Vérité et justice pour Nahel. Contre toutes les violences unissons-nous

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crédit photo www.revolutionpermanente.fr

Les obsèques de Nahel ont eu lieu samedi en fin d’après-midi au cimetière du Mont Valérien de Nanterre dans le calme et le recueillement. Plusieurs centaines de personnes ont partagé la douleur de sa mère dont il était l’enfant unique. Une cérémonie funèbre avait eu lieu à midi à la mosquée de Nanterre.

Les circonstances de sa mort ont suscité partout en France une émotion et une indignation considérables qui se sont aussitôt exprimées, dans tous les milieux sociaux :après la mort d’un jeune de 17 ans, tué à bout portant, dans une voiture à l’arrêt, par un policier, lors d’un contrôle auquel Nahel ne voulait pas se soumettre !

Faudrait-il banaliser le geste du policier en l’état actuel de l’enquête ? Pour le procureur, « le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies » et a mis le policier en examen et en détention. Il est suspendu administrativement.

Selon BFMtv samedi 1-7-23, une vidéo amateur a saisi le tir à bout portant d’un motard de la police qui contredit le récit initial livré par les policiers.

La colère légitime s’est répandue également dans et hors les quartiers toujours autant oubliés et stigmatisés. L’indifférence du pouvoir aux cris de la société est ressentie comme de la violence sociale et ne peut qu’engendrer de la violence. Rappelons-nous Sarkozy qui, en 2002, avait redéfini la police de proximité « qui n’était pas là pour faire du social mais pour traquer la délinquance » dans nos quartiers sensibles ! Depuis, combien de commissariats ont-ils été supprimés ?

La colère a pris, quatre nuits durant, des formes de révoltes violentes, suivies de pillages, de destructions de biens publics et privés que l’on peut expliquer mais qu’on ne peut pas cautionner car cela donne au pouvoir libéral et à ses alliés de droite et d’extrême-droite, le prétexte de renforcer leur dispositif sécuritaire de plus en plus privatif de nos droits et libertés publiques.

Ils visent aussi ceux qui respectent les lois mais que les libéraux et ultras estiment trop envahissants parce qu’ils défendent les intérêts populaires majoritaires. Comme si le pouvoir respectait les principes au coeur de la République et de la déclaration des droits de l’homme. L’exemplarité de ce gouvernement -et d’autres- est loin des exigences de leur fonction.

Le Var a été peu affecté par les débordements violents et les actes de vandalisme. Le rassemblement du 30 juin à 20 h, devant la mairie de Toulon auquel appelait l’U.L CGT pour marquer sa solidarité envers la famille de Nahel et sa condamnation des violences policières a été interdit par le préfet. L’usage des armes des forces de l’ordre ne se discute pas en Macronie. On en voit le résultat.

Du coup Macron passe dans le monde pour un président dépassé par les évènements qu’il ne maîtrise pas mais qu’il a provoqués à travers ses choix et ses méthodes de « sur-doué » qu’il ne faut pas contrarier ! Il n’a que faire du peuple souverain.

Liberté, égalité, fraternité ?
En réalité, ils criminalisent les contestataires de leur conception de l’ordre public et de leurs politiques d’austérité qui frappent en premier les catégories sociales les plus modestes mais aussi la masse des salariés.es, des retraités et des jeunes.

Ils imposent leurs politiques de classe au profit des milliardaires en essayant de mettre les problèmes les plus urgents sous le tapis, sans prendre en considération les propositions des laissés-pour-compte, de leurs associations, de leurs représentants. Ils répriment de plus en plus les manifestants exaspérés par le mépris avec lequel le pouvoir les traite. (2)

Déjà en 2005 à Clichy-sous- Bois, deux jeunes, Zyed et Bouna poursuivis par des policiers sont morts électrocutés à proximité d’un transformateur ! Il y a eu les Gilets Jaunes, il y a eu les six mois d’actions de masse pour les retraites…sans la moindre concession. Faut-il en conclure que seule la violence des manifestations pourrait aboutir à des changements significatifs ?

Là est le piège : ce serait donner du grain à moudre au pouvoir et à ceux qui le soutiennent tout en le trouvant trop timide dans l’austérité renforcée, le RN amplifiera sa surenchère sécuritaire et identitaire et sa haine des populations issues de l’immigration notamment nord- africaine et africaine. Il n’y a qu’à lire ce qu’ils promettent pour « purifier » la France et renvoyer chez eux des citoyens français dont l’origine ne leur revient pas. La décolonisation ne passe pas.

Ils professent que l’intention des arabo-musulmans serait de venir remplacer la population française, ce qu’ils appellent « le grand remplacement » ! Du délire paranoïaque qui ne peut que diviser les Français.es en inséminant le poison ultranationaliste qui débouche sur le fascisme. On n’en est pas loin en Europe.

S’unir et agir plutôt que subir
Ils se déchaînent pour que Macron et l’exécutif soutiennent inconditionnellement la police et les policiers et pour que les populations les plus exploitées, les salariés.es les plus revendicatifs, tous les mécontents…soient impitoyablement traités comme de mauvais républicains et patriotes !

Mieux vaut s’unir et gagner l’opinion de l’immense majorité pour peser sur les responsables et leur faire adopter par la force du nombre des propositions progressistes. L’action et la détermination seront à coup sûr la stratégie la plus efficace. Certes, on ne gagne pas à tous les coups. En revanche on est sûr de perdre si on n’agit pas.

Nous vivons, dans le Var comme ailleurs, l’amplification des inégalités sociales et sociétales que nous impose le libéralisme. Le fossé s’élargit entre le peuple qui constate que plus ça va mal pour lui, plus ça va bien pour les maîtres de l’économie, de la finance et de la politique. Au point que la moitié des citoyens.es ne vote plus et ne croit plus à rien. C’est l’échec des gestionnaires de notre pays, de l’Europe et du monde.

C’est à ce « mur du fric » que nous sommes confrontés. On n’y arrivera que collectivement, dans la solidarité et la fraternité et parce que nous avons les mêmes intérêts. On veut la même justice pour tous et l’on ne peut plus tolérer que les « gardiens de la paix » tuent nos enfants impunément. Tout doit être repensé et transformé.

On sait dans nos quartiers populaires mais pas que, le nombre très élevé de familles qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté ce qui entraîne des abstinences dans bien des domaines, pas seulement alimentaire, des écarts persistants dans l’accès à la formation, à l’emploi, au logement, aux soins…notamment, auxquels s’ajoutent de multiples discriminations sociales, économiques, culturelles, politiques. On veut y vivre décemment.

Unissons-nous pour construire une France de progrès et de justice, de paix et de droits, les mêmes pour tous, une société de respect de nos différences et de respect de la planète qui en a le plus urgent besoin.

René Fredon

(1) La déclaration du PCF https://www.pcf.fr/pour_la_verite_et_la_justice_pour_nahel (2) la déclaration du syndicat de la magistrature

https://www.syndicat-magistrature.fr/notre-action/justice-penale/2609-ce-n-est-pas-a-la- justice-d-eteindre-une-revolte.html

2 COMMENTS

  1. Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie. Platon
    Laurent di Gennaro

  2. Certains sur les réseaux dits sociaux manquent de mesure et de lucidité.
    Voilà ce qui est entrain de se jouer sous nos yeux : division, peur, pour instaurer sans résistance une « démocratie » liberticide ou une dictature assumée.
    Peu importe le déclencheur, notre système porte en lui le chaos !

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