Veut-on installer plus de fermes en Provence-Alpes-Côte-d’Azur ?

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Les voyants sont au rouge. Les alertes se multiplient face au difficile renouvellement des générations agricoles. La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur comptait 30 000 fermes en 2000, il n’en reste plus que 18 000 en 2020. Avec un tiers des actifs agricoles âgés de 60 ans et plus et le remplacement d’un départ à la retraite sur deux, la tendance n’est pas prête de s’infléchir si rien n’est fait pour y remédier urgemment. Cette hémorragie hypothèque la capacité de la région à nourrir sa population, au moment où les territoires recherchent plus d’autonomie alimentaire, et met à mal la vitalité de notre économie rurale.

Tout le monde en convient : il faut maintenir et installer plus de fermes en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Problème : la principale aide à l’installation, la Dotation Jeunes Agriculteurs, ne joue plus son rôle. Créée en 1973, conditionnée à des critères d’âge (40 ans), de diplôme (diplôme agricole niveau IV) et à des indicateurs économiques (revenu équivalent de 1 à 3 SMIC après 4 ans), la DJA ne convient plus aux projets et profils des nouveaux agriculteurs qui s’installent en région aujourd’hui. Ainsi entre 2014 et 2020, seulement 22 % des installations ont pu bénéficier de cette dotation.

L’urgence est donc de mettre à jour ce dispositif obsolète afin qu’il puisse retrouver son rôle levier au bénéfice d’un maximum d’installations. Précisément, à partir de 2023, chaque région a la possibilité de réformer l’appui à l’installation pour mettre en place une ou plusieurs aides mieux adaptées aux réalités locales. Que prévoit le Conseil régional ?

Il plie face à l’insistance du syndicat « Jeunes Agriculteurs » et refuse d’ouvrir les conditions d’accès à la dotation installation, à l’avenir toujours réservée aux moins de 40 ans, détenteurs d’un diplôme agricole de niveau IV. Le bonus prévu pour les installations hors du cadre familial sera supprimé. En revanche, les quelques heureux bénéficiaires de la DJA verront leur dotation augmenter de 6000 euros et ne seront plus soumis à un contrôle contraignant.

En parallèle, aucune dotation complémentaire n’est prévue pour les trois quarts des nouveaux installés qui ne bénéficieront pas de la DJA, comme il en existe en Occitanie par exemple.

Au total, 24 millions d’euros sur sept ans seront injectés dans une mesure qui continuera à ne bénéficier qu’à une minoritéd’installations, ce qui n’est pas sans nous interroger en terme de gestion des fonds publics.

L’ARDEAR et la Confédération paysanne, qui accompagnent et représentent depuis de nombreuses années ces nouveaux publics d’agriculteurs, n’ont de cesse de sonner l’alerte et d’inviter à réformer profondément la politique d’appui à l’installation transmission. En vain.
Dans une lettre ouverte en date du 5 mai, adressée aux membres du Comité Régional Installation Transmission, les deux organisations dressent l’état des lieux et réitèrent leurs propositions pour freiner la décrue des fermes en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Isabelle Bouvier et Sylvain Apostolo 

Confédération paysanne du Var
La Maison du Paysan
ZAC de la Gueiranne
Route du Vieux Cannet
83340 LE CANNET DES MAURES

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