Éditeurs et auteurs parient sur l’avenir

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Si les grandes maisons d’édition sont aujourd’hui dans la tourmente, avec des concentrations annoncées qui inquiètent les plus fragiles (* »Séisme dans l’édition française », Le Monde du 28 janvier 2022), on peut s’interroger sur le devenir des éditeurs de province et des auteurs.

Des auteurs de plus en plus nombreux, car les confinements successifs ont encouragé les plus discrets à passer du temps sur leur clavier. Hélène de Péna qui dirige depuis juillet 2020, « Les Presses du Midi » est un bel exemple de résilience, au moment où le prix du papier s’envole.

Elle nous explique pourquoi …

NF- Les « Presses du Midi » – que vous dirigez aujourd’hui – ont une histoire varoise qui a su vous séduire. Dites-nous pourquoi.

Hélène de Péna

Hélène de Péna :La grande histoire des Presses du Midi était déjà un petit peu la mienne car mon père est édité par Les Presses du Midi depuis une quinzaine d’années. Personnellement, j’étais à un moment de ma vie où je me sentais prête à relever un nouveau défi. Concilier ma passion pour la littérature transmise par mon père et mes compétences professionnelles a été un facteur déterminant. Je pars du principe qu’on ne travaille jamais aussi bien lorsque ces deux axes sont réunis. C’est un vrai luxe. L’autre chance que j’ai eue et d’avoir pu observer lors de la phase de tractation inhérente au rachat de l’entreprise la manière de travailler et les réalités de ce milieu. J’étais en immersion totale au quotidien. Ainsi, j’ai pu découvrir une équipe talentueuse et passionnée sur laquelle j’ai pu m’appuyer pour mieux structurer les choses et être opérationnelle dès ma prise de fonction

NF- Alors que le monde de l’édition se restructure, avec des concentrations inquiétantes, la survie des éditeurs de province, de taille modeste, est- elle menacée ?
Hélène de Péna : Le contexte est certes difficile il ne faut pas se voiler la face surtout avec la crise du papier que nous connaissons actuellement. Toutefois le livre a résisté aux liseuses sur ordinateur qui, il y a une dizaine d’années, devaient sonner le glas du livre papier. Il n’en fut rien. Au contraire, les différents confinements ont mis en exergue l’importance et la facilité de lire. Les ventes se portent bien. En tant qu’éditeur de province les difficultés sont liées à la promotion sur les grands médias parisiens qui ont souvent tendance à jouer la carte de la proximité. Mais de ce côté aussi les choses avancent à force de persévérance. Un de nos ouvrages vient d’être chroniqué dans l’émission « Les Maternelles » sur France 2 et nous avons de réels espoirs pour deux autres titres chez Michel Drucker dans Vivement Dimanche.

NF- Combien d’auteurs comptez-vous et ce chiffre est-il en augmentation ? Avez-vous une relation de proximité avec ces auteurs dont certains se lancent dans l’aventure pour la première fois ?
Hélène de Péna : Nous éditons entre 60 et 70 ouvrages par an et avons 500 auteurs actifs. La proximité est notre plus grande force. L’écoute, l’accueil et le conseil aussi. Dans le Sud de la France se sont des valeurs que nous aimons véhiculer. C’est ainsi que nous avons pu éditer par exemple le livre
« La barque noire » de Virginie Peyre au sein duquel elle raconte sa propre histoire qui est extrêmement forte. Au départ nous avons beaucoup parlé et puis elle a décidé de franchir le pas et de nous faire confiance. Ce fut le début pour elle d’une formidable aventure. Par ailleurs, nous travaillons main dans la main avec les auteurs durant la phase d’élaboration du livre (corrections, couverture, 4e de couverture, promotion etc) ce qui créé forcément un climat de confiance et une complicité au fil des ans. Enfin je m’efforce d’être présente le plus souvent possible lors des salons littéraires ou séances de dédicaces auxquels mes auteurs prennent part.

NF- En ce début d’année, les obstacles restent nombreux : actualité nationale, internationale, prix du papier, Covid en embuscade : gardez vous le moral ?
Hélène de Péna : J’ai toujours le moral car je fais un métier que j’aime et que je continue à découvrir chaque jour. C’est extrêmement stimulant et motivant. De plus nous travaillons dans une ambiance conviviale. J’aime à dire que nous travaillons ensemble et pas avec des liens de subordination. Le dialogue est permanent. Je pense que le pire est derrière nous. Nous sommes ultra attentifs à nos choix littéraires du moment car ce sont eux qui vont conditionner le futur. Par ailleurs nous entretenons d’excellentes relations avec de grandes enseignes telles Charlemagne ou Cultura mais aussi des librairies comme l’Espace Culturel Olbia à Hyères, Mille Paresses au Pradet, le Bateau Blanc à Brignoles entre autres. Avec les beaux jours qui arrivent le dynamisme va être maximal j’en suis sûre…

Interview réalisée par Nicole Fau

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