Les Alpes-Maritimes comptaient encore 24570 habitants de plus que le Var en 2017 (Insee). L’adverbe de temps s’impose car notre département, jeune, ardent, mû par des passions génésiques enthousiasmantes, rattrapera bientôt son riche voisin vieillissant dont la libido reproductive tend à décliner d’année en année. Ce phénomène démographique se vérifie depuis déjà longtemps au niveau électoral. On le sait peu mais le Var supplante les A.M. quant au nombre d’inscrits sur les listes : 794.665 chez nous lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017, contre 761.780 seulement chez eux. Il semble que le Ministère de l’Intérieur, toujours assez lent à réagir s’agissant de l’organisation des élections, ne s’en soit pas encore avisé. Si vous passez place Beauvau, en allant embrasser votre grand tante du Faubourg Saint-Honoré, profitez-en pour glisser l’information à l’oreille de Gérald Darmanin, réputé pour se montrer assez vif en toutes circonstances, y compris, soutiennent d’aucunes, sur le plan amoureux. Ce ministre réalisera alors que les Alpes-Maritimes comptent 9 circonscriptions législatives contre 8 seulement pour le Var. Criante injustice, s’il en fut. On espère, sauf à admettre une insupportable inégalité antirépublicaine, qu’un rééquilibrage s’opérera avant le scrutin de 2022 lorsqu’il s’agira de désigner une nouvelle Assemblée nationale.
Deux manières de procéder : ou bien créer une neuvième circonscription dans le Var, ou bien en supprimer une dans les A.M. À bien y réfléchir, cette seconde option paraît constituer le meilleur choix. On imagine mal en effet que puisse être mis en oeuvre à temps un charcutage géographique susceptible d’aboutir à l’expédition d’un député varois supplémentaire au Palais Bourbon. En revanche, réduire d’une unité la représentation parlementaire de nos voisins ne semble présenter aucune difficulté, sinon celle, assez paradoxalement, d’élire l’élu sortant dont le siège ne serait pas renouvelé. Le plus judicieux serait sans doute de désigner le sémillant Éric Ciotti, titulaire de la première circonscription, qui saura exercer ailleurs ses multiples talents. Cet homme de grande ressource, tenant de l’orthodoxie chez Les Républicains, pourrait se voir par exemple confier, par Christian Jacob, un poste de préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi qu’il partagerait, le cas échéant et puisque la mode est aux binômes, avec la pétulante Nadine Morano. Quel couple formerait ces deux-là ! On les imagine bien, au 238 de la rue de Vaugirard (siège des L.R.), jouant les Fouquier-Tinville pour trancher les têtes des mécréants. Trop tard pour MM. Estrosi et Falco partis avant leur décapitation mais bien d’autres, qui en pincent en secret pour le macronisme et n’attendent que la prochaine présidentielle pour déclarer leur flamme, devraient se méfier et taire leurs élans.
Bernard Oustrières
gazetier honoraire
