Le moteur diesel, outre qu’il est impie puisqu’il utilise un produit pétrolier, a été considéré par différents laboratoires comme émettant des particules fines et des oxydes d’azote attaquant les bronches des citoyens, mais surtout susceptibles d’être « cancérigènes ». Une fois ce mot lancé, rien ne saurait arrêter la détermination des politiciens pour protéger leurs électeurs, et on comprend leurs surenchères pour se débarrasser du mal le plus tôt possible. Le chiffre de 48 000 morts est annoncé pour justifier la politique à mettre en place, il faut interdire la circulation le plus possible, coller des vignettes sur les véhicules assassins, pour pouvoir en interdire la sortie à certains moments. La confusion dans les esprits et dans les actes est totale et on a peine à imaginer ce qu’il adviendra de nous tous si nous refusons d’obtempérer aux ordres émanant de notre système démocratique. Si bien que même cette réflexion que je vais tenter d’écrire est déjà un blasphème.
A la fin du 19ème siècle, alors que le charbon commence à être en compétition avec les produits pétroliers, les chevaux commencent à être remplacés par des moteurs, les voiles des bateaux aussi ! On essaie à l’époque beaucoup de combustibles et les produits pétroliers apparaissent rapidement comme ayant le meilleur rapport qualité/prix. Les premiers moteurs ont besoin d’un produit bien raffiné, et l’allemand Rudolf Diesel suggère un nouveau type de moteur, moins exigeant, mais moins performant. Il fonctionne avec tous les produits énergétiques, a besoin d’un matériel plus lourd, et les accélérations sont moins brillantes, mais il consomme moins car son rendement est meilleur. C’est donc le diesel qui va équiper la marine, puis les locomotives, et enfin les camions. A mesure que les progrès techniques s’opèrent, le moteur diesel est allégé, sa taille se réduit, et ses performances à l’accélération s’améliorent, jusqu’au point que même des petits véhicules légers finissent par être présentés…et vendus avec une motorisation diesel. Les industriels « champions » du diesel sont les allemands (Benz, donc Mercédès) et les français(Peugeot). Bientôt tous les constructeurs européens s’y mettent et les voitures diesel finissent en France et en Allemagne à être plus nombreux que leurs homologues à essence. Les deux pays, considérant avoir un avantage technique et industriel poussent leurs consommateurs dans cette direction alors que les américains cantonnent le diesel aux camions.
Les pays européens adoptent rapidement l’idée que l’impôt le plus simple à percevoir est sur le combustible, mais ils considèrent aussi que le gazole disposera d’un avantage par rapport à l’essence, les propriétaires de véhicules vont donc, à la fois, consommer moins avec le diesel qui a un meilleur rendement, et dépenser moins par litre de carburant. On peut constater que pour un utilisateur le gain va aller de trente à quarante pour cent, ce qui explique l’engouement pour les véhicules à motorisation diesel, surtout quand les prix des deux motorisations s’équilibrent et qu’il apparait que l’on arrive néanmoins à conserver la longévité proverbiale des véhicules « diesel ». La consommation moindre aux allures faibles comme à l’arrêt en fait la voiture idéale pour les taxis urbains, et, à part les compagnies pétrolières nationales, tout le monde se satisfait de la situation jusqu’à ces derniers temps, c’est-à-dire avant les annonces du « cancer » ! Les compagnies pétrolières, elles, ont été incitées à produire moins de diesel et plus d’essence sans plomb, elles sont donc, avec leurs raffineries, exportatrices d’essence, tandis que le pays doit rechercher sur le marché international la satisfaction de ses besoins en carburant diesel. Mais pour les autres, tout va bien, les industriels des voitures et des moteurs gardent leur avance dans cette technique, les consommateurs dépensent moins, et les pollutions sont moindres, de l’ordre de 30%, si, et c’est là tout le problème, on considère que les rejets des moteurs sont uniquement proportionnels à la consommation. La découverte chez Volkswagen d’abord, aux USA, puis chez les autres constructeurs comme dans tous les pays des différences entre les normes acceptées et la réalité des émissions jette un trouble sur l’ensemble du secteur automobile et se concentre sur le diesel qui parait très fragile avec ses particules fines dites cancérigènes. Désormais l’engouement pour cette motorisation a été douché, les ventes de véhicules diesel sont en retrait, et les attaques permanentes des responsables politiques mettent tout le secteur dans l’embarras. Il est clair que les investissements allemands et français dans ce secteur, en hommes et en argent, sont colossaux, que c’était une fierté européenne que d’avoir maitrisé une technique complexe à l’appétit modéré et que pour notre industrie cette retraite improvisée est un coup très dur. On a beau considérer que pour les bateaux, les locomotives, les poids lourds, la vie continue, le retrait du diesel s’amorce dans les petits véhicules et ce sont des usines entières qui vont devoir disparaitre sans reconversion évidente car il sera moins cher d’agrandir celles qui existent dans les moteurs classiques. Ce n’est donc pas une mince affaire pour l’industrie et il ne sert à rien d’en minimiser l’impact, c’est une catastrophe à laquelle nous n’étions pas préparés.
Le problème pour moi depuis quelques années est de savoir si cette évolution est justifiée. Je continue à dire que si j’ai un moteur qui consomme 30% de moins que celui du voisin, si l’on effectue le traitement nécessaire à la sortie des gaz, il doit polluer 30% de moins. En tous les cas, pour le CO2 dont on nous rabat les oreilles, c’est incontestable ! Tout revient donc à savoir si dans les autres émissions, oxydes d’azote et particules, on peut, ou non, supporter la comparaison. J’ai compris que les filtres à particules étaient chers, que le régime moteur modifie les émissions d’oxydes d’azote et que donc la réponse à mes questions n’est pas évidente. Il n’en reste pas moins que pour orchestrer une retraite forcée d’un des secteurs les plus concurrentiels européens il faut avoir de sérieuses raisons et que la science actuelle ne me convint pas de la nécessité d’annoncer des catastrophes comme cela a été le cas régulièrement depuis trois ans.
Mais, au fait, sur quelles bases scientifiques condamne-t-on le diesel et met-on en péril une partie de l’industrie française et allemande ? Sur quelles bases nous dit-on un verre de vin rouge, mais pas deux, de la viande mais pas rouge, du porc, mais pas en saucisson, du barbecue, mais une fois par mois… ? Les annonces de produits « cancérigènes » rythment notre vie quotidienne tandis que les scientifiques se taisent. En effet, parmi ceux-ci , les épidémiologistes sont des lanceurs d’alertes qui utilisent un arsenal statistique pour détecter les risques, ils émettent donc des avis, mais rien d’autre, et surtout pas des explications et des théories, ils constatent, par exemple, que dans un échantillon donné, il y a eu plus de cancers chez ceux qui buvaient régulièrement du vin, mais on ne peut pas en conclure que c’est parce qu’ils buvaient du vin , on a pu ignorer une autre cause de cette occurrence et c’est celle-là qui est l’explication véritable. Ne prenons pas les statistiques autrement que pour ce qu’elles peuvent donner, une orientation pour des travaux scientifiques expérimentaux, pas plus, pas moins. Pour dire que les particules fines issues du moteur diesel donnent le cancer, il faudrait isoler celles qui sont en cause et observer les transformations chez des êtres vivants, ceci n’a jamais été fait, et pour cause, on ne peut donc pas asseoir une politique de santé à partir d’éléments statistiques de cette nature. La façon dont les responsables politiques se sont emparés des résultats statistiques pour condamner le diesel est honteuse et toute la communauté scientifique devrait se rebeller contre cette fraude. On fait des tests, certes, et après, qui a l’autorité scientifique de faire les tests des tests ? Doit-on se soumettre à la loi des statistiques pour supprimer une nouvelle fois des pôles de compétitivité de l’industrie française ?
Haro sur le diesel ? Rien ne permet aujourd’hui de dire que cette motorisation est plus responsable qu’une autre des ennuis de santé de nos contemporains, mais si l’on continue à le dire on sait que nous aurons permis des drames industriels facilement prévisibles…et donc évitables.