Il y a cinquante ans, le 13 juillet 1965, une loi donnait la « majorité économique » aux Françaises. Elles pouvaient entre autres ouvrir un compte bancaire à leur nom sans l’autorisation de leur mari. « Une révolution » s’était exclamé Jean Foyer le très réactionnaire Garde des sceaux de l’époque. Pas faux !
Cette loi serait en effet le levier des mouvements féministes de la fin des années 1960. En 1970 la notion de « chef de famille » disparaît au profit de l’égalité parentale . Ne badinons pas sur les progrès accomplis depuis cinquante ans en ce qui concerne la libération des femmes. La vraie révolution du XX e siècle, en tout cas dans quelques pays européens dont le nôtre.
Pourtant on s’étonne de quelques anachronismes persistants. Exemple.
Récemment une femme mariée ayant gardé son nom de jeune fille (délicieuse expression…) désire contracter un crédit auprès de sa banque varoise et sur son compte personnel. Sa conseillère remplit donc le dossier sur son ordinateur mais… ce dernier refuse de l’enregistrer et réclame le nom d’épouse ! Stupide machine – programmée par des humains – qui ignore que depuis un arrêté de 1974 on peut indifféremment garder son nom ou prendre celui du conjoint ou… de la conjointe. On peut même remonter au 6 fructidor de l’an II (23 août 1794) et à l’article 1er de la Constitution stipulant que tout citoyen se doit de garder son nom de naissance sous peine… d’amende ! Et cet article est toujours valable !
Que nos administrations vivent donc avec leur temps et corrigent ces « vieux systèmes » misogynes. Rappelons aussi que les femmes gagnent toujours 27 % de moins que les hommes et constituent 70 % des travailleurs/ses pauvres. De plus, quinze pays interdisent encore aux épouses de travailler sans l’autorisation de leur mari.
Vous avez dit révolution ?
Danièle MASSE
