À Moissac-Bellevue une rencontre avec le grand écrivain français
C’est une idée heureuse d’honorer la mémoire de Jean Giono le samedi 31 août de 14h à 18h au centre culturel de Moissac La Combe pratiquement sur les terres Gioniennes, celles que Jean appelait « les hautes désertudes » du Var.
Conférence de Carole Fluckiger historienne. Participation de Jacques Meny, cinéaste et Président des Amis de Giono. Une pause gourmande avec un buffet tel que Jean Giono les affectionnait : des plaisirs simples, des produits de terroir sur une belle table à la façon des Compagnons du Contadour…
Projection en exclusivité d’un court-métrage 10 millimètres et d’une durée de 30 minutes, tourné par Jean Giono lui-même. Une rareté ! Et une lecture par Catherine Soullard.
On pourra aussi revoir ce très beau film inspiré par son œuvre « Un roi sans divertissement ».
Toute l’organisation de cette Rencontre- Giono est à porter à l’actif de l’association culturelle de Moissac l’UFCC et à quelques personnalités attachantes passionnées par son œuvre (que l’on peut retrouver dans la Pléiade), notamment Alain Glories-Topenot.
Un grand styliste
On peut ouvrir au hasard un livre de Giono, on retrouvera presque toujours un style narratif exceptionnel fait de de nouveauté linguistique, de surprenante poésie des mots. Tous ses romans sont marqués par un lyrisme étonnant. D’origine modeste, fils unique d’un cordonnier et d’une repasseuse, attaché à ses racines piémontaises il est né à Manosque en 18 ne l’a quitté qu’épisodiquement, contre son gré, et y est mort en 1970. Ayant dû, pour faire vivre sa famille, quitter le collège à seize ans et devenir employé de banque, il bâtit seul sa culture, et ne fait à peu près aucun voyage à l’étranger jusque passé la cinquantaine.
Un révolté aux yeux clairs
Il déteste les grandes villes, surtout Paris, où il ne restera peut-être jamais quinze jours de suite. L’atmosphère de l’édition l’indispose. Il a assez peu de relations littéraires, peu d’entregent. Aucun prix littéraire français important ne lui est jamais décerné ; il reçoit en 1929, le prix américain Brentano pour Colline, ainsi que le prix Northcliffe en 1930 pour son roman Regain. Exigeant avec lui-même, il se veut bon artisan solitaire. Après la guerre de 14, cette sale boucherie du grand capitalisme financier et bancaire, il écrira le Grand Troupeau et sera jusqu’à sa mort un pacifiste convaincu. Comme Louis-Ferdinand Céline, mais d’un moindre degré, il sera un polémiste pacifiste, avec un zeste d’antisémitisme (il pensait comme tant d’autres que la grande banque juive était responsable de la Guerre de 14…). Il sera câliné par le régime de Vichy et son « retour à la Terre ». La France de l’après-guerre lui fera payer cher, trop cher quelques regrettables erreurs (ou silences).Sur ce point, son attitude pendant l’occupation fait toujours débat.
Une consécration posthume.
Depuis sa mort en 1970, son œuvre retrouve sa vraie dimension, la plus grande. Effacé un temps par l’œuvre de Pagnol qui ne lui arrive pas à la cheville, Giono intéresse de plus en plus les chercheurs. Les Thèses se multiplient. Il trouve son grand biographe l’universitaire Pierre Citron. Les Colloques, les rencontres et les rééditions aussi. Resté à l’écart des courants, volontiers même à contre-courant, n’ayant pas fait école, pas cherché à exercer une influence littéraire, ni à dégager la théorie de son écriture, il est inclassable. On l’a pris pour un paysan, pour un écrivain régionaliste alors que la moitié de ses livres sont situés dans les Alpes, ou en Italie, son pays de prédilection ou il est devenu un de ses plus grands « oriundi ».*
Il est touchant de voir que la charmante commune de Moissac – Bellevue apporte sa chaleureuse contribution à la redécouverte de cet écrivain attachant et sincère qui fut jeté en prison, pour avoir simplement dit « Mai piu guerra ! » Jamais plus de guerres !
Infos : 04 94 70 16 21 et http://www.moissac-bellevue.fr/
Jean-François Principiano
*Oriundi : expression italienne pour décrire un italien célèbre à l’étranger
Merci Jean-François pour ce bel article découvert à l’instant ! Pour votre soutien et ce bel hommage que vous rendez à Jean Giono !