Forêt méditerranéenne, forêt modèle

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La remontée prévisible du bioclimat méditerranéen en France sous l’effet du changement climatique confère au modèle forestier méditerranéen une portée générique pour les autres régions françaises. À l’Inra Paca,  l’unité Écologie des forêts méditerranéennes (URFM) étudie sur le terrain et simule au labo la capacité des espèces méditerranéennes à s’adapter dans de nouvelles conditions de vie. Cette expertise peut venir en aide aux gestionnaires des régions qui seront confrontées aux aléas climatiques qu’expérimentent déjà les forêts méditerranéennes.

Plus 2° C en moyenne et des précipitations en baisse de 10 à 20 % d’ici 2050*. Pour les végétaux, ces variations n’ont rien de modéré ! Les forêts vont faire face dans les prochaines décennies à des bouleversements climatiques rapides et violents. Peuvent-elles s’adapter ? Oui ! Mais probablement pas à la vitesse du changement climatique. Pour les scientifiques, il faut impérativement adapter les forêts et la gestion forestière pour prendre en compte ces changements. Tenter d’atténuer les effets est toujours nécessaire mais ne suffit plus.
En Europe, c’est dans les régions méditerranéennes que le changement climatique sera le plus fort avec notamment des événements extrêmes – sécheresses et incendies – plus fréquents et une baisse générale des précipitations. Dans l’hexagone, il devrait conduire à une remontée des zones à bioclimat méditerranéen : hausse du risque incendie dans un grand quart nord-ouest et extension de l’aire potentielle de répartition des espèces forestières méditerranéennes. Cette généralisation prévisible du climat méditerranéen, même avec l’hypothèse d’un changement climatique modéré de + 2° C, confère au modèle forestier méditerranéen une portée générique pour les autres régions.

La forêt méditerranéenne, modèle d’adaptation au changement climatique
La forêt méditerranéenne est déjà adaptée à des sécheresses fortes et des incendies à répétition. Autre trait distinctif, elle  se caractérise par une grande biodiversité – diversité des espèces et diversité génétique dans et entre populations au sein de chacune des espèces. Toutefois, comme le montrent des dépérissements déjà constatés dans l’arrière-pays par exemple, il y a des seuils qui ne pourront être franchis.
Pour les scientifiques, la région Paca, en tant que zone biogéographique, constitue un modèle dont on peut tirer des enseignements utiles. L’unité Inra Écologie des forêts méditerranéennes l’observe à la loupe depuis des décennies via ses dispositifs de suivi sur le long terme. Indispensables labos grandeur nature, ils délivrent de précieuses informations sur les évolutions en cours. L’Inra dispose de deux sites représentatifs pour mener ses expérimentations : le « géant de Provence », le Mont-Ventoux et la forêt mélangée de Font-Blanche. Hêtres et sapins d’un côté, chênes verts et pins d’Alep de l’autre, chaque site livre ses spécificités méditerranéennes pour aider les chercheurs à comprendre les mécanismes écologiques en jeu et les ressources biologiques des arbres pour s’adapter à l’évolution du climat.
Outre l’hétérogénéité des conditions écologiques, la longue expérience de l’URFM en gestion des risques – sécheresses, incendies, insectes ravageurs… et pratiques sylvicoles de la région méditerranéenne peut être partagée pour comprendre les risques auxquels font face les régions qui seront confrontées à une remontée du climat méditerranéen. Les résultats des recherches de l’unité sont déjà mis en pratique par les forestiers pour anticiper les conditions de demain et aider leurs forêts à s’adapter plus rapidement.
Comme les conditions climatiques attendues seront différentes des conditions d’aujourd’hui, l’évaluation ne peut se faire sur une base seulement empirique. Ainsi l’expertise internationale de l’URFM dans la modélisation des dynamiques forestières méditerranéennes face aux incendies révèle aujourd’hui toute son importance et sa justesse pour prédire sur le long terme l’évolution des forêts naturelles et faire des préconisations pour les forêts cultivées.

* Projections du climat en Europe réalisées pour le 4e rapport d’évaluation du GIEC

L’unité Écologie des forêts méditerranéennes
Les domaines d’application des recherches de l’URFM sont la gestion forestière, la conservation des ressources génétiques et la prévention des incendies de forêt dans le contexte du changement climatique :

  • quelle est l’origine, histoire ancienne ou récente, de la grande diversité des espèces forestières méditerranéennes adaptées à leur environnement ?
  • les forêts mélangées, avec plusieurs espèces d’arbres et plusieurs classes d’âges, sont-elles avantagées pour répondre au stress hydrique ?
  • quel est le bilan de carbone d’une forêt mélangée soumise à contrainte hydrique ?
  • peut-on simuler la propagation des feux de forêts et prédire leurs conséquences écologiques ?
  • comment évoluent les écosystèmes forestiers sous l’effet combiné des dynamiques écologiques naturelles et de la gestion ?
  • quelles sont les capacités réelles de migration des espèces, arbres et insectes, dans le paysage ?
  • quelles sont les capacités d’adaptation de ces espèces dans un nouvel environnement ?
  • comment vont évoluer la dynamique et le fonctionnement des forêts et quelles sont les possibilités d’adaptation ?
  • comment gérer durablement les ressources génétiques forestières ?
  • quelles sylvicultures préconiser pour l’avenir des forêts méditerranéennes ?
  • quelle stratégie proposer pour une gestion intégrée des feux de forêt ?

> site web URFM
> Présentation (PDF) :

source : http://www.inra.fr/Grand-public/Rechauffement-climatique/Tous-les-dossiers/Foret-mediterraneenne-modele-d-adaptation-au-changement-climatique

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