En cette période un peu trouble où des lanceurs d’alerte sont traités comme des criminels, le constat doit être fait. Nous sommes à l’époque où la loi sur « le droit des affaires » votée récemment par l’Assemblée nationale entrave le travail des journalistes d’investigation au seul profit des capitaines d’industries qui peuvent tricher, détourner, corrompre plus facilement qu’avant. Nous sommes dans l’époque du procès de Julian Assange, persécuté depuis une décennie, qui risque l’extradition vers les USA, qui est traité comme un espion. Nous sommes à l’époque d’Edward Snowden, bloqué en Russie. Nous sommes à l’époque de Chelsea Elizabeth Manning de nouveau en prison. Nous sommes à l’époque de Rui Pinto à l’origine des « Luanda Leaks » en prison également au Portugal. Toutes ces personnes ne sont pas des criminels. Se sont des gens qui ont porté des faits, une réalité à la connaissance du peuple du monde entier.
Ils ont révélé des faits d’intérêt public que toute le « grande presse » a eu à traiter. Malheureusement celle-ci est souvent … du côté du manche, oubliant un peu vite ce que disait Condorcet « La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non point à ceux qui prétendent la détenir. »
Laurent di Gennaro
Pour toutes ces raisons nous vous recommandons le dernier livre en date d’Edwy PLENEL
La sauvegarde du peuple. Presse, liberté et démocratie
Ce livre est une enquête sur une phrase perdue. Elle fut énoncée à Paris le 13 août 1789 par Jean-Sylvain Bailly, nom aujourd’hui oublié. Il venait d’être proclamé maire de la Commune de Paris, le premier dans l’histoire de la capitale après avoir été le premier président du tiers état et de l’Assemblée nationale. « La publicité est la sauvegarde du peuple », affirmait-elle. Autrement dit, tout ce qui est d’intérêt public doit être rendu public : tout ce qui concerne le sort du peuple, tout ce qui est fait en son nom, tout ce qui relève de sa souveraineté.
À peine proclamée, cette sentence devint l’emblème de la liberté de la presse naissante durant ce qui fut aussi une révolution du journalisme. Or, alors même qu’elle fut la première expression, dans une formulation résolument moderne, d’un droit fondamental plus que jamais actuel – le droit de savoir contre l’opacité des pouvoirs –, cette phrase est oubliée par l’histoire française. Pourquoi ?
Enquête sur cet oubli, ses mystères et ses détours, ce livre est une réflexion sur la dimension prophétique de la proclamation de Bailly. On y comprendra que les combats des journalistes d’enquête et des lanceurs d’alerte, face à des pouvoirs arc-boutés sur les privilèges du secret, illustrent la portée toujours révolutionnaire de cette proclamation démocratique.