La figue est le symbole du bassin méditerranéen, il y est cultivé depuis des millénaires. D’ailleurs, c’est le fruit le plus anciennement domestiqué : on en a découvert dans la Vallée du Jourdain datant de 11 400 ans.
Louis XIV, qui en était un grand amateur, fit planter 700 figuiers dans le potager de Versailles. Il est possible de retrouver aujourd’hui une belle collection de 300 espèces de figuiers à Vaison-la-Romaine (84).
La figue est comme la fraise : un faux-fruit. En effet, les « vrais fruits » sont les petits grains appelés « akènes », qui sont enfermés dans la figue. Pour que chaque akène naisse, il a fallu donc polliniser chaque petite fleur grâce à un intervenant extérieurs.
Du plus loin que l’on se souvienne, la figue s’est développée sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. Pour la rive Nord de la Méditerranée, au Moyen-Age, l’agglomération marseillaise proposait la plus grande partie de la production française, mais l’expansion de la ville conduisit cette culture à disparaître des Bouches du Rhône. Les lieux de production se sont davantage tournés vers l’Est de la Provence. La figue, ayant besoin d’avoir la tête au soleil et les pieds dans l’eau, a trouvé dans la Vallée du Gapeau, les conditions idéales pour son développement.
Au début du XIXè siècle, la figue est principalement consommée sur place et tient une place importante dans l’alimentation quotidienne. Les archives municipales nous indiquent que les conditions climatiques de l’année 1853 furent particulièrement préjudiciables à la culture du figuier ce qui eut des conséquences pour la population, obligeant les communes de la Vallée du Gapeau à prendre des délibérations en vue de lutter contre la prolifération de la cochenille.
« La Vallée du Gapeau : Capitale de la Figue».
Dans les années 1905-1910, les livres d’expéditions nous précisent que les figues transitent par chemin de fer. En 1907, la gare de Solliès-Pont expédiait quotidiennement 1 tonne 8 de figues en pleine saison. L’existence d’une telle demande et l’expédition des fruits vers Paris valut à la Figue le surnom de « Parisienne ».
En 1932, la production de figues atteint 1 260 tonnes tandis que la cerise ne dépasse guère les 1 000 tonnes. Au milieu des années cinquante, des vergers composés uniquement de figuiers se développent.
Les vergers sont dès lors entretenus de manière à assurer une cueillette piétonnière, moins contraignante. A partir de cette date, la vallée du Gapeau devient le centre principal de production de figues en France.
Parallèlement, la filière se structure ; une quinzaine d’agriculteurs crée la COPSOLFRUIT en 1961.
A la fin des années quatre-vingt, les camions frigorifiques ont définitivement remplacé le chemin de fer. Dans ces mêmes années, la notoriété de la figue se renforce auprès des consommateurs français et fait une percée notable dans le monde de la gastronomie, pour exemple le maître étoilé Guy Savoy ne travaille que la figue de Solliès depuis plusieurs années.
Créée en 1997 La Fête de la Figue est devenue incontournable.
Le Bassin de Solliès est la seule région de France où ce fruit est l’objet d’une culture aussi importante. Avec 75 % de la production nationale, le figuier est la culture phare de la Vallée du Gapeau. Imaginez que les communes de cette vallée produisent, à elles-seules, les 3/4 de la production française !
La Bourjassotte noire trouve dans le Bassin de Solliès les conditions qui permettent une bonne expression de l’identité gustative de cette variété. En plus d’offrir un contexte propice au développement du figuier, le terroir présente des caractéristiques non reproductibles qui influent directement sur les caractères du fruit. Parmi ces composantes figure
1/ en premier lieu un micro-climat spécifique au Bassin de Solliès. Les relevés météorologiques indiquent en effet que l’ensoleillement et les températures que l’on y trouve sont parmi les plus élevés de France. Cet ensoleillement, couplé aux abondantes ressources en eau qu’offre le secteur, favorise des arbres vigoureux et une maturation idéale des fruits.
2/ La nature du sol tient également une place capitale dans la caractérisation de ce terroir. Le Bassin de Solliès occupe le sillon permien qui sépare la Provence calcaire, à l’Ouest, du Massif cristallin des Maures à l’Est. Les sols sont donc composés en grande partie de limons anciens ou plus récents auxquels s’ajoutent des cailloutis calcaires ou cristallins en provenance de ces reliefs. Ce contexte a favorisé le développement de sols minéralement riches et drainants, gage de qualité pour les fruits qui s’y trouvent produits.
3/ Le savoir-faire arboricole local. La gestion des vergers s’effectue de manière empirique : c’est avant tout la connaissance des particularités du terroir par les arboriculteurs qui guide leurs méthodes de production.
Les vergers se situent aussi bien dans la plaine de Solliès que sur les coteaux qui la délimitent. Ils présentent la particularité d’être tous piétonniers, c’est-à-dire que les vergers sont taillés de manière à ne pas utiliser d’échelle lors de la récolte Il existe plusieurs modes de taille mais le plus répandu reste la taille en gobelet. Les producteurs adoptent souvent cette forme car les figues se développent de préférence sur les pourtours de l’arbre et sont donc plus accessibles lors de la récolte. Les agriculteurs enlèvent les grosses branches trop basses pour faciliter le passage sous l’arbre ainsi que celles trop hautes afin que le verger reste piétonnier. La sélection des branches et leur taille a un effet direct sur le nombre de fruits produits, sur leur qualité et leur vitesse de maturation. La taille doit débuter après la chute des feuilles et doit être terminée avant le débourrement des arbres.
4/ L’irrigation Le figuier craint particulièrement le manque d’eau, préjudiciable pour la santé de l’arbre comme pour la qualité du fruit. L’irrigation joue donc un rôle important de régulation afin de compenser ce déficit. Sans eau, le figuier pourrait survivre mais il ne pourrait en aucun cas offrir un feuillage aussi abondant et une architecture aussi robuste.
5/ Le savoir-faire fruitier La production de ce fruit exige des interventions manuelles nombreuses. Les contraintes au niveau de la récolte ne sont pas moindres. Elle s’effectue durant trois mois de mi-août à mi-novembre, durée pendant laquelle les vergers seront parcourus entièrement, tous les deux jours en moyenne. L’ensemble de la production est récolté à la main, sans l’aide d’aucune machine.
Le fruit demande à être récolté avec beaucoup d’attention puisqu’en le cueillant, il faut éviter d’en arracher la peau. Les cueilleurs saisissent le fruit et le détachent de la branche en le tournant.
6/ Le tri et le conditionnement Le tri est le plus souvent effectué avec l’aide de calibreuses, sous la surveillance de plusieurs employés qui écartent les fruits abîmés, trop ou pas assez murs. Là encore, la main d’œuvre est très importante. Au conditionnement, chacun cherche à former des plateaux homogènes tant en matière de calibre qu’au niveau de la couleur des fruits.
La Figue : une gourmandise provençale
A l’état sauvage, se sont des guêpes lilliputiennes qui se glissent dans l’orifice de la figue et fécondent les fleurs. Dans les vergers, c’est l’homme qui, à l’aide d’un petit pinceau, va féconder les fleurs.
Du potassium, des fibres et du soleil !
Le taux de sucre varie suivant la variété de la figue, la maturité et de l’ensoleillement. En effet, fruit méditerranéen par excellence, il permet d’amener le soleil dans la corbeille à fruits et de l’équilibre dans l’alimentation.
Forte d’une grande diversité minérale, la figue apporte du potassium (40% des minéraux du fruit !), du calcium, du phosphore et du magnésium. Elle offre également du fer et des composants ayant des propriétés vitamine P pour la bonne santé des petits vaisseaux sanguins.
La figue est également efficace pour stimuler les intestins. Pour être plus digeste et plus moelleuse, il est conseillé de la consommer bien mûre.
Apports énergétiques
Une figue de taille moyenne n’apporte que 25 kcalories. Elle constitue donc un dessert gourmand, léger et raffiné.
Un fruit parfumé et envoutant !
La figue est un fruit fin, à la saveur prononcée. Il est possible de le relever avec une touche de miel et des saveurs d’amande. Par exemple dans une tarte aux amandes, un sabayo ou une confiture.
La figue se marie également avec des fruits sucrés tels que les fruits rouges, ainsi qu’avec le raisin. On la retrouve donc poêlée, puis déglacée avec du vinaigre de framboise ou de Xérès, un vin rouge ou du Porto.
Ces alliances se retrouvent en accompagnement de viandes de caractères et riches en goûts tels que le canard, ou le chevreuil, saupoudré de poivre et de noix, de thym et de laurier. Sans oublier le foie gras qu’elle sublime divinement.
En salé, la figue séchée est souvent utilisée dans des plats du Maghreb comme les tagines, à base de mouton ou d’agneau. Egalement avec des fromages typés comme le chèvre ou la tomme de brebis, en apéritif ou pour clore un repas léger et raffiné.