L’OTAN d’hier et d’aujourd’hui

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Parce que le Var est un des départements le plus militarisé, il nous semble intéressant de vous proposer la lecture de la conclusion d’un rapport traitant de la Mission d’Information sur l’évolution du rôle de l’OTAN.

La mission d’information sur l’évolution du rôle de l’OTAN est composée de : – MM.Gilbert Le Bris et Philippe Vitel, rapporteurs ;
et M. Bernard Deflesselles, Mme Édith Gueugneau, MM. Francis Hillmeyer, Gwendal Rouillard, membres.

« Vue des États-Unis, l’OTAN est une organisation européenne. Vue de l’Europe, l’OTAN est une organisation américaine. Aux yeux de vos rapporteurs, l’OTAN est une alliance politique et militaire indispensable à la sécurité euro-atlantique et constitue une boîte à outils militaires disponible tant pour les forces européennes que pour les forces américaines.

Lors de sa création, l’Alliance a pour finalité, selon le mot de Lord Ismay, de « maintenir les Russes au-dehors, les Américains au-dedans et les Allemands soumis » (1). Cette doctrine est évidemment obsolète, tant les rapports de forces ont évolué : l’URSS est devenue la Russie, les États-Unis ne sont plus cette « République impériale » qualifiée par Raymond Aron, l’Europe s’est transformée, notamment sous l’impulsion du couple franco-allemand. Certes, les États européens membres de l’OTAN demeurent des freeriders – des passagers clandestins – ne partageant pas suffisamment le fardeau de la défense collective aux yeux des États-Unis. Néanmoins, ils travaillent de plus en plus à la cessation de leur déflation stratégique.

La question de la pertinence de l’Alliance atlantique, encore sur de nombreuses lèvres il y a peu, est aujourd’hui moins problématique. Le contexte sécuritaire actuel justifie l’existence de l’OTAN, à même d’assurer, aux côtés de ses partenaires, la sécurité des territoires et des populations de ses membres, mais également d’autres, en intervenant « hors zone ». Le monde bipolaire de la Guerre froide a disparu, de même que le monde unipolaire qui a émergé au lendemain de la chute du Mur de Berlin et de la dissolution du Pacte de Varsovie. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans un monde « apolaire », où plus personne – du moins pour l’instant – ne peut imposer sa volonté au reste du monde.

Nous n’imposerons pas notre vision du monde, pas plus que les valeurs qui nous unissent – liberté, société ouverte, droits de l’homme, égalité entre les femmes et les hommes – aux autres par la force. De ce point de vue, l’OTAN est et doit rester une alliance défensive. Toutefois, dans le contexte stratégique actuel, il nous faut garder intact un esprit de défense et savoir se doter des moyens humains, matériels, tactiques, permettant de nous protéger de toutes les hostilités.

Il est difficile de prédire la nature des conflits de demain. Les travaux prospectifs de l’Alliance, de l’ACT et de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ont notamment pour objet d’anticiper ces menaces pour l’heure insaisissables. Au-delà de la résurgence d’une menace russe, il conviendrait ainsi par exemple de veiller à l’émergence de nouvelles forces, issues notamment d’Asie. L’expansion chinoise n’est ainsi pas sans interpeller. C’est pourquoi, comme vos rapporteurs l’ont indiqué dans le corps du rapport, cette vigilance doit s’adresser « à 360° », tant s’agissant des espaces géographiques, de l’Arctique au flanc sud, que s’agissant de nouvelles sources de conflits, dont nombreux seront liés au changement climatique et à la raréfaction des ressources naturelles.

Près de sept ans après la réintégration de notre pays au sein du commandement militaire intégré de l’Alliance, d’aucuns s’interrogent sur la pertinence de ce choix, et souhaitent un nouveau retrait. La réponse de vos rapporteurs est sans appel : la France est à sa place au sein de l’Alliance atlantique. Elle fournit un juste effort au regard de ses engagements en OPEX et sur le territoire national, mais gagnerait à davantage assumer son retour.

Notre plein retour au sein de l’OTAN nous a permis de gagner en influence, et d’occuper des postes clés au sein des Commandements suprêmes. Il s’agit d’une chance économique, militaire, diplomatique et politique, de conforter la place de notre pays sur la scène internationale, et de nous assurer du soutien sans faille de nos alliés dans le cadre de nos actions. À l’heure où notre pays vit sous une menace terroriste permanente, et alors que nos concitoyens ont été assassinés ou sont meurtris dans leur chair, il est plus que jamais essentiel de compter sur l’entière solidarité de nos Alliés.

La fin de la Guerre froide a un temps fait croire à l’émergence d’un monde sûr. Pourtant, les menaces sont aujourd’hui plus diverses et complexes que jamais, et l’OTAN est plus que jamais nécessaire pour y faire face, en collaboration avec l’Union européenne et ses autres partenaires. »

Philippe Vitel Député du Var (LR)
&
Gilbert Le Bris Député du Finistère (PS)

(1) “to keep the Russians out, the Americans in, and the Germans down.”

 

 

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