Concert classique Passion Ginastera !

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Alberto Ginastera

Samedi les mélomanes toulonnais ont découvert une musique nouvelle. Non pas qu’elle soit récente mais elle fut longtemps « impossible » dans notre ville à cause de  l’état de notre phalange varoise. Il s’agit  de la musique classique sud-américaine et notamment d’Alberto Ginastera. Il y  a encore du chemin à faire pour pouvoir présenter des partitions comme celles de Carlos Chavez, Heitor Villa-Lobos, Silvestre Revueltas ou José Moncayo. Mais il faut souligner tous les progrés accomplis.

L’occasion de la découverte était fournie par l’invitation offerte  au sympathique accordéoniste Richard Galliano qui était sans doute à la fête, voyant deux de ses œuvres inscrites au programme Opale Concerto et la suite Maderperla. L’homme est attachant et connu chez les professionnels surtout par son talent d’improvisateur. C’est un authentique musicien qui a son public et ses admirateurs. Il a enregistré plus de 50 albums et collaboré avec de nombreux artistes du show-business et des grands du jazz. Il est l’auteur d’une belle méthode d’accordéon et a reçu de nombreux prix. Il a rebondi récemment avec des splendides arrangements et transcriptions de tubes classiques de Bach, Mozart et Beethoven et  s’est vu offrir une entrée dans la fameuse collection des disques jaunes Deutsche Grammophon. Malgré tout, les deux œuvres « classiques » proposées semblent un peu insipides. Seuls quelques soli du virtuose avaient valeur comparative positive, notamment le long bis qu’il donna tout seul. Malgré les qualités de l’homme et son immense succès dans la bonne variété et la musique de film, il est cruel de  programmer ces œuvres entre le Tricorne de Manuel Falla et Estancia  de Ginastera des partitions d’authentiques maîtres.

Le Tricorne d’ailleurs  qui ouvrait la soirée a été  bien rendu sous la direction roborative de la jeune polonaise Marzena Diakun qui est à l’aube d’une belle carrière. Dynamisme, précision des attaques, battues généreuses et amples, gestique d’une grande lisibilité. La musique de Manuel Falla, est apparue, dans cette formation réduite, toute  ensoleillée et rutilante de générosité expressive.

Un peu plus fournie en effectifs, Estancia opus 8 restera cependant  le moment fort de la soirée. D’ailleurs le public a fait une ovation appuyée au chef, à l’orchestre et surtout à l’œuvre. Dans cette  musique de ballet de 1941 le final est une danse appelée Malambo, construite sur un ostinato rythmique et des rafales harmoniques décoiffantes. Les cuivres imitent le hennissement des chevaux et les percussions le piétinement de la course.(voir vidéo)

Même dans mes rêves les plus fous de mélomane, jamais je n’osais espérer, il y a quelques années  voir et entendre cette musique éblouissante de fraicheur, d’élan et de couleur sur la scène toulonnaise. Ce concert s’inscrit donc dans une incontestable suite de réussites à valeur exemplaire. Dans la foulée il ne reste plus qu’à proposer le merveilleux concerto pour Harpe de Ginastera. Toulon a déjà la harpiste Vassilia Briano. Mais ça, c’est bien sûr un autre rêve.

Jean-François Principiano

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