Bouvard et Pécuchet de Flaubert au Liberté

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Reprise d’une adaptation du célèbre texte de Flaubert transformé en spectacle théâtral par Jérôme Deschamps. Deux grands théâtres de la région, La Criée de Marseille et le Théâtre Liberté de Toulon ont programmé Bouvard et Pécuchet en tournée nationale Impressions de cette joyeuse épopée dans le labyrinthe de la bêtise humaine.

Critique acerbe du positivisme.
Flaubert s’est expliqué sur le sens de cette œuvre inachevée. « C’est une fantaisie littéraire sur les limites de la science et de la culture » La maladie lui a interdit d’aller plus loin dans ses éclaircissements. L’histoire est simple mais ses prolongements philosophiques ont fait couler beaucoup d’encre depuis sa publication en 1881. Deux copistes retraités entreprennent une série d’expériences visant à embrasser l’ensemble des connaissances humaines. Cet ultime roman de Flaubert, spirale encyclopédique et farcesque resta inachevée. Bouvard et Pécuchet est avant tout une histoire universelle de la bêtise.  » Ça, ce sera le livre des vengeances !  » aurait un jour affirmé l’auteur, selon son ami Maxime Du Camp.

Jérôme Deschamps tire le texte vers le divertissement quelque peu démagogique, style boulevard avec cependant un certain attendrissement pour les deux personnages. Sur le plateau, expériences, clichés et autres inepties énoncés par les deux protagonistes sont passés à la moulinette. Pourtant la dignité peut exister malgré les erreurs, malgré la bêtise, malgré les échecs successifs, c’est ça qui est touchant. Mais la pire des erreurs serait sans doute de s’en moquer. Car chacun, peut à un moment mal opportun avoir un jour son heure de gloire dans la bêtise. Mieux vaut alors être très indulgent avec soi-même pour la laisser s’évanouir. Ces deux-là sont des champions de l’échec mais on ne les juge jamais. Sans doute rien ne vaut la proximité du texte lu, mais l’adaptation présentée à Toulon était adroite. Avec Micha Lescot, Lucas Hérault et Pauline Tricot voilà un spectacle qui se voulait faussement comique sur une posture universelle très bien partagée, la connerie prétentieuse. La soirée a très bien illustré cette pensée de Einstein: « Deux choses sont infinies l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »

Jean François Principiano

Bouvard et Pécuchet d’après Flaubert mise en scène de Jérôme Deschamps vu au Théâtre Liberté de Toulon.

Légende photos : Une histoire des faiblesses de l’intelligence humaine.

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