Attal à l’attaque…

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Ses cibles : les salariés.es, les chômeurs, les retraités, les immigrés, les mal logés, les sans abri, les services publics, les protections sociales…Pas un mot sur les dividendes-records des multinationales qui devraient contribuer à réduire les déficits publics.

Un mois après son choix de 1er ministre, Macron a, enfin, remanié son gouvernement. Non sans mal, ce qui va fragiliser davantage la « majorité » toute relative dont il dispose. Bayrou refusant d’y participer pour cause « d’absence d’accord profond sur la politique à suivre » et le camouflet d’avoir été contraint par les réactions populaires -et d’abord chez les enseignants- de renoncer à maintenir à ce poste de ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, aux multiples casseroles qui avait été nommée et protégée par Macron et Attal en toute connaissance de cause.

De passage à Toulon, Hollande s’est vu offrir ce jeudi 9/2, trois pages de VM pour cultiver sa courtoisie et son air bon enfant mais pas détaché de la politique. Neuf lecteurs lui posaient des questions, donc il a eu l’occasion de promouvoir la candidature de Glucksmann ratifiée par le PS pour les « Européennes ». Mais il n’aura pas eu de question sur pourquoi il a renoncé à se représenter et à laisser Macron prendre sa place et laisser croire que c’était l’homme de la situation alors que lui-même a pratiqué une politique libérale pour être en conformité avec l’U-E ? Au second tour s’est refermé le piège du barrage à l’extrême-droite.

Il a aussi expliqué que pour barrer la route au RN il faut un Ps qui ne suive pas son aile gauche « radicale » ! Ainsi justifie-t-il les alliances « sans les extrêmes » qui peu à peu glissent sur les idées les plus à droite, en même temps qu’il met un signe d’égalité entre « extrême-gauche et extrême-droite » ?!

C’est justement ce raisonnement qui, depuis plus de cent ans, empêche une gauche de transformation sociale de rassembler une majorité, sauf pour de faibles durées comme lors du front populaire et à la Libération.

Hollande non plus n’évoque pas le contexte de luttes de classes intenses entre le capital et le travail à l’échelle nationale et mondiale, comme si le libéralisme était l’unique système qui ne pouvait être dépassé. Dans la gestion au profit du capital, certainement. Au service du peuple c’est tout autre chose, à conquérir par les luttes, dans le pluralisme et la démocratie participative. Il y a urgence.

Un nouveau pôle de santé…privée à St Jean du Var
La droite toulonnaise, bien mal en point, n’a pas attendu ni Macron ni Attal pour privilégier la santé et l’école privées. Coïncidence, le même jour, on nous confirme qu’un nouvel établissement privé de consultations médicales, DocCity, va entrer en service sous peu, à proximité des cliniques Saint-Jean et Saint-Michel également privées. Sous le libéralisme, on n’arrête pas le « progrès » qui consiste à faire de l’argent avec la santé des gens. Donc tendance à privilégier les pathologies les plus rentables.

La société parisienne propose aux médecins des locaux, clés en mains, ils se chargent de tout, c’est leur métier, même de trouver des clients. C’est tout à fait légal et cela permet disent-ils, de « soulager » les hôpitaux qui, eux, n’ont plus les moyens d’accueillir et de soigner dans de bonnes conditions. Des cliniques privées s’appellent  « Hopitaux privés » sans complexe mais n’ont pas les mêmes obligations sociales. La plupart ont un but lucratif.

Elles inspirent et s’appuient sur les critères de Macron et d’Attal, deux anciens membres du PS  qui, soudain, se décrètent ni de droite, ni de gauche. Comment ne pas troubler une partie de l’électorat populaire qui s’abstient de voter, se disant : »tous les mêmes » ou cèdent à l’argument « et si on essayait le RN » ? Lequel se place surtout sur les terrains de l’identité, de la sécurité, de l’immigration, de la chasse aux étrangers non européens et autres « destructeurs » de notre civilisation ! Toute haine, racismes et violences déployés.

Toujours à Toulon deux grands ensembles La Rode et Saint-Jean du Var viennent d’être labellisés QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville) c’est-à-dire quartiers reconnus habités par des personnes à bas revenus comparés à la moyenne du quartier, de la ville…qui donneront lieu à des dotations spécifiques.

Sauf que le discours d’Attal et la nomination d’un dénommé Kasbarian au logement  sonnent comme une provocation vis-à-vis des locataires et candidats à un logement social. D’autant que les préfets sont chargés de veiller à ce que les plus bas-revenus ne soient pas acceptés dans les QPV au prétexte de veiller à la mixité sociale.

Attal a proclamé qu’il allait « faire  évoluer le logement social pour qu’il réponde davantage aux classes moyennes » il proposera d’ajouter « une part des logements intermédiaires accessibles à la classe moyenne dans le calcul des 25%« . C’est ce qu’il appelle « soutenir le monde du logement social ».

Quant à son ministre au logement il est très connu des offices HLM, des acteurs sociaux et de la fondation Abbé Pierre dont le directeur des études y voit « un signal clairement négatif qui fait craindre une rupture en faveur d’une politique encore plus hostile aux plus pauvres… » Ce ministre est à l’origine d’une loi anti-squatts et anti-expulsés. Il prévoyait même six mois de prison pour les mauvais payeurs !

C’est le moment de ne pas se laisser gagner par la fatalité et le sentiment d’impuissance mais de faire preuve de lucidité et de combativité pour résister à la démagogie, aux mensonges et aux « réarmements » qui nous sont promis pour faire de nous des adeptes de la «  servitude volontaire », chère à La Boétie, ou du retour des pires régressions humaines.

La France a des traditions révolutionnaires dont elle peut être fière. Elles  ne sont pas à brader sur les sacro-saints marchés.

René Fredon

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