Brahms et Chostakovitch même combat !

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Les concerts symphoniques de l’opéra en partenariat avec le Festival de Musique de Toulon et sa région proposent une soirée exceptionnelle le vendredi 5 avril par le contenu et les interprètes. La 1ere Symphonie de Brahms et le Concerto pour violon de Chostakovitch

Une virtuosité maîtrisée.
Dimitri Chostakovitch (1904-1972) est un des maîtres de la musique contemporaine maintenant devenu un classique. Héritier du grand symphonisme russe (Tanneef, Rimsky-Korsakoff, Borodine), il a construit une œuvre personnelle réussissant à préserver son intégrité d’artiste sous le régime stalinien. Il laisse une dizaine de grandes symphonies, un chef d’œuvre lyrique Lady Macbeth de Mschensk et une splendide musique de chambre dont des quatuors aussi puissants que ceux de Bartók. Dans son Concerto pour violon N° 1 en la mineur op 77  composé en 1947, il renouvèle le rapport entre le soliste et l’orchestre. Sa création  par l’Orchestre philharmonique de Leningrad sous la direction d’Evgueni Mravinski, a été vivement critiquée par le pouvoir. Par la suite Dmitri Chostakovitch et son dédicataire, David Oïstrakh violoniste et ami fidèle du compositeur, apportèrent de nombreuses modifications.  Le concerto fut par la suite, dans les années 60 reconnu comme un chef d’œuvre et David Oïstrakh l’inscrivit régulièrement  à son répertoire.

 La profondeur de son contenu artistique.
Le concerto dure environ 45 minutes et est composé de quatre mouvements, avec une cadence liant les deux derniers. Le Nocturne (Moderato)  est un hommage au premier mouvement du Concerto pour violoncelle d’Elgar. Le Scherzo (Allegro)  est une  Danse démoniaque empruntée au folklore russe. La Passacaglia (Andante) utilise le thème du destin de Beethoven, l’incorporant dans la cadence pré-burlesque. Le final noté Burlesque (Allegro con brio – Presto) est un hommage au Petrouchka  de Stravinsky. L’œuvre particulièrement difficile pour le soliste est écrite pour piccolo, trois flûtes, trois hautbois, cor anglais, trois clarinettes, deux bassons, contrebasson, quatre cors, tuba, timbales, tambourin, tam-tam, xylophone, célesta, deux harpes et cordes. Elle sera donnée en soliste par Guy Braunstein (vidéo)

Un super-soliste
Né à Tel-Aviv, le violoniste Guy Braunstein étudie auprès de Pinchas Zuckerman à New-York. Très jeune, il débute sa carrière en qualité de soliste et musicien de chambre au sein des plus grandes salles de concert. Guy Braunstein se produit notamment avec l’Orchestre Philharmonique d’Israël, l’Orchestre Symphonique de Berlin, l’Orchestre de la Radio de Copenhague ou encore l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich. Il est également invité par le Barbican Centre de Londres, le Philharmonique de Munich et le Carnegie Hall de New-York. En 2000 Guy Braunstein est nommé Konzertmeister de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, sous la direction de Claudio Abbado puis de Sir Simon Rattle. Depuis 2003, il enseigne à l’Université des Arts de Berlin et occupe depuis 2006 le poste de directeur artistique du Festival Rolandseck en Allemagne.

Brahms en prime.
La deuxième partie du concert dirigé par Jurjen Hempel, directeur musical de l’opéra de Toulon, sera consacrée à la 1ere symphonie de Brahms (appelée souvent la dixième de Beethoven !). Au-delà du sens que l’on attribue à ce surnom, il reste particulièrement pertinent pour illustrer cette symphonie. Créé en 1876, après une longue élaboration, elle prend à revers l’esthétique de l’époque pour revenir vers une forme symphonique antérieure, plus proche de celle de Beethoven que de Wagner qui triomphe alors. Ce « retour aux sources » de la symphonie autorise aussi bien une sublimation de l’esthétique de Beethoven, dans ce qu’elle contient de fougueux et révolté, qu’un sentimentalisme touchant. De même l’orchestration est assez classique mais cela ne nuit en rien à la portée de l’œuvre, preuve qu’il est toujours possible de faire des œuvres de qualité, même avec des principes soi-disant dépassés. Ce qui compte  c’est la sincérité. Brahms, Chostakovitch et Menotti même combat !

Concert « Horizons croisés »  vendredi 5 avril 20h. Opéra de Toulon 04 94 92 70 78

Jean-François Principiano

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