Hyères : Concert de l’ensemble Barbara Furtuna à l’Église Saint-Louis

0

Beauté et mystère de la Polyphonie corse.
Un concert de Barbara Furtuna est toujours un régal et une découverte pour les mélomanes classiques ou autres.
Créé il y a quinze ans au cœur du Nebbio, Barbara Furtuna parcourt aujourd’hui le monde. Des rives de la Méditerranée aux salles new-yorkaises, des villages haut perchés de Corse à la lointaine Asie, de collaborations avec l’ensemble baroque L’Arpeggiata ou le ténor Placido Domingo, avec les musiciens belges du Duo Belem ou les musiques anciennes de Constantinople, les quatre artistes font rayonner la langue corse. Ils lui confèrent ainsi un message universel de tolérance, une main tendue au-delà des différences. Concert exceptionnel Mardi 13 novembre 20h 30 à Saint-Louis d’Hyères.
Tradition et renouveau.
Fidèles aux traditions de l’île, à ses valeurs et à son histoire, Jean-Philippe Guissani, Maxime Merlandi, Fabrice Andreani et André Dominici ont ouvert une voie artistique quasiment unique, refusant de se laisser enfermer dans les clichés et les répertoires stéréotypés. Dans leur musique, dans chacune de ses sonorités, dans leurs textes, empruntés au répertoire classique ou nés de leur création et de leurs convictions, jaillit l’absolue nécessité d’abolir les frontières, de faire s’ériger des passerelles là où nos sociétés, frileuses, bâtissent des murs.
Barbara Furtuna, au gré de ses 1000 concerts autour de la planète, n’a pas fait que s’installer dans le paysage musical mais a consolidé sa propre relation à son art et à son public. « Nous sommes un groupe de scène, revendique Jean-Philippe Guissani, notre public est varié, éclectique, nous nous adressons à une large audience, au-delà des générations et des nationalités. Encore aujourd’hui, c’est la scène qui nous porte. »
Le Mystère du chant polyphonique
Dans les histoires de la musique classique la Polyphonie est présentée comme un art musical savant. Or il existe en méditerranée des polyphonies naturelles non savantes en Sardaigne, dans les îles Baléares, en Sicile et bien sûr en Corse. D’où viennent-elles ? Plusieurs écoles s’opposent. Certains pensent à une vulgarisation du chant d’église ou synagogal. D’autres penchent vers la source naturelle. Un peu comme le dilemme de l’origine entre la poule et l’œuf, la question demeure. La polyphonie est-elle le fruit de l’évolution de la musique savante ou est-elle une attitude stylistique des populations habituées au chant choral primitif renforcées par les phénomènes d’échos dans les vallées montagnardes du pourtour méditerranéen ? Le grand musicologue corse Felix Quilici (1909-1980) penchait pour l’origine in situ.*
https://mezzovoce.wmaker.tv/Felix-Quilici-l-homme-a-l-ecoute_v226.html
Lors du concert à Hyères le groupe chantera de nombreux extraits de son dernier cd intitulé d’Anima. D’anima, c’est 11 titres qui illustrent la diversité de leur inspiration.
Ce don à l’autre explique certainement la belle longévité du groupe qui a su résister à pas mal d’écueils. Complicité, patience, écoute, amitié semblent guider les quatre hommes aussi bien dans leur vie que dans leur répertoire. Un répertoire souvent interprété a capella et qui exige pour cela que l’on évolue en pleine lumière, sans craindre le regard de l’autre. « Savoir s’écouter chanter sous-tend que l’on sache s’écouter parler. Travailler a capella implique que l’on se mette à nu, que l’on se dévoile, il n’y a pas d’artifices possibles. » « Nous pouvons agir et en finir avec une vision à court terme, déclarent-ils. Le monde est tel que nous avons envie de le construire et non plus tel que nous le subissons. »
De cette philosophie, est née l’essence même de Barbara Furtuna dont le nom s’il renvoie à la « cruelle destinée » de ceux qui ont été contraints à l’exil, voire à l’errance loin de leur île natale, est ici synonyme d’échanges et de partages. « L’identité est vécue aujourd’hui comme une question qui oppose. Nous, nous pensons que l’identité est surtout un moyen de communiquer avec les autres ».
( en vidéo le splendide « Dio vi salve Regina » en langue corse paroles et musique de Francesco de Geronimo, un jésuite napolitain du XVII° siècle, devenu l’hymne de la Corse, chantée ici avec l’ensemble Constantinople.)
Dìu vi salvi, Regina Que Dieu vous garde, Reine,
È Matre universale, Et Mère universelle
Per qual favor si sallì Par qui on s’élève
À u paradisu. Jusqu’au Paradis.
Voi site gioia è risu Vous êtes la joie et le rire
Di tutti i scunsulati, De tous les attristés,
Di tutti i tribulati De tous les tourmentés,
L’ùnica speme. L’unique espérance.
Gradite ed ascultate, Douce, clémente et pieuse,
O Vèrghjina Marìa, Nos marques d’affection
Dolce, clemente è pìa, Acceptez et écoutez
L’affetti nostri. Ô Vierge Marie,
Voi dai nemici nostri, Donnez-nous la victoire ;
À noi date vittoria Sur nos ennemis
È poi l’eterna gloria Et puis l’Éternelle gloire
In paradisu. Au Paradis

Peut-on considérer que l’on puisse aujourd’hui porter un tel message universel, tout en gardant intacte sa propre identité ? Dans cet opus et ce magnifique concert de mardi soir à Hyères comme dans ses rencontres, ses voyages, ses tournées, il semblerait que Barbara Furtuna en apporte, une nouvelle fois, l’éclatante démonstration. Une soirée musicale de premier ordre qui devrait enthousiasmer (au sens grec de la parole c’est-à-dire se rapprocher de la transcendance) les mélomanes et amateurs de beau chant.
Jean François Principiano

Mardi 13 novembre 20h 30 Église Saint-Louis d’Hyères
Tarif unique 20 € – gratuit pour les – 12 ans
Office de Tourisme d’Hyères, Rotonde du Park Hôtel, 16 avenue de Belgique
Tel : 04 94 01 84 50
Sur place le jour du concert à partir de 18h30 Ouverture des portes à 20h placement libre.

*1 site

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.