Européennes : Macron sonne le tocsin

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À trois semaines du scrutin sur l’Europe, il a suffi d’un sondage qui donne le RN devant  LREM pour que Macron tire la sonnette d’alarme pour essayer de donner du tonus à sa liste qui visiblement n’a pas le vent en poupe.

Serait-ce l’inexpérience de sa tête de liste qui manque, il est vrai de charisme ? Mais c’est la volonté du Président ! Et puis, le programme européen n’est pas encore au point. Faire campagne sur le thème : « nous sommes les progressistes face aux conservateurs » n’est guère crédible.

Et Nathalie Loiseau l’est encore moins quand on apprend qu’elle a, dans sa jeunesse, fréquenté une officine d’extrême-droite…sans même s’en être rendu compte ! Alors comme rempart il y a mieux. D’autant que les libéraux, au pouvoir en France et en Europe, ont mis délibérément les peuples à genoux pendant que le monde de la finance et des affaires prospérait comme jamais depuis la dérégulation du système bancaire et l’essor du tout marché qui devenait la règle d’or… c’est le cas de le dire !

Ce décrochage arrive juste après le « grand débat » voulu par Macron pour reprendre la main. Il devait mettre fin aux actions des gilets jaunes qui occupaient les ronds-points puis le coeur des grandes villes depuis cinq mois pour que cesse le mépris d’un pouvoir au service des riches qui ne veut pas admettre combien ses choix politiques enfoncent de plus en plus de monde dans la grande précarité, en France et en Europe.

Il a pris beaucoup de temps sur les antennes pour nous expliquer que, s’il avait eu quelques propos maladroits, il tenait le bon cap et n’en changerait pas. Il lâchait quelques miettes mais ne touchait pas aux privilèges et aux profits des gros actionnaires dont il est un des fondés de pouvoirs.

Les gilets jaunes continuent. Ils ont même engagé des actions communes avec les syndicats les plus combatifs. Le pouvoir et son ministre de l’Intérieur ont durci la répression, la dissuasion, la pénalisation des manifestations en raison de violences qui finalement servaient beaucoup plus sûrement les intérêts du pouvoir, que ceux des gilets jaunes et des manifestants

On l’a vu le 1er mai avec le comportement de policiers ou de gendarmes agressant le cortège de la CGT avant le départ et multipliant les charges violentes jusqu’à ce que des manifestants se réfugient dans un grand hôpital parisien pour échapper à leurs violences. Castaner a immédiatement annoncé une « attaque » contre ce lieu ! Avant de reconnaître qu’il n’aurait pas dû utiliser ce mot ! Il a menti sciemment. Encore un mensonge d’Etat !

Voilà qui fait, après l’affaire Benalla qui n’en finit pas, beaucoup de « ratés » qui ajoutent à l’impopularité d’un pouvoir de plus en plus isolé et qui annonce qu’il va accélerer le pas :  les référendum, il s’en passera, le SMIC il attendra, l’ISF il ne le rétablira pas, le glyphosate ça ne presse pas mais l’ENA, il y a urgence à la supprimer ! Le monarque a parlé.

Comme dit Ian Brossat, chef de file du parti communiste aux élections européennes, « c’est la banquise qu’il faut sauver, pas les banquiers ! »

Et ça ne se fera pas par des discours de bonnes intentions -l’enfer en est pavé- ni par la culpabilité des citoyens mais par des choix politiques, donc financiers à tous les niveaux, qui répondent aux engagements pris par les Etats. Réduire les pollutions suppose de changer de mode de production pour d’abord renoncer à produire, progressivement mais résolument, tout ce qui aggrave la situation. On est loin du compte.

C’est l’un des enjeux de l’élection du parlement européen le 26 mai prochain. Enjeux qui se résument, en France, à supputer qui, de LREM ou du RN, sera en tête. Aux dépens des questions de contenus de ce que chaque candidat propose comme avenir pour l’Europe qui se trouve à un tournant, vu le rejet des peuples qui subissent l’austérité toujours à l’ordre du jour et l’absence d’alternative à la domination de la droite libérale et de ses alliés.

Pour Macron, si sa liste « Renaissance européenne » n’arrivait pas en tête, ce serait une catastrophe, un désaveu de sa gestion et de sa méthode hyper-centralisée. C’est bien ce qui le travaille. C’est pourquoi il va s’impliquer directement, avec son gouvernement. Parce qu’il y a le feu et que l’extrême-droite -tout aussi pro-capitaliste- récupère une partie des mécontents, surtout de droite, sensibles à ses slogans identitaires, sécuritaires, islamophobes, anti-migrants…et cela partout en Europe et ailleurs.

La droite fournit les mécontents, l’extrême-droite en recycle une partie… pour le pire. En réalité, il n’y a pas que la droite puisqu’une partie de la gauche a rallié le libéralisme et gouverne avec la droite, comme en Allemagne, sans complexe. Ce qui ne simplifie pas la recomposition, en cours à gauche, d’une opposition clairement anti-libérale et porteuse d’un projet humaniste de transformation sociale et écologique, y compris pour l’Europe. Ce que préconise la liste du PCF conduite par Ian Brossat.(1)

Dans sa lettre aux Français (2), le 4 mars, Macron ne cachait pas que « jamais l’Europe n’a été autant en danger… » Qui pourrait le contester ? Le brexit en étant le symbole. Mais il plaidait, bien sûr pour la renforcer, en tenant le même cap austéritaire, par plus de fédéralisme, plus d’intégration, une défense commune soumise à l’OTAN et aux grands intérêts du capital. Donc moins de souveraineté encore pour chaque nation. Et plus de précarité, de vies mutilées.

Il se voyait déjà en haut de l’affiche, le nouveau leader de cette Europe de la technocratie au service des marchés, qui n’a cessé de creuser le fossé entre les peuples et cette institution qui les ignore. Le couple franco-allemand qui semblait si harmonieux se révèle très fissuré depuis l’échec de la chancelière aujourd’hui sur le départ. L’autorité que Macron s’était attribuée en Europe relevait du désir. La réalité est tout autre.

Comme la dégradation de son image en France, pour des raisons essentiellement politiques. Le libéralisme a fait son temps. Il n’est pas la solution mais le problème. Il ne peut se réformer lui-même mais il peut céder au mouvement populaire.

Il ne peut plus faire rêver.

René Fredon

(1) https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/pcf2019/pages/208/attachments/original/1556214276/exe_camp_europe_programme_enieme_2.pdf?1556214276

(2) https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/03/04/pour-une-renaissance-europeenne

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