29 mai 68 lorsque De Gaulle tirait sa révérence

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29 mai 2018 création au Comedia de Toulon d’une pièce sur le voyage de De Gaulle à Baden Baden le 29 mai 1968. Philippe Chuyen et José Lenzini et la Cie Artscénicum réalisent un saisissant moment de théâtre.

Les auteurs traitent du sujet avec une objectivité d’historiens sous forme d’une théâtralisation à cinq (De Gaulle, Massu, Pompidou, Yvonne de Gaulle et Floyic l’aide de Camp qui apparaît en témoin dans une vidéo.) Plus un invité surprise. Du théâtre de qualité servi par des comédiens fortement impliqués (Blanche Bataille, Philippe Chuyen, François Cottrelle, Morgan Defendente et Thierry Paul). Parfois un peu plus de rythme aurait mieux servi ce texte dense et littéraire (ce qui peut se corriger par la suite).

Un mystère qui reste entier. Pourquoi de Gaulle s’est-il rendu le 29 mai 1968 à Baden Baden, siège du commandement en chef des Forces Françaises en Allemagne, pour y rencontrer le général Massu ? Pourquoi d’abord Baden-Baden et pourquoi Massu ? Que se sont-ils dit au cours de cette fameuse journée ? Mais avant cela, quel fut l’état d’esprit du général pendant les événements de Mai ? Quelle relation entretint-il avec son entourage et quelle image donna-t-il de lui ? « On n’a pas fini d’interpréter mon voyage à Baden-Baden !… » disait l’ancien président de la République. L’historiographie contemporaine est unanime pour considérer que De Gaulle n’a pas compris les aspirations sociales de la jeunesse. L’ « homme providentiel » a buté sur un fait générationnel. Et même si la bourgeoisie reprendra les commandes du pouvoir le lendemain de son discours du 30 mai, l’héritage sociétal de mai 68 est acquis indéniablement. Les questions au sujet de cette « fuite à Baden » sont nombreuses. Certaines explications, hypothétiques (sans sources historiques) ont été avancées. Par exemple l’idée d’un contact rassurant avec un représentant de la Russie soviétique qui devait calmer le jeu du PCF. Ou bien tout simplement De Gaulle aurait voulu s’assurer de la loyauté de l’armée. Bref tout ce pseudo mystère avait de quoi séduire les observateurs. L’idée de ce spectacle mêlant le témoignage vidéo de l’amiral Flohic, à l’époque aide de camp de De Gaulle, et le texte de Lenzini est heureuse. Un travail collectif qui devrait séduire les amateurs de théâtre historique et politique. Il sera donné au Festival off d’Avignon cet été avant de tourner dans toute la France. Souhaitons-lui bonne chance.

Jean-François Principiano

« De Gaulle 68 La Révérence » le voyage à Baden Baden de De Gaulle de José Lenzini et Philippe Chuyen

Légende photo : Philippe Chuyen entouré d’André Neyton à gauche et François Cottrelle qui tient le rôle de De Gaulle à droite.

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