« Pendant le match de foot la France fait le spectacle, mais à la fin c’est toujours l’Allemagne qui gagne ». Cette boutade qui circule dans les stades s’est aussi vérifiée à l’ occasion de la crise sanitaire du covid 19.
Comparons. Il y a eu en Allemagne quatre fois moins de morts dus au Corona virus qu’en France. Les allemands n’ont pas connu les attestations de circulation, ni les amendes, ni les ridicules déclarations guerrières, ni les mensonges avérés, ni les hésitations lamentables, ni le manque de lits de réanimation, ni l’hécatombe dans les maisons de retraite, ni la mise en panne de son économie… En somme, une gouvernance meilleure et au bout du compte un exécutif sorti renforcé alors qu’en France la méfiance et le doute se sont installés et sans doute pour longtemps… Pourquoi ?
Le poids de l’inconscient collectif
La réussite allemande s’explique par des bonnes décisions et un inconscient collectif responsable. Pays fédéral, l’Allemagne compte un nombre important de PME qui ont joué le jeu des tests à outrance dès le début ce qui a permis d’isoler très vite et d’une façon systématique les malades. Autre bonne décision, lors des premières annonces, la chancelière s’est appuyée sur les Länder dont relève la gestion de la santé et qui ont su préserver une infrastructure sanitaire solide, les incitant à moduler la parade selon les diverses intensités de contagion.
Elle a su anticiper en écoutant les conseils d’un scientifique éclairé. Mais surtout Merkel a fait appel à la responsabilité de chaque citoyen, sans discours pompeux, sans le côté péremptoire, condescendant et paternaliste de Macron. A la même époque, de leur côté, les français en était encore à voter pour valider l’usage du 49,3 sur la réforme des retraites…
Le comportement des dirigeants français est marqué par l’inconscient collectif d’un pays centralisateur, tandis que l’Allemagne par celui d’un pays fédéral.
Dans cette affaire en France tout a été autoritaire. La Constitution française de 1958 est l’héritage du pouvoir centralisateur des rois. De Gaulle se méfiait du Parlement. Dans la Macronie le pouvoir exécutif n’est plus limité par le pouvoir législatif. Entre le désir arrogant « jupitérien » et le peuple il n’y a plus de barrières.
Le poids des deux conceptions du citoyen.
Depuis la Vème République les lois constitutionnelles protègent la République une et indivisible. En Allemagne, la Constitution fédérale issue de l’expérience du IIIème Reich protège le citoyen. C’est toute la différence. La France est forte pour les discours pompeux, l’Allemagne excelle dans l’action pragmatique. Lorsque Macron s’adresse aux français on dirait un petit prof qui fait la leçon à ses élèves. On sent que le discours est faux. Il veut simplement qu’on lui obéisse. Il joue un rôle. Merkel au contraire s’adresse avec respect et humilité au peuple des citoyens allemands. Elle est naturelle et sincère. Encore une fois l’Allemagne était en avance d’une guerre !
Prenons quelques exemples qui découlent de ces deux visions constitutionnalistes. En France lors du confinement c’est l’agent des forces de l’ordre qui jugeait de la validité du déplacement. En Allemagne pas d’attestation, pas d’amendes, pas d’état d’urgence, pas de rodomontade, pas de dramatisation ni d’injonction sanitaire. Simplement l’appel à la responsabilité. En fin de compte, l’Allemagne est apparue plus démocratique que la France. La France soit disant le pays des droits de l’homme ! Des belles paroles ! D’ailleurs, les juristes vous diront tous qu’une proclamation signifie en fait que la valeur que l’on veut promouvoir n’est pas si profondément assimilée que ça. A quoi sert de proclamer aux yeux du monde ce qui devrait aller de soi ! L’Allemagne reconnaît simplement la dignité de l’homme alors que la France se complait dans des discours abstraits. Macron est le digne continuateur de cette lignée bavarde, prétentieuse et inefficace.
En conclusion l’Allemagne sort renforcée de la crise alors que la France doute de ses dirigeants. On se souvient de la phrase de Michelet, « le plus grand défaut des français c’est de toujours douter de ceux qu’ils ont choisi comme gouvernants. » Ont-ils tort vu le score ?
Jean-François Principiano