal : feu sur l’islam et sur les immigrés !
Ce même samedi 28 septembre, à Paris, comment ne pas rapprocher ce que portaient ces propos du président défunt de ce qui s’est dit ce même jour à la convention des droites réunie par Marion Maréchal. Un violent assaut contre l’islam et contre les immigrés d’hier et d’aujourd’hui, sur fond de crainte du « grand remplacement de la population européenne et chrétienne par une population immigrée et musulmane » !
« La perspective de devenir minoritaires sur la terre de nos ancêtres est le plus vital de nos défis » a lancé l’ex-députée frontiste qui organisait ce rendez-vous des identitaires, des ultra-conservateurs et ultra-nationalistes pour élargir la base électorale du RN à ses alliés naturels qui se situent à droite.
Elle voit dans l’affaiblissement des LR, tombés à 8,5% aux européennes… »une opportunité pour ancrer dans un avenir commun droite et extrême-droite… »
- Zémour, fidèle à lui-même, parle des immigrés comme des « colonisateurs qui islamisent nos rues et aggravent tous nos problèmes d’école, de logements, d’aides sociales, de chômage, de déficits sociaux, d’ordre public… » N’en jetez plus !
Robert Ménard et Gilbert Collard ne se sont pas offusqués. Le RN trouve la démarche prématurée et observe. Les LR sont en pleine reconstruction, ils craignent les prochaines échéances et les « glissements » encore plus à droite de leur électorat.
Le « diagnostic » posé par J. Chirac en 1991 faisant des immigrés -et en quels termes- les boucs émissaires des conséquences de l’austérité imposée au peuple, a trouvé des émules pour les traduire en termes politiques et en influence électorale, à un niveau des plus inquiétants.
Le comble de l’histoire c’est qu’il devait se faire réélire, en 2002, par tout l’échiquier politique pour battre le fondateur du FN, J-M Le Pen dont il avait, dix ans plus tôt, légitimé le discours !
Exactement comme Macron aujourd’hui, qui suscite un rejet populaire grandissant et qui promet, lui aussi, de durcir l’accueil des migrants en même temps qu’il réduit les aides sociales aux plus pauvres et aux chômeurs, mettant en péril nos retraites et nos services publics, en cours de privatisation, pour mieux servir les « premiers de cordée ».
Il n’hésite pas à se présenter comme un rempart au RN alors qu’il le nourrit de ses choix néolibéraux, pour mieux dissimuler leur intégration congénitale au système d’exploitation capitaliste, destructeur de la planète.
« Je n’aime pas les querelles de races, disait Jean Jaurès, et je me tiens à l’idéal de la Révolution française, c’est qu’au fond il n’y a qu’une seule race : l’humanité«
René Fredon
Quelle drôle d’idée le jour de son enterrement d’écrire un tel papier
Il faut donc rappeler une autre phrase de Monsieur Jacques Chirac « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. » Pour les plus jeunes il faut leur dire que l’extrême droite est rentré sur l’échiquier politique grâce aux gens de gauche, à Mitterand et ses alliés, pas à Monsieur Jacques Chirac
et enfin à la lecture de cet article qui mélange Zemmour, Marion Maréchal-Pétain et Jacques Chirac rappelons simplement ce que Monsieur Jacques Chirac a déjà dit à Georges Marchais
« Entendre ça de la bouche d’un Léniniste, je trouve que ça ne manque pas de saveur…. »
Nous n’avons rien à gagner à nous laisser aveugler par le militantisme sectaire et nous avons tout à perdre à ne pas respecter nos morts.
Laurent di Gennaro
Et j’oublie le « détail » de la complicité des communistes avec les Nazis car vous qui aimez l’histoire il ne vous aura pas échappé qu’il aura fallu attendre le le 22 juin 1941 pour que le pacte Germano-Soviétique prenne fin. En juin 1941, mes deux grand-pères étaient déjà entrés en résistance depuis belle lurette.
LdG