Gattaz à Toulon : « baisser les dépenses publiques, c’est le cap à 5 ans »

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Gattaz à Toulon :  « baisser les dépenses publiques, c’est le cap à 5 ans »

Egal à lui-même, Pierre Gattaz était venu galvaniser les chefs d’entreprises  que les conséquences des attentats terroristes du 13 novembre inquiètent, d’autant que l’économie et l’emploi ne se portaient pas au mieux avant, malgré quelques annonces qui se voulaient rassurantes avant que les derniers chiffres repartent à la hausse..

Il cotoyait un président départemental de l’UPV-MEDEF, Gérard Cerruti, qui a dû remettre sa démission comme vice-président de la CCI, après de sérieux ennuis judiciaires dans le cadre de la passation du marché de la sécurité de l’aéroport de Toulon-Hyères. Il avait été condamné à un an de prison avec sursis et à trois ans d’inéligibilité. Une affaire de marché public truqué. Le jugement avait été confirmé en appel le 19 juin 2012. Ce qui n’avait pas empêché l’homme fort du patronat varois de briguer avec succès un cinquième mandat à la tête de l’UPV, devenue MEDEF.

Apparemment cela ne trouble personne  au sein de la famille patronale où l’on s’emploie à détricoter -en totale harmonie avec les gouvernements- le code du travail, les 35 h, l’âge de la retraite, les salaires et les pensions, les protections sociales, les conventions collectives…la « libre » concurrence, cheval de bataille de la mondialisation néo-libérale, produisant, comme on le vérifie, beaucoup plus d’austérité que d’emplois, beaucoup plus d’inégalités que de cohésion sociale.

Mais le grand patron n’en a cure. Il approuve, bien entendu les mesures de sécurité, mais à condition que nous acceptions de garder le cap de l’austérité, mot qu’il n’utilise pas, il préfère réduction des dépenses publiques. Car dit-il, nous vivons au-dessus de nos moyens ! Air connu.

Les cinq millions et demi de chômeurs en y incluant celles et ceux qui ne sont plus inscrits ou travaillent à temps très partiel, apprécieront ainsi que l’immense majorité des salariés (es), des retraités (es), qui voient leurs revenus stagner et qui s’inquiètent du lendemain, de l’avenir de leurs enfants. On appelle cela du cynisme.

Bien sûr il existe des petits patrons, des artisans, des agriculteurs qui font partie des oubliés de la course à la compétitivité, au profit, laminés et à leur tour esclaves des très grands groupes industriels, commerciaux, bancaires…qui se partagent les marchés et les tiennent sous leur coupe.

En réalité, Gattaz enfonce le clou de la résignation pour le monde du travail en confortant les chefs d’entreprises invités à réduire le coût du travail pour le transférer vers le capital sensé en faire de l’investissement alors que c’est exactement le contraire  qui se passe. Il suffit de regarder l’évolution des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 et du montant des patrimoines. En même temps que l’investissement recule.

Il atteint des sommets de démagogie lorsqu’il présente le FN comme un danger pour les entreprises car, ose-t-il, « sa politique économique c’est celle de la gauche en 1981 » ! Diable, le parti d’extrême droite classé à gauche par le patron du MEDEF ? Ce  n’est pas fait pour déplaire aux héritières Le Pen trop heureuses de passer pour les opposantes du patronat alors qu’elles ne parlent que des entreprises et des financements qu’elles comptent leur consacrer, comme  si le MEDEF n’avait pas été entendu. Mais où sont allés ces fonds publics ? A l’emploi ? Non, sinon la courbe du chômage cesserait de monter.

Il ne s’agit pas de diaboliser l’entreprise mais d’en faire évoluer la finalité : pas seulement économique mais sociale (meilleurs salaires, réduction du temps de travail…), avec des pouvoirs partagés avec celles et ceux, les salariés (s) qui créent les richesses, sans intervenir sur les choix de gestion et les conditions de production incluant la santé, la sécurité, l’environnement.

Le Fn n’entend rien changer au système économique, le néo-libéralisme, qui produit les ravages sociaux que l’on sait. Il fait mine de plaindre les victimes pour mieux récupérer le mécontentement légitime sans s’attaquer à la racine de la crise : la toute puissance du capital exclusivement préoccupé de rentabilité au seul profit des actionnaires.

Gattaz sait tout ça mais il participe au brouillage des cartes en désignant le FN non plus à l’extrême droite de l’échiquier politique…mais à gauche. Lorsque la tête de liste en PACA déclare, après les massacres du 13 novembre que les musulmans « ne pouvaient pas avoir exactement le même rang que la religion catholique en France », Mr Gattaz nous dira-il qu’il s’agit là d’un discours de gauche, républicain et laïc ?

Et lorsque la même personne promet, si elle est élue, « de supprimer les subventions aux associations politisées, comme le planning familial » Mr Gattaz y voit-il l’illustration d’une haute pensée progressiste, d’un appel à la cohésion sociale ? Elle a même été reprise par sa tante, la gardienne du temple. Il est vrai que la petite-fille reste très proche du grand-père…

Le patron du MEDEF aura-t-il rassuré ses troupes qui, pour celles qui touchent au commerce, au tourisme, aux transports…s’attendent à des retombées négatives pendant un certain temps où le sentiment de sécurité paraîtra menacé ? C’est à l’évidence une réalité qui participe du calcul des kamikazes de l’EI.

La nation a besoin de cohésion -pas de divisions- pour affronter une telle situation. L’issue dépend, certes, des dispositions immédiates pour traquer les criminels mais plus encore de la volonté commune des Etats de trouver des réponses politiques de nature à rétablir la paix dans le grand Moyen Orient.

L’état d’urgence appelle la résistance et le dialogue entre tous les Français. Sans oublier les réponses à la crise économique, sociale, démocratique qui sont liées.

René Fredon

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