Dans la peau de l’étranger

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Dans la peau de l’étranger de AI WEIWEI

64 pages
12,5 x 18,8 cm
Prix :  8,90 € / 6,99 € en version numérique
Éditions Actes Sud

En guise de manifeste
Traduit de l’anglais (américain) par Béatrice Commengé Parution en libraire aujourd’hui le 2 septembre 2020

Parler des réfugiés sans faire de préconisation politique, d’analyse historique, ou géopolitique. Parler des réfugiés en explorant beaucoup plus radical, la condition humaine. Telle est la force d’Ai Weiwei. Nous donner à sentir l’extranéité à travers sa propre expérience d’exilé. Nous faire entendre que la question de l’exil est avant tout un problème d’être, pas un problème d’avoir, aussi démunis soient les réfugiés. Et le faire entendre avec des mots simples. Au passage, nous trouvons dans ce texte bien des réponses à l’engagement d’Ai Weiwei et aux motivations de sa créativité débordante…

L’espèce humaine a toujours migré, à la recherche de conditions de vie décentes. Mais depuis quelque temps, un nouveau genre de migration s’intensifie dramatiquement : 71 millions de personnes ont dû quitter leur foyer, déplacées de force en raison de conflits, de persécutions, du changement climatique, ou d’une pauvreté endémique.

Ai Weiwei, marqué par les expériences les plus douloureuses de l’exil, s’est toujours senti étranger. Et c’est à travers son art qu’il parvient à conférer à cette condition existentielle – être étranger – une dimension universelle. Human Flow (2015), son film sur les camps et les mouvements de réfugiés dans le monde entier, témoigne de cette sensibilité unique. Rien de surprenant, dès lors, à ce que les réflexions présentes dans cet ouvrage se soient cristallisées à l’automne 2015, quand tout a brutalement basculé en Allemagne, à la suite des événements de Cologne. Dans ce livre, les souvenirs d’Ai Weiwei se transforment en une confession qui va bien au-delà de l’art pour l’art.

Ai Weiwei est sans doute l’artiste chinois vivant le plus célèbre au monde. Né en 1957 à Pékin, il a grandi en Mandchourie, puis dans le Xinjiang, dans de très rudes conditions : son père, Ai Quing, poète admiré et critique du régime maoïste, y a été longtemps contraint à l’exil. Au début des années 1980, Ai Weiwei part s’installer aux États-Unis, puis rentre à Pékin en 1993 au chevet de son père malade, et s’impose alors dans le milieu artistique. Parties prenantes de son œuvre, son combat contre la censure et l’oppression, sa critique du gouvernement lui valent d’être surveillé, traqué, molesté par les autorités. En 2011, arrêté à l’aéroport de Pékin, il est emprisonné pendant 81 jours sans autre charge officielle qu’une accusation de fraude fiscale – il se voit condamné à payer une amende de 1,85 millions de dollars. En 2015, il choisit de vivre à Berlin, alors l’épicentre de la crise des migrants. Mais il y aura aussi Cologne et, dans son sillage, la xénophobie galopante. Depuis quelques mois, il s’est établi en Angleterre, à Cambridge. Qu’il s’agisse d’objets isolés (son vase Coca-Cola), d’ensembles (Forever Bicycles) ou d’installations (Sunflower Seeds, Laundromat, Good Fences Make Good Neighbors, Law of the Journey), les œuvres d’Ai Weiwei se retrouvent dans les espaces publics de nombreux pays. Et des musées de renom se disputent ardemment son travail d’artiste-activiste.

 

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