Toulon : Grève des internes pour défendre les soins que la population mérite

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Ce jeudi 27 octobre la première ministre a utilisé le 49.3 pour adopter l’article 23 du PLFSS, concernant l’ajout d’une  4ème année à l’internat de médecine générale, à effectuer en zones sous denses, portant la durée des études de 9 à 10 ans pour devenir médecin généraliste.

Les syndicats nationaux des internes, étudiants en médecine et médecins (ISNI, ISNAR IMG, ANEMF, etc.) ont tous appelé à une grève nationale à compter du 28 octobre 2022 pour le retrait immédiat de cette mesure coercitive et prise sans consultation.

À Toulon au CHITS (Centre Hospitalier Intercommunal Toulon – La Seyne sur Mer), nous sommes une trentaine d’internes à faire grève depuis 3 jours.

Nous souhaitons porter les revendications de nos syndicats nationaux à l’échelle locale.  Nous voulons dire stop à l’exploitation des internes, main d’œuvre bon marché utilisée pour pallier aux conséquences de plus de 30 années de gestions désastreuses des politiques de santé.

Ajouter une année supplémentaire de spécialisation en médecine générale revient à obliger de jeunes médecins encore en formation à combler le manque de médecins thésés sur le terrain. C’est nous traiter avec mépris et détériorer un peu plus nos conditions de formation déjà entachées par un taux horaire moyen de 48h par semaine pour le service public (sans compter les gardes de nuit, les heures de travail personnel intense nécessaires à l’élaboration de nos thèses), pour 5,42 euros de l’heure. C’est tout simplement indigne.

Cette 4ème année aura des conséquences néfastes, contraires à celles attendues, en infligeant une nouvelle obligation à vos futurs médecins déjà en souffrance quotidienne (75% des étudiants en médecine présentent des symptômes anxieux et près de 40% des symptômes dépressifs d’après une enquête nationale des syndicats des internes en 2021). Nous serons tenus de nous éloigner de nos familles et amis alors que nous sommes nombreux à désirer nous installer rapidement et durablement, notamment en milieu rural et semi-rural (environ 66%*). Au lieu de nous y inciter, le gouvernement préfère nous brimer au risque de nous décourager et de voir augmenter le nombre de médecins fuyant la profession.

De plus, quel sera le suivi pour les populations des zones concernées, qui verront leur médecin généraliste changer tous les ans ? Quel sens à notre métier si nous ne suivons pas durablement nos patients, ni ne leur assurons la coordination des soins qu’ils méritent sur le long terme ? Un interne en formation ne peut pas porter sur ses épaules tous les besoins médicaux des zones sous denses. Il ne peut pas à lui seul avoir le rôle de spécialiste, d’urgentiste et de médecin de famille. Cette loi n’est qu’un pansement cherchant à couvrir un problème bien plus grand, pansement qui sera à coup sûr inefficace à long terme.

De notre mouvement, nous attendons du gouvernement le retrait de cette mesure, ainsi qu’une meilleure prise en considération globale de nos conditions de travail, par une rémunération digne et une formation de qualité, aux vues des responsabilités que nous assumons au quotidien en tant qu’internes.

* 66% selon l’Enquête sur les souhaits d’exercice des internes de Médecine Générale – formation-des-img.pdf, Disponible sur :https://www.isnar-img.com/wp-content/uploads/formation-des-img.pdf

Les internes du CHITS

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