CIL Mourillon : Une réunion pour rien

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L’assemblée générale du CIL du Mourillon avait fait salle comble vendredi 9 novembre, plus de 200 personnes venues prioritairement pour le gros morceau de l’ordre du jour : l’aménagement des quais jouxtant les immeubles proches du littoral, en vue de recevoir les gros navires de croisière.

Énorme projet, déjà bien avancé, si l’on a bien compris, qui prévoit un quai de 417 M en plein centre-ville. De quoi sensibiliser, non seulement les riverains -et ils sont nombreux et proches- mais bien au-delà du seul quartier du Mourillon.

 

Eh bien ! ils seront restés sur leur faim et partis -pour une bonne moitié- bien avant la fin.

D’autant que la réunion a traduit une tension assez vive entre le CIL et la ville qui ne leur avait pas accordé la salle Méditerranée pourtant demandée…début 2017 (!) et les avait rapatriés dans la petite salle des retraités du quartier, très petite, manquant de chaises, aucun matériel vidéo, bref le CIL a dû se débrouiller. La moitié de la salle est restée debout !

Après quoi on a eu droit à un accueil peu orthodoxe des élus -une demi-douzaine- ne décidant de rentrer qu’à 17 h 30 après que le président du CIL soit sorti à plusieurs reprises pour leur demander de rejoindre la réunion : curieuse ambiance !

Craignaient-ils de se faire « découper » comme on dit à Mayol ? Sans doute y avait-il un peu de ça, la suite l’a montré, surtout qu’ils ont esquissé la question qui fâche en la renvoyant au 7 décembre à la salle Méditerranée cette fois, en présence du président de TPM et ouverte à tous les citoyens.

Une manière d’éviter les interrogations des seuls adhérents du CIL très directement concernés et très au fait de ce qui les attend, sans qu’ils aient été consultés en amont ni que les questions des habitants les plus informés et/ou sensibilisés aient fait l’objet de réponses circonstanciées.

Que le débat n’ait pas été ouvert lors de cette assemblée a suscité un vrai malaise, un sentiment qu’on veut bien les laisser parler, les écouter, répondre aux questions classiques de tout CIL (la sécurité, la propreté, les incivilités, les nuisances sonores, les vols, l’état des plages, du sable, de l’eau etc etc) mais sur un sujet de cette taille aussi préoccupant, aucun adjoint -même la députée Geneviève Lévy- n’avait mandat d’aborder cette question de l’aménagement portuaire, des nuisances et pollutions potentielles, ne serait-ce que pour entendre ce qu’ils avaient sans doute mesuré : l’inquiétude et l’incompréhension.

Non pas par condescendance, pour les rassurer à peu de frais mais pour simplement leur dire où en était la procédure, était-elle engagée et surtout les études concernant l’impact sur l’environnement, la faisabilité d’un tel aménagement, pour quelles retombées économiques ?

Que craignaient-ils au juste ?
Il est peu probable que le 7 décembre, le dialogue soit plus large car plus on est, moins il y a d’intervenants et, le temps étant encore plus limité pour chacun. L’introduction du décideur, TPM, les précisions de ses techniciens prendront la plus grande partie de la réunion. Certes il faut bien qu’ils défendent leur projet, qu’ils l’exposent mais, à l’échelle de toute la ville, il est à craindre que l’échange ne permette pas de développer le point de vue des habitants et des associations qui le souhaitent et qui connaissent le dossier.

D’où l’intérêt de prendre le temps de la consultation très en amont et de la démultiplier au maximum. Certes, ça prend du temps mais si l’on veut vraiment que les citoyens soient de vrais acteurs de leur cadre de vie, c’est l’occasion de le montrer. Il ne faut pas leur répondre que « c’était dans mon programme, je le réalise, vous m’avez élu pour ça… »

Hubert Falco aime à dire que si les électeurs ne sont pas contents, ils pourront toujours voter pour un autre. Un peu facile et démagogique, non ? Ce que Coluche traduisait par « vous connaissez la différence entre la dictature et la démocratie ?…la dictature c’est ferme ta g…. et la démocratie : cause toujours » !

Car l’agrandissement prévu du port de plaisance est tout sauf anodin : un tel quai de plus de 400 m pour recevoir en plus grand nombre les plus gros paquebots déversant des milliers de touristes en plein centre-ville, c’est un peu comme si, à Marseille, au lieu d’éloigner les terminaux vers l’Estaque, on avait pensé au Vieux-Port ?

N’est-ce pas justement pour attirer vers Toulon davantage d’activités de croisières et de grande plaisance que l’idée a germé ? Intention louable à condition que le cadre de vie et la santé des habitants soient d’abord pris en considération.

Tout ça le maire de Toulon et président de TPM le sait parfaitement. De très nombreux courriers ont déjà attiré son attention. Pas pour le plaisir de s’opposer par principe au développement de la ville mais pour que, entre autre, la qualité de l’air qu’on respire ici, déjà préoccupante, ne se dégrade pas davantage du fait d’une décision déjà prise privilégiant les intérêts économiques avant la santé et le cadre de vie des Toulonnais, plus encore des riverains les plus rapprochés.

Les citoyens qui, en plus paieront l’addition, attendent des réponses précises à toutes les questions légitimes qu’ils se posent.

René Fredon

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