Vote de l’article 1 sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence : L’hémicycle était vide !

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Aucun député varois présent lors du vote de l’article 1er !!
Depuis les tragiques attentats de Paris du 13 novembre, les Français, après le choc, sont naturellement préoccupés des mesures de sécurité prises et à prendre pour faire face à la menace terroriste qui continue d’être suspendue sur la France et d’autres pays intervenant dans les conflits du proche Orient.

Sans revenir sur le débat de fond qui occupe la nation, le gouvernement a décidé de faire adopter plusieurs projets de lois concernant notamment la constitutionnalisation de l’état d’urgence (article 1er) et la déchéance de la nationalité (article 2) venus en discussion à l’assemblée nationale les 8 et 9 février 2016 et qui viennent de faire l’objet d’un premier vote.

On aurait pu penser qu’un tel sujet mobiliserait tous les députés qui se feraient un devoir de participer à ces débats et d’être présents lors du vote de chacun des articles.

Pas du tout. Seulement 136 votants (sur 577) ont participé au vote sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, sujet d’importance qui a suscité une très grande sensibilisation de l’opinion publique et une profonde diversité d’approche à droite comme à gauche. 441 députés avaient mieux à faire qu’à venir prendre personnellement position. Parmi les absents les 8 députés du Var ! Félicitations.

Il faudra qu’ils expliquent à leurs électeurs que, pour un vote d’une telle importance, ils ont choisi la désertion des urnes.

D’autant que le lendemain, pour l’article 2 sur la déchéance de la nationalité, 332 sont venus voter ! Plus du double, c’est mieux mais encore 245 absents ! Quel courage, quel exemple. Qu’ils viennent au moins s’abstenir et s’en expliquer !

Ce 2è article a été adopté de justesse : 168 Pour et 142 contre, 22 abstentions
Trois députés varois ont voté : Josette Pons et Olivier Audibert-Troin POUR la déchéance de nationalité, Geneviève Lévy CONTRE. Et les 5 autres : Vitel, Giran, Ginesta, Couve, Vialatte…pas d’opinion ?

On veut bien excuser les cas de force majeure justifiant une absence mais enfin, pas pour le confort des professionnels de la politique, sensés être sanctionnés pour…absentéisme non justifié. Pas autant à la fois, personne ne peut y croire.

Donc il y a des raisons politiques à cela. A chercher, peut-être, du côté de l’embarras et de la division à l’intérieur des groupes où l’expression commune, dans le même sens, de députés PS et LR, de loin les plus nombreux, pouvaient faire basculer le premier vote dans l’autre sens, celui du rejet.

Ainsi pour la constitutionnalisation de l’état d’urgence, seuls 96 PS (sur 287), 3 écologistes (sur 18) et un seul LR (sur 196) ont voté « Pour ». 8 PS et 6 LR Contre ainsi que 6 écologistes, 3 communistes du groupe démocrates et républicains. Majorité Pour.

Si celles et ceux qui ont voté Contre le lendemain (déchéance de la nationalité), 92 PS et 30 LR avaient voté Contre la veille, l’article n’aurait pas été voté.

Autrement dit tout s’est passé comme si les députés LR, pourtant favorables au projet de loi, ne voulaient pas s’associer au gouvernement pour en partager la responsabilité, d’une part, et, d’autre part, comme si les députés PS qui étaient en désaccord ne voulaient pas prendre la responsabilité de mettre le gouvernement en minorité en votant contre. Ils étaient 92 le lendemain à voter contre la déchéance de nationalité.

On est dans la tactique politicienne. Comment veut-on que le citoyen lamda s’y retrouve. D’autant qu’on lui martèle que le débat était de haute tenue et qu’il fallait faire bloc contre les terroristes, que les questions d’intendance, le chômage, les salaires, les libertés…c’est important certes mais d’abord la sécurité. Et nos députés s’abstiennent, massivement !

Le débat n’est certes pas achevé. Il reprendra devant le Sénat puis il y aura des navettes entre les deux assemblées et au bout, la réunion du congrès (les deux assemblées ensemble).

Ne perdons pas de vue que le gouvernement reprend à son compte des propositions qui ont été faites en leur temps par l’UMP et le FN fustigeant « le laxisme de la justice » pour « renforcer les pouvoirs de l’exécutif ».

Ni que le combat contre Daesh peut se réduire à un renforcement de nos interventions militaires et de notre protection intérieure qu’il faut, bien entendu, rendre aussi efficace que possible. Sans renier nos principes républicains. La déchéance de la nationalité n’étant d’aucune efficacité, ni pratique ni symbolique.

Quant à la constitutionnalisation de l’état d’urgence, cela fera sans doute plaisir aux fanatiques de Daesh qui en sont le prétexte, beaucoup plus sûrement  que nous serons mieux protégés contre les interprétations liberticides qui pourront être faites de cette modification.

Il reste que pour que la parole publique puisse être plus crédible -et elle en a grand besoin-, il importe que les législateurs que sont les parlementaires donnent une autre image que le spectacle d’un hémicycle aux trois quarts vide quand il s’agit de modifier la constitution !

Il sont beaucoup plus nombreux les jours de retransmissions publiques et cela n’échappe à personne.

L’absentéisme parlementaire -dont les députés varois sont une si brillante illustration- constitue un véritable déni de démocratie. Il ne date pas d’hier mais ce qui vient de se passer laissera des traces. Il y a de l’indignation, justifiée et une demande de sanctions financières qui théoriquement existe mais facilement contournée.

Comme quoi l’austérité est moins sévère pour ceux qui en décident et qui en demandent toujours plus…pour les autres.
René Fredon

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