« L’économie mondiale n’a jamais été aussi endettée, la récession menace… » au point que la crainte d’une crise financière plus forte que celle de 2007-2008 est évoquée avec insistance bien au-delà de la presse spécialisée dont nous parlions lundi.
Le soir, les journaux télévisés donnaient une information de taille : les dividendes versés aux plus grandes entreprises du monde avaient, une nouvelle fois, battu des records au second trimestre : 513,8 milliards de $ ! selon une étude d’un fonds de pensions de référence, Henderson Investors.
Et la France fait figure de recordman avec une redistribution de 51 milliards de $, 10% du total mondial ! Quelques 46 milliards d’euros…en un trimestre. Nous avons les rentiers les mieux rémunérés du monde : cocorico !
On a là la preuve par neuf que même quand la conjoncture économique « se grippe », comme on dit dans le jargon soft des économistes, pour cause de guerre économique sous domination du dollar, d’insécurité, de doute à grande échelle alors que la croissance se ralentit, que « les bourses dévissent », que l’endettement des entreprises et des États s’envole…les seuls qui tirent leur épingle du jeu, ce sont les actionnaires. Ils soignent leurs arrières et accumulent pour leur propre compte.
Macron -avec les autres serviteurs de ce système capitaliste devenu obsolète- nous prennent pour des imbéciles en nous vendant leur marchandise faisandée: « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain » ! Une contre-vérité flagrante. Mieux, leurs profits, il les font payer aux peuples à travers la fiscalité, directe et indirecte, les cadeaux au grand patronat, la flat tax à 30%, l’évasion fiscale…
La réalité, c’est que plus il y a d’austérité, plus il y a de dividendes et moins il y a d’investissements productifs et durables, de justice salariale, fiscale, de moyens pour faire face à l’urgence écologique, aux besoins de services publics.
C’est, en priorité, par le relèvement du pouvoir d’achat des salariés, des retraités, des jeunes…que l’on fera reculer les inégalités et la récession tout en renonçant au productivisme destructeur de l’environnement, imposé par la seule exigence de rentabilité des actionnaires…une infime minorité.
Et dire que ces résultats traduisent une baisse par rapport au même trimestre de 2018 et donc que le taux de croissance de la rémunération du capital marque le pas ! Ce qui n’est pas un paradoxe mais la confirmation d’une récession perceptible qui masque une bulle financière spéculative déconnectée de la production réelle.
Il est vrai que les budgets militaires sont repartis à la hausse et les traités de démilitarisation volent en éclats. Une industrie très porteuse de profits pour les marchands d’armes, mais beaucoup moins pour la sécurité et la paix, quoiqu’en disent nos « protecteurs ».
Autant de moins pour d’autres dépenses infiniment plus nécessaires pour faire reculer les inégalités dans le monde, sauver la planète et toutes les espèces vivantes qui la constituent.
Pendant ce temps, Macron donne de sa personne pour intégrer la Russie dans l’Europe ? Il recevait Poutine à Brégançon ce lundi, à la veille du G7 dont la Russie est exclue depuis 2014, à la suite de la crise en Ukraine après l’annexion de la Crimée. Ils se sont « égratignés » devant les caméras sur le degré de démocratie comparée des deux pays, histoire de nous convaincre de leur franchise mutuelle. Match nul.
Puis ils ont parlé, en privé, des sujets nombreux et variés qui inquiètent le monde
en se voulant très coopératifs. Macron jouant le leader d’une Europe chancelante, plus conservatrice que jamais et virant au brun. Il voudrait bien passer pour celui qui aurait facilité le retour de la Russie dans l’Europe (pas l’UE) et dans le G8 à portée très limitée.
Pour revenir à nos rentiers, disons que tout cela ne peut que leur faire miroiter de nouveaux débouchés pour leurs affaires, la question des droits de l’homme ne fait pas partie de leurs préoccupations quotidiennes. Ils délèguent ça à leurs PDG et à leurs DRH beaucoup plus compétents pour défendre les droits…patronaux, inséparables de leurs privilèges.
Les nouvelles attaques sociales annoncées pourraient bien susciter des réactions d’ampleur dans les semaines à venir. Le cynisme a ses limites.
René Fredon
