« Document, Fiction & Récit – Art et mémoire des gueules rouges » une conférence de Jean Arnaud
23 février 2018 – 18H
L’exposition « Fragments », consacrée par Corinne De Battista à la mémoire des gueules rouges, présente des œuvres où sont transposés et superposés divers documents d’archive, qui constituent de potentielles trames narratives. À partir des dessins de cette artiste, Il s’agira de comprendre pourquoi et comment peuvent s’établir dans l’art actuel un nouveau désir de récits, et de discuter des enjeux d’une nouvelle relation entre archive et fiction en arts.
Dans le monde contemporain, le récit se construit avec des mots, mais aussi avec des images et des signes de toutes sortes. Ses formes semblent infiniment variables, et ses fonctions sont parfois confuses en ce début de XXIème siècle où les médias véhiculent à l’échelle planétaire et en temps réel des informations pléthoriques sur tous types de supports. Dans ce contexte multiple, de nouvelles formes narratives se développent dans la création artistique ; elles s’expriment bien sûr à travers les médiums traditionnels (peinture, dessin, photo, cinéma, vidéo…) mais aussi de plus récents, issus de leurs croisements. L’installation, et l’exposition elle-même, sont maintenant d’importants vecteurs de récits.
En s’appuyant sur différentes œuvres contemporaines, cette conférence portera sur deux aspects de cette question :
1- Transpositions – Le geste consistant à transposer un document du champ de l’information au domaine de l’art s’est banalisé au XXème siècle ; mais aujourd’hui, les artistes utilisent des images documentaires dans leur peinture ou leurs dessins non seulement de manière à rapprocher l’art et la vie, mais aussi pour créer des espaces poétiques où se développent encore une pensée des mondes possibles, une activité critique ou un devoir historique de mémoire, alternative ou non.
2- Équivalences – Une autre attitude consiste à considérer le geste documentaire et le geste artistique comme équivalents.
De nombreux créateurs affirment aujourd’hui leur travail selon une porosité entre les deux ; ils mêlent archive collective et archive personnelle, ils utilisent indifféremment des moyens plastiques de représentation et des documents réels — archivés ou pas —, dans toutes sortes de dispositifs (du collage à l’installation où à l’exposition considérée elle-même comme œuvre…). Leurs récits s’ouvrent à l’espace du spectateur comme autant de contre-narrations du monde; ils nourrissent souvent l’ambition de donner corps à une mondialité fondée sur une nouvelle forme d’humanisme…
À propos du conférencier
Jean Arnaud est artiste, agrégé et professeur des universités en arts plastiques à Aix- Marseille (AMU). Membre du LESA (Laboratoire d’études en sciences de l’art, AMU), il considère la création artistique et la recherche théorique comme des domaines complémentaires. Il travaille sur les thèmes suivants :
— Biomorphismes. Approches sensibles et conceptuelles des formes du vivant, — Etudes de diverses morphologies plastiques (feuilletages, entrelacs, flous…), — Images en transit – Territoires et médiums,
— Création artistique et récit au XXIe siècle – Document, fiction et droit dans l’art contemporain.
Jean Arnaud est auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles. Livres récents : Espaces d’interférences narratives – Art et récit au XXIe siècle (sld., PUM Toulouse, fév. 2018), Document, fiction et droit en art contemporain (sld. Bruno Goosse et Jean Arnaud, PUP Aix- en-Provence et ARBA Bruxelles, 2015), L’espace feuilleté dans l’art moderne et contemporain (PUP Aix-en-Provence, 2014). Il expose régulièrement son travail plastique. Expositions récentes : Sauver sa peau, galerie Zola, cité du livre d’Aix-en-Provence (2017), galerie Art Est- ouest, Marseille (2016), Biennale de la photo d’Aubagne (Photologies, Espace Bras d’or, 2016), Centre d’art Villa Tamaris à La Seyne/mer (2016, 2014 et 2011), Centre d’art actuel des Chartreux (Drawing in an expanded field, Bruxelles, 2011).
