Enjeux environnementaux en Méditerranée

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La chambre régionale des comptes Provence-Alpes-Côte d’Azur a rendu public son rapport sur la gestion de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, concernant l’enquête relative à l’aménagement du littoral et aux enjeux environnementaux en Méditerranée.

Marqué par de très fortes concentrations de populations et d’activités économiques, notamment touristiques, le littoral de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est vulnérable. Son artificialisation continue et mal maîtrisée au fil du temps, qui s’accompagne d’un recul des espaces naturels et de la biodiversité, place les populations et les biens face à des risques littoraux majeurs (submersion marine, inondations par débordements de fleuves côtiers, ennoiement, érosion côtière), que l’accélération du changement climatique et l’élévation attendue du niveau de la mer vont intensifier au cours des prochaines décennies.

Dans ce contexte, la région, compétente en matière d’aménagement du territoire et chef-de-file pour le climat et la préservation de la biodiversité, entend se placer dans une trajectoire vertueuse consacrée dans ses deux « plans climat ». Cherchant à y définir une « écologie positive et pragmatique », c’est-à-dire qui ne remette pas en cause le développement de l’économie maritime et touristique largement promu par ailleurs, la politique régionale est dépourvue de lignes directrices claires malgré la présence de risques et d’enjeux littoraux bien identifiés. La multiplication des instances de gouvernance, plans, stratégies et dispositifs contractuels, sans hiérarchisation des objectifs, ajoute encore au manque de lisibilité de l’action régionale, dont le déficit d’évaluation empêche de surcroît toute mesure des effets.

Le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), adopté en 2019, reste lui-même partagé entre des ambitions économiques et écologiques concurrentes. Bâti sur une hypothèse de croissance démographique supérieure aux prévisions de l’Insee et promouvant l’attractivité des espaces métropolitains, tous littoraux en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le schéma n’a pas encore franchi le pas de mesures prescriptives qui imposeraient aux documents d’urbanisme locaux d’anticiper la dégradation continue du littoral. L’enjeu de l’adaptation est essentiellement traité au travers de dispositifs incitatifs fondés sur la bonne volonté des collectivités. Ces dispositifs souples montrent néanmoins leurs limites, dans un contexte de faible acculturation aux risques et d’une ingénierie locale souvent insuffisamment dimensionnée pour traiter de problématiques littorales à haute technicité.

Les moyens affectés à l’anticipation et à la gestion des risques côtiers restent ainsi marginaux dans le budget régional et limités par la faiblesse des initiatives locales.

La prédominance de l’approche économique des sujets littoraux tend à montrer que, si les hypothèses scientifiques et les projections afférentes sont connues, les mesures en réponse restent en-deçà des enjeux.

Dès lors, loin du changement de paradigme requis en matière de gestion et d’aménagement raisonnés de la bande littorale compte tenu des transformations à l’œuvre, la politique régionale entend encore préserver le modèle historique de son développement, en ayant recours, le cas échéant, à des solutions à caractère essentiellement palliatif. Le soutien appuyé que la région apporte au secteur économique du nautisme illustre toute la difficulté de concilier des objectifs antagonistes.

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