Base nature de Fréjus : attention, danger de bétonnage !

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Audience du tribunal administratif de Toulon 
Base nature de Fréjus : attention, danger de bétonnage !

Voilà. Si rien ne bouge, si le citoyen ne lève pas la voix, la magnifique base nature de Fréjus va commencer à être grignotée par le béton. Adieu, joggeurs, skate-park, promenades bucoliques, terrains de foot ou de basket, gamins en vélo et cerfs volants, respirant à pleins poumons dans un unique lieu, sans gaz d’échappement. Les promeneurs viennent de toute la région, par centaines de milliers, chaque année, dans ce havre de verdure aujourd’hui menacé. Oh ! certes pour l’instant, le béton prévu, c’est trois fois, jure la municipalité de Fréjus. Il s’agit juste de bâtir une discothèque (sur un terrain de 6000 m2), un hôtel (sur 15 000 m2) et un aquarium sur 16 000 m2. Une goutte d’eau dans un espace de quelque 120 hectares. Et il s’agit juste de remplacer des surfaces bâties actuelles (hangars et bâtiments de l’armée puisqu’il s’agit d’une ancienne base militaire) de 32 000 m2 en tout quand même, sans construire plus . Alors, où est le mal ? Le mal, c’est que ce premier grignotage qui voulait être discret, risque d’être le début de la fin pour la base nature. Il est évident qu’une discothèque, un hôtel et un aquarium changeront définitivement la face d’un lieu paisible et familial. La municipalité a beau répéter que la vaste zone non bâtie reste classée en zone naturelle. Mais comment faire confiance à un Front national qui est moins connu pour son amour de la terre que pour celui d’opérations lucratives ? Une méfiance d’autant plus justifiée que cette première opération a été entourée d’un certain mystère, le maire ne dévoilant les projets de construction que tardivement, bien après avoir fait voter par le conseil municipal une modification du plan local d’urbanisme « à la hussarde » , comme l’a dit une opposante.

C’est cette modification qui était examinée ce mardi 23 janvier par le tribunal administratif de Toulon. Car pour construire sur la base, il faut quand même faire passer 32 000 m2 de la zone bâtie en zone urbanisable. Deux associations: le comité de défense des intérêts généraux de Fréjus-Plage et EME (ecocitoyenneté entre mer et Estérel) ainsi que quelques citoyens et le préfet du Var ont contesté cette façon de changer le plan local d’urbanisme (PLU) sans consultation du public, sans rapport de présentation suffisant, sans prévision notamment sur le densification des terrains concernés. Une opération menée dans une précipitation et une opacité suspectes. Dans sa plaidoirie, l’avocat de la municipalité a simplement évoqué le fait que le secteur doit « évoluer » . Le site est « dévalorisé » car les bâtiments actuels sont  » en très mauvais état ». Ce qui n’est pas faux. Mais d’ici à y implanter à la va-vite des équipements touristiques qui gâcheraient ce patrimoine … …L’avocat du comité de défense de Fréjus-Plage a insisté de son coté sur le fait qu’une révision totale du plan local d’urbanisme aurait dû être mise en place. Et que théoriquement, seuls des équipements publics ont le droit de se trouver dans ce secteur. Et non des poissons rouges dans un aquarium et des pistes de danse. Le rapporteur du tribunal administratif n’est pas choqué,lui, par ces projets immobiliers. Du moment que la zone non bâtie reste classée en zone naturelle. IL ne décèle aucune menace dans les manoeuvres municipales…. Les associations de défense, de leur coté, vont plus loin : elles craignent que l’ensemble de la base nature ne passe peu à peu sous gestion privée. Car, cela va sans dire, ces magnifiques équipements touristiques censés faire briller Fréjus dans toute la côte d’azur seront gérés par du privé. Le tribunal administratif rendra son jugement dans trois semaines. Quel qu’en soit le résultat, le débat ne fait que commencer. Pour Notre-dame-des-landes, il a fallu 40 ans avant que le projet ne soit enterré. Espérons que pour la base nature de Fréjus, l’agonie avant la mort du dossier sera plus rapide ….. C.A.

Photo d’une partie des troupes avec l’avocate devant le tribunal administratif (photo Patricia Goulois)

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