Festival de Musique Les voix de Noël

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Bonne pioche au Festival de Musique l’Ensemble vocal Calmus à l’église Saint Paul.

Invité par le Festival de Toulon et sa région, l’ensemble vocal Calmus en l’église Saint Paul de Toulon a présenté un programme riche et inspiré composé de différents Noël du monde (Europe, Allemagne, Amérique du nord, Amérique du sud). Plusieurs  aspects positifs ont fait de la soirée une réussite musicale et interprétative.

Cet ensemble venu de Leipzig, la ville de Bach mais aussi de Wagner ! à d’immenses qualités qu’il faut souligner. Il est formé de cinq musiciens de haut lignage, soprano, contre-ténor, ténor, baryton, basse. Ils sont le produit d’une éducation allemande (de l’Est) ou la musique est une priorité culturelle nationale, rien à voir avec la marginalisation de cette discipline dans le système scolaire français. Le résultat s’entend.

Par ailleurs, Calmus existe depuis plus de  vingt ans  (en formation légèrement variable) mais correspond à une tradition très ancienne. Il chante a cappella des pièces assez difficiles, principalement pour chœur à cinq voix. Le but fixé est de réactualiser des mélodies connues et de les éclairer d’un jour nouveau.  Les arrangements  empruntent leurs structures aussi bien à la musique sérieuse qu’à la musique populaire de différentes époques. Leur « modernité » étonnent et réjouissent par les choix de l’écriture harmoniques.

À la première écoute une  impression d’homogénéité saute à l’oreille. Nous sommes loin de tout ce que l’on entend dans la région mis à part peut-être Roland Hairabédian et Musicatreize.

Les voix sont belles surtout le soprano de Anja Poche et la voix de ténor de Tobias Poche. Les autres voix d’hommes sont plus que correctes, Ludwig Böhme baryton et Manuel Helmeke basse.

Les intonations sont précises, la justesse est quasiment parfaite. L’Una voce est presque toujours atteinte. Anja Poche domine nettement par son timbre clair, son legato impeccable et la fraîcheur souriante  de ses interprétations. D’ailleurs le groupe gagnerait peut-être à abandonner ces postures un peu  trop compassées. Que  Diable Noël est un moment de joie et d’exultance !

La première partie  était consacrée à des Noëls germaniques  et anglo-saxons classiques et traditionnels Bach, Praetorius, Tallis, Distler, Taverner (des contemporains) etc… Ils ressortent avec brillance et force de projection. Les harmonisations des arrangements sont riches ; certaines pièces sont difficiles avec des frottements  audacieux frôlant l’atonalisme (on aurait envie de les entendre dans des madrigaux de Gesualdo).

Cette partie se terminait sur une partition émouvante Huron Carol arrangée par leurs soins avec une mini-scénographie de bon aloi. Il y a malgré tout, parfois, quelques mini problèmes de justesse dans l’ensemble, surtout de la part du  contre-ténor Stefan Khale au style  parfois un peu trop appuyé.

En seconde partie une certaine liberté apparaît enfin. Notamment dans leurs incursions dans les pièces latinos de Porto-Rico, jazzées,  d’Argentine (la Peregrinacion)  sans doute leur meilleur moment. Ou encore d’Irving Berling. White Christmas.

Après  l’inoxydable Jingle Bells, des applaudissements nourris les ramènent sur l’estrade pour deux bis dont une berceuse ukrainienne au charme indicible. Ajoutons et soulignons la qualité du programme papier rédigé par Monique Dautemer, musicologue et l’on comprendra que ce concert de haute tenue musicale fut un succès, malgré l’environnement un peu froid de l’église Saint-Paul et la dureté  évangélique de ses bancs.

Sur cette lancée on peut suggérer au Festival d’inviter l’an prochain le chœur d’hommes complet de Saint-Thomas de Leipzig…

Jean-François Principiano

 

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