Après un été chaud…l’automne s’annonce agité

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Tandis que la forêt amazonienne brûle depuis près de deux mois -et pas par inadvertance- les actes et les propos indignes du chef d’État brésilien ont pris le pas sur la solidarité internationale qui se heurte à l’ultra-nationalisme fascisant à l’oeuvre dans ce grand pays.

Et l’on se demande ce que l’on pourrait bien faire, à notre niveau, pour arrêter l’un des plus grands massacres qu’est en train de subir la planète ? Le G7 a fait la preuve de son incapacité à parler d’une seule voix, même entre les sept plus fortes puissances capitalistes qui étalent leurs contradictions et masquent leur ambition commune de pouvoir garder la haute main sur l’économie mondiale au service d’une caste minoritaire.

Au moment où l’Europe venait de signer, le 28 juin un traité avec le Mercosur (Bresil, Argentine, Paraguay, Uruguay) qui, s’il n’est pas dénoncé, ne peut qu’inciter le plus grand des pays d’Amérique latine à faire ce qu’il veut et à fourguer au monde, ses produits dont la traçabilité ne peut qu’être très suspecte, vu la confiance que l’on peut faire à Bolsonaro,  aussi dangereux qu’imprévisible, à l’image de son protecteur…Trump, toujours prêt à relancer, ici ou là, la guerre commerciale et à préparer celle de l’espace ! Tous les deux hostiles à l’accord de Paris.

Voilà qu’on apprend cette semaine, par le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, que cet accord négocié par la commission européenne n’avait pas été soumis aux chefs d’État qui, comme Macron, l’ont signé « puisqu’on leur avait dit qu’il était bon » ! rapporte le ministre (Cf « Capital » du 3/9/19 (1).

Illustration de la « démocratie » qui règne dans les institutions européennes et du niveau de souveraineté des Etats. Ce n’est que fin août, après le déclenchement des incendies avec la bénédiction du pouvoir brésilien, que Macron a fait connaître son opposition au traité « parce que Bolsonaro avait menti sur ses engagements en faveur de l’environnement ».

S’en sont suivies les allusions ignobles du personnage et de son entourage visant Brigitte Macron. Le traité a du plomb dans l’aile. Ainsi va le monde…capitaliste.

La rentrée du patronat
Tout aussi d’actualité mais à l’échelle nationale, les entrepreneurs se réunissaient à Longchamp. Tout un symbole même si les turfistes ne se réduisent pas aux tenues « classe » des caricaturistes, hauts de forme et cigares aux lèvres ni aux toilettes dernier cri de ces dames du monde.

Au menu : quel capitalisme demain ? L’occasion d’exprimer leurs conceptions, la solidité d’un système qu’ils savent malades mais qu’ils veulent conserver parce qu’ils l’estiment performant (à juste titre, vu par eux) tout en entretenant l’illusion de sa régulation…alors que les entreprises ne cessent de réclamer moins de réglementations, moins de contrôles, moins d’impôts et de charges, moins de dépenses pour les services publics !

Et elles sont comblées par les chefs d’État qui, comme Macron, sortent du sérail et défendent les mêmes « valeurs » et pas que boursières. Du moins pour ce qui est des plus grandes, les multinationales. Celles à base française tiennent même le haut du pavé de la performance mondiale avec 51 millards de $…46 mds en euros, distribués rien qu’au second trimestre, sur 536 milliards $ pour les 1 200 premières mondiales, soit 10% du total, rien qu’en France.

À ce rythme, en deux ans, les actionnaires ont empoché l’équivalent du budget de la France.

Et l’on cherche où trouver de l’argent pour réduire les inégalités, sauver notre système de retraite, nos hôpitaux publics et bien d’autres secteurs !

Mais non ! Ils dissimulent leurs immenses fortunes dans les paradis fiscaux et privatisent à tour de bras pour produire encore plus de dividendes. Ce qui fait toujours plus de laissés-pour-compte tout en accentuant la fracture sociale et ce qui fragilise la planète au lieu de mettre le paquet pour répondre à l’urgence écologique.

La guerre commerciale bat son plein, les financiers constatent que même les économies des pays du G7 sont entrées ou donnent des signes de récession, de moindre croissance pour justifier l’austérité permanente infligée aux peuples afin de ne pas toucher à leurs profits. Ils refusent, bien entendu, de considérer que c’est leur système économique qui est la cause de la crise profonde qui secoue le monde entier et menace directement la planète.

À Longchamp, les dirigeants du MEDEF se sont efforcés de se montrer optimiste, valorisant « le rôle moteur de ses entreprises ». Ils verdissent leur discours, parlent « de relever les défis écologiques » et même  « d’entendre les colères sociales« …c’est très à la mode mais rien n’avance dans le bon sens, celui du progrès social pour tous, de meilleurs salaires, une meilleure protection sociale, des droits nouveau pour les salariés.es, une retraite digne pour chacun…

Ils expliquent ça par « l‘existence d’un hyper-capitalisme très dur des pays émergents ainsi que les États-Unis qui se replient sur eux-mêmes…Et d’un autre côté un capitalisme modéré, comme en France, qui compte de nombreux salariés actionnaires (oui…3,5% des actionnaires !) intéressés aux résultats…. » comme a pu le dire le président des petites entreprises du 06 (VM 30 août). Estimant qu’il va falloir réduire « certains acquis sociaux comme l’âge pivot de la retraite… »

Retraite : on est dans le dur
Sarkozy vole au secours de Macron sur la question, véritable brûlot social très lourd de conséquences pour les catégories les plus modestes et les plus nombreuses mais aussi pour certains revenus modestes, juste au-dessus de la moyenne et qui sont en train de passer en dessous. Travailler plus longtemps et gagner moins à l’arrivée, c’est tout simplement inconcevable, vu la masse des profits privés que s’approprie une infime minorité.

Ils veulent définitivement en finir avec notre modèle social, véritable « amortisseur des inégalités », déjà vidé en partie de sa substance, accomplissant les objectifs du grand patronat.

La perspective n’est pas dans un capitalisme « mou » contre un capitalisme « dur » ! Il suffit de se rappeler la seconde guerre mondiale (et toutes les autres). « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » disait Jaurès qui a payé de sa vie sa lucidité et son courage.

On a vu ce qu’a donné « la participation » chère au Gl De Gaulle : la privatisation des monopoles d’État issus de la Résistance : le patronat qui avait assez largement pactisé avec les occupants (pas tous évidemment) n’a eu de cesse de reprivatiser dès qu’il a pu en avoir l’occasion.

On est dans une phase régressive en France, en Europe et dans le monde. Le capitalisme n’offre plus aucun débouché social, démocratique, écologiste et de paix…à l’horizon. Il suscite colères et anxiété dans nos sociétés à plusieurs vitesses. Les « grandes » puissances cherchent à maintenir des rapports de forces militaires qui inquiètent et génèrent la montée des nationalismes et des théories les plus inacceptables sur le suprémacisme, l’anti-sémitisme, les racismes, l’homophobie, le sexisme…

Ce débat sur l’urgence à sortir du capitalisme -que propose le PCF- concerne aussi la gauche. Du moins une partie. C’est bien pourquoi identifier la cause profonde qui explique la crise sociale, écologique, démocratique qui se développe dans le monde dominé par ce système économique, est une question d’une grande actualité. Même si la partager ne veut pas dire qu’un changement profond de nature progressiste et écologiste s’imposera à très court terme. Mais il est urgent, en France et ailleurs, de mettre en échec l’inacceptable.

Tout dépend de la volonté des peuples de construire un avenir de progrès, sans dominations, dont ils maîtriseront le processus.

René Fredon

 

À suivre : « Var, le mouvement social vent debout »

(1) https://www.capital.fr/economie-politique/le-traite-de-lue-avec-le-mercosur-ne-sera-pas-ratifie-ministre-1349046

crédit photo France inter.fr

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