Alerte sur les mortalités d’abeilles en Provence
A l’appel du syndicat des apiculteurs professionnels de Provence et de la Confédération paysanne, les apiculteurs de la région se mobilisent pour défendre l’avenir de leur profession ce vendredi 29 mai à Marseille.
A la sortie de l’hivernage, les ruchers de la plaine de la Crau offraient un spectacle désolant, frappés par une mortalité moyenne de 78%, alors qu’ailleurs dans la région les pertes n’ont pas dépassé le taux habituel de 10% à 15%. Au total plus de 1000 colonies ont été concernées par cette surmortalité, soit l’équivalent de 4 exploitations professionnelles. Que les causes de cette mortalité massive soient liées à l’environnement local ne fait aucun doute mais ce sinistre n’est pas un évènement conjoncturel isolé.
Au prétexte de crises sanitaires récurrentes, les agriculteurs sont contraints de protéger leurs moyens de production avec des pratiques qui imposent un lourd tribut à l’environnement. Ici et ailleurs, les abeilles sont soumises à un cocktail de molécules qui, s’il ne les tue pas, raccourcit leur durée de vie ou fragilise leurs défenses immunitaires: produits vétérinaires, pesticides, insecticides, herbicides, fongicides…
Cet hiver c’est allé trop loin et le silence des abeilles disparues ne nous laissera pas sans voix ce 29 mai à Marseille.
Nous demandons à la préfecture de région d’organiser une table ronde rassemblant les représentants de la DGAL1 et de l’ ANSES2. Cette rencontre pourrait fixer les modalités d’une autre l’utilisation des pesticides dans leur ensemble avec une profonde remise en question des pratiques les plus agressives pour l’environnement. Car des évènements comme celui de la Crau se sont déjà produits ailleurs et se multiplieront tant que les pouvoirs publics ne prendront pas les décisions qui s’imposent :
- – la mise en place de méthodes d’évaluation des produits phytosanitaires à la mesure des connaissances et des moyens scientifiques actuels ;
- – la remise à plat des procédures d’homologation et les conditions de mise sur le marché des produits phytosanitaires ;
- – l’arrêt des arbitrages à court terme et la mise en place d’une vraie politique d’accompagnement de l’agriculture pour des pratiques respectueuses des abeilles et de l’environnement.
La filière apicole attend enfin une reconnaissance plus forte de l’abeille domestique mais aussi des pollinisateurs sauvages.