Toute ma vie, j’ai pensé que la religion relevait du domaine du privé voire de l’intime. Et comme beaucoup de musulmans, je ne comprenais pas à quel titre je devais justifier des actes d’horreurs commis par des bâtards qui m’étaient étrangers. C’était, pour moi, me différencier et me communautariser que de parler au nom d’une religion.
Lors des différentes attaques que la France a subies ces dernières années, la tristesse et la peur prenaient toute la place. Des sentiments humains provoqués par l’amour que je porte à mon pays et mêlés à un patriotisme qui ne faisait que s’accentuer. Tout cela me faisait occulter le fait que notre Nation était en train de se diviser.
Aujourd’hui, j’ai de plus en plus de mal à garder cela à l’intérieur et j’ai envie de m’adresser aux musulmans du monde.
Car, en plus, de l’infinie tristesse qui nous envahit à la vue de ces événements, se rajoute un sentiment de honte et de haine envers leurs auteurs. Ceux-ci sont identifiés et agissent au nom d’une religion : la nôtre. Ils nous salissent et continueront à le faire.
Alors, voilà, il est grand temps d’exprimer notre colère, notre dégoût, notre rejet face à ces bâtards. Le temps des « on n’a pas à se justifier », « ce n’est pas l’islam », n’est plus et ne font pas avancer les choses, bien au contraire. Car, il faut se l’admettre, ces connards sont arabes et se revendiquent musulmans. Ils veulent nous représenter et tuer en notre nom.
Maintenant, nous avons plusieurs choix, soit nous replier sur nous-mêmes, nous cacher, fuir les justifications, crier au complot, rejeter la faute et insulter les racistes. Dans ce cas, nous ferons le bonheur des extrémistes, des ignares et autres opportunistes politiques. Ils se galvaniseront de ce silence en se plaisant à dire « qui se tait, consent ». De plus, ils n’attendent, clairement, qu’une chose : que la France sombre dans le communautarisme.
Soit nous réagissons en puisant le courage dans cette infinie tristesse. Le courage d’affronter et de condamner cette situation, de relever la tête et de citer notre ennemi commun : le sectarisme religieux tiré de l’islam.
Apprenons à nous maîtriser face à la stupidité verbale et intellectuelle de certains, exprimons clairement notre rejet face à cette idéologie, crachons sur ces bâtards, condamnons, indignons-nous face à ces attaques, nommons, dénonçons et ne nous trompons pas d’ennemi, haïssons-le de toutes nos forces, faisons face, montrons que nous faisons qu’un avec le peuple français.
Nous n’avons peut-être pas le pouvoir et les moyens de nous protéger de ces attaques mais nous avons celui de préserver notre vivre-ensemble.
Nadia AMRI
