A gauche : l’équation à résoudre…d’urgence !

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Le premier week-end de février a vu le lancement officiel de la campagne des Présidentielles et des Législatives de quatre des cinq candidats briguant la qualification pour le second tour.

Fillon n’ayant pas convaincu après les révélations que l’on sait. M. Le Pen pas gênée et pourtant son affaire d’emplois fictifs au détriment du Parlement européen est de même nature. Les médias dominants sont plutôt discrets et même bienveillants à son égard.

Son programme en 144 points est conforme à ses « valeurs » fondatrices : l’immigration et son corollaire les Français d’abord, pivot de toute son argumentation, sécurité (le musulman est l’ennemi de l’intérieur) et militarisation de la société, repli nationaliste baptisé « patriotisme », promesses sociales en forme de leurre, sans toucher au libéralisme…, des gages aux entreprises, sortie de l’Europe mais pas de l’OTAN, alignement sur Trump devenu la référence, Le Pen (père) se voulait « le Reegan français ». Ce n’est pas l’exploitation capitaliste, c’est la mondialisation qui expliquerait tout, l’extrême-droite fait feu de tout bois !

La redistribution des cartes à gauche avec la victoire de Benoît Hamon à la primaire socialiste, (donné aussitôt dans les sondages devant JL Mélenchon ?), nourrit un espoir de rassemblement des forces progressistes pouvant se qualifier et l’emporter dans l’hypothèse la plus favorable. Faute de quoi nous aurons droit  à un duel « libéral – extrême-droite » dont on ne  peut attendre qu’une aggravation de ce qu’on vient de vivre.

Mais un rassemblement pour quoi faire et derrière qui ? Le vainqueur de la primaire socialiste a certes éliminé Valls après le retrait de Hollande, une bonne chose. Il est engagé dans le rassemblement des socialistes aux positionnements parfois inconciliables et qui, pour ce qui concerne les parlementaires, ont toujours voté très majoritairement pour les projets de loi du gouvernement qui ont fait se lever les salariés.

Beaucoup de ces parlementaires se tournent vers Macron, autre libéral assumé et le font savoir. Hamon a la difficile mission de maintenir à flots un PS dont la cohésion interne a  montré ses limites après l’échec du quinquennat qui a conduit Hollande à jeter l’éponge.

Je ne pense pas qu’un candidat estampillé PS, même frondeur, qui a fait partie de ce gouvernement, soit le mieux placé pour créer la dynamique, notamment chez tous ceux qui ont souffert des politiques d’austérité et lutté contre la dérive libérale du pouvoir socialiste mais aussi du PS.

On peut comprendre que Jean-Luc Mélenchon ne soit pas prêt à se placer sous l’aile protectrice d’un parti et d’un homme qu’il connaît bien, même si le programme de Hamon offre de réelles convergences avec le sien.

D’autant que JLM a décidé de sa candidature il y a plus d’un an et qu’il l’a voulue « hors des partis », créant un mouvement « La France insoumise », agrée comme…parti politique (JO du 2-2-17, texte 77) dont il a fixé le cadre et les grandes orientations.

On connaît son charisme, ses qualités de tribun, sa culture, son expérience, la dynamique qu’il a créée. Le PCF lui a apporté son soutien, en toute autonomie, avec ses propositions et sa volonté d’un rassemblement plus large que celui de la France Insoumise.

JL Mélenchon a fait savoir qu’il était prêt à rencontrer Hamon sans faire de concessions encore moins envisager un retrait ou passer des accords d’appareils, la « tambouille » électorale comme il dit. II pense, c’est logique, qu’il est le mieux placé pour rassembler toute la gauche de transformation sociale. Hamon aussi.

Or c’est précisément l’équation à résoudre : gagner dans l’union de toutes les sensibilités progressistes ou perdre par l’émiettement des candidatures. Elles sont 5 à gauche à cet instant : Mélenchon, Hamon, Jadot, Poutou, Artaud.

Et si elles se donnaient l’objectif et la volonté de construire un pacte d’engagement commun porté par une majorité parlementaire qui réponde aux urgences sociales, aux enjeux économiques, écologiques, sociétaux, constitutionnels… d’aujourd’hui, en s’en donnant les moyens, notamment par  la maîtrise de la finance ? N’est-ce pas ce qu’attend le peuple de gauche et au-delà une majorité de Français ?

Chaque candidat y est-il prêt ? Avec ses propres réponses sachant qu’ il n’ y a qu’unis qu’ils peuvent espérer les voir mises en oeuvre. Sans se renier, sans renoncer à exprimer leurs différences, leurs analyses, leurs solutions.

Prêt à construire du commun en s’appuyant sur un mouvement citoyen exigeant et vigilant, expression de la lutte des classes, force motrice permanente de toute transformation sociale dans le sens des intérêts populaires, indissociables de ceux de la nation tout entière.

Ne serait-ce pas le meilleur moyen de recréer l’espoir chez tous ceux qui s’abstiennent par résignation, sentiment d’impuissance, d’exaspération quand ce n’est pas de trahison, de défiance légitime et faute de perspective crédible quand un gouvernement issu de la gauche se fourvoie dans la gestion du libéralisme ?

Il s’agit de trouver le plus grand dénominateur commun possible, dans le pluralisme. Et pour cela d’en avoir la volonté politique si l’on veut passer le cap du 1er tour. Et c’est possible. Le choix du candidat étant affaire collective nullement insurmontable.

Nous n’en méconnaissons pas les difficultés, ni les contradictions, les questions d’égo comprises. Ou l’état d’avancement de la campagne et les engagements des candidats « d’aller au bout ». Si c’est pour renouveler le 1er tour de 2002 et laisser la droite et le FN face à face au second, cela vaut d’y réfléchir ?

Ne serait-ce que poussées par la nécessité d’éviter le pire au pays, les forces de la gauche authentique anti-libérale ne peuvent ignorer les conséquences de leur division. Mais si elles savent en créer les conditions, elles peuvent ouvrir une autre page de l’histoire de notre pays qui marquera un tournant vers le progrès social et humain, les libertés, la protection de la planète, la paix entre les hommes.
L’enjeu est d’importance : l’avenir du pays ! Et tout est encore possible.

C’est à tous les progressistes, à tous les citoyens d’en décider et d’intervenir dans ce débat.

René Fredon

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