Var : que va-t-il rester de l’UMP ? Falco en porte-à-faux…

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Après le numéro d’équilibriste de Macron au congrès des maires, les réactions des maires de droite varois traduisent un grand embarras qui doit réjouir le démiurge. Il en séduit beaucoup qui, à droite, reconnaissent qu’il va dans le sens de ce qu’ils proposaient, pas toujours aussi loin mais beaucoup plus vite !

Ce n’est pas parce qu’il a choisi d’anciens ministres de Hollande qu’il faut lui en tenir rigueur, n’est-ce pas ? Comme si c’était une caution…de gauche !

D’autres s’apprêtent à suivre Wauquiez qui ne cache pas ses priorités : identité, sécurité, immigration, fidélité aux valeurs libérales…jusqu’à disputer le terrain au FN, lui aussi en pleine crise, à la recherche d’une nouvelle image et d’un secrétaire pour le Var…

D’autres encore créent une nouvelle formation compatible avec le parti macroniste.

Cela se traduit, par exemple, par des propos très enthousiastes du président UMP des maires du Var, J-P Véran, manifestement séduit par le discours de Macron au congrès de ses pairs. « On ne peut pas dire que les communes rurales manquent de fonds…au niveau des dotations on s’en est pas mal sorti…pour 2018 on notera une stabilité de la DGF (dotation globale de fonctionnement)…on ne peut pas distribuer comme à une époque…la plupart des maires ruraux gèrent leur eau et en tirent un peu de bénéfice. » (VM 22/11/17)

N’en jetez plus, la cour est pleine. Son seul souci à ce notaire à la retraite c’est « pourvu que les intercommunalités ne gèrent pas à notre place ! » comme le prévoit la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) qui a rendu obligatoire le rattachement à un ensemble intercommunal.

Maintetant que le travail a été fait : plus que 13 régions, 22 métropoles (au 1er janvier), les agglos…des pouvoirs renforcés : les départements, les communes…il va leur rester quoi ?

Macron s’est fait un plaisir de dire aux maires qu’il ne toucherait pas à la nouvelle organisation territoriale. Pardi, il espère bien que chacun s’en accommodera, il ne forcera personne, voyons, le plus gros est fait. Les préfets se chargeront de convaincre les réticents de la recentralisation opérée sous Sarkozy et poursuivie sous Hollande, avec le concours très actif de Macron, conseiller spécial de Hollande avant de devenir son ministre de l’économie !

Il s’agit de drainer les capitaux vers les plus grandes agglomérations au détriment des autres et de l’équilibre des territoires. Par la réduction des dépenses publiques et l’exonération fiscale des entreprises et des grandes fortunes !

La réduction des dotations de l’État et le prélèvement de 13 mds en 5 ans sur les budgets des collectivités ne sont pas une contrainte économique objective mais relèvent d’un choix politique : celui d’un transfert de la dette privée sur le budget de l’État et des collectivités territoriales pour favoriser l’investissement privé.

Falco n’a pas dû apprécier le distingo que Macron a fait entre « les 5 à 8 métropoles d’ambitions européennes et mondiales » parmi la vingtaine qui ont choisi le label censé ouvrir à toutes l’accès à des financements privilégiés ! Il a compris que Toulon, contrairement à Marseille et Nice ne serait pas dans la même catégorie.

Il n’avait pourtant pas lésiné sur les arguments pour emporter la décision des maires d’opter pour la métropole. Et puis ça sonne mieux que l’agglo. Le regretterait-il déjà ?
Conviendrait-il que le regroupement systématique des communes rendu obligatoire a des relents douteux tournant le dos à la démocratie en même temps qu’une tendance affirmée à favoriser les communes les plus importantes appelées à prendre les commandes et à privilégier les délégations de services publics aux plus puissantes multinationales, comme à Toulon ? D’autant plus facilement qu’elles sont à droite, à une exception près.

Conviendrait-il aussi que ce sont dans les communes les plus grandes que la participation au scrutin municipal est la plus faible, ce qui donne aux élus de ces communes moins de représentativité que dans les plus petites ?

Celles jugées « économiquement non rentables » et qu’il faut faire disparaître. Sinon en les supprimant, du moins en les dissolvant ! Macron ne fait pas autre chose et Me Véran abonde dans son sens.

C’est que les municipales se profilent et la Bérézina des législatives a redistribué les cartes à droite. Il y a de la reconversion dans l’air, d’autant plus facilement que Macron n’a pas eu de mal à récupérer, sur les décombres du PS et de l’UMP, ministres et jeunes loups des deux nuances de libéralisme, encartés ou pas.

La coopération volontaire entre communes est une chose, elle remonte à loin et relève du bon sens, de l’intérêt des partenaires bien compris, de la bonne gestion sans remettre en question les prérogatives communales y compris celles de déléguer à une communauté telle ou telle fonction ou investissement commun. Autre chose est la programmation de leur disparition, hormis cas extrêmes, il y en a toujours.

Nos 36 000 communes sont une richesse, la responsabilité des élus relève du bénévolat pour une très forte proportion. Situation qui n’est pas la même dans les villes et les intercommunalités. « On administre bien que de près », disent certains maires à juste raison.

Mais de là à transformer les élus en chefs d’entreprises soucieux avant tout de rentabilité, de productivité, de compétitivité…c’est s’éloigner de la vocation de la gestion communale par des citoyens qui se mettent à la disposition de toute la communauté pour résoudre -au moindre coût d’argent public- les problèmes concrets auxquels elle est confrontée et qui proposent un échéancier -la mandature- pour les mettre en oeuvre. Pas pour les ignorer ou les réduire. Les besoins sont immenses et les inégalités insupportables.

Parlons d’efficacité sociale oui, de rationalité, de services et d’équipements publics concourant au bien-être de tous, à l’amélioration du cadre de vie et dont la charge est justement répartie…n’est-ce pas l’esprit même de la fonction élective à tous les échelons et d’une saine conception de la gestion de l’argent public ? Le contraire du gaspillage et du favoritisme, à fortiori du délit d’initié.

La tendance lourde à l’abstention qui ne cesse de progresser traduit un déficit de démocratie. Un sentiment de n’être pas écouté, encore moins sollicité, voire méprisé d’autant plus qu’on accumule les difficultés de tous ordres et qu’on voit s’étaler la richesse et les scandales qui vont avec, les milliards qui s’étalent ou qui se dissimulent au fisc alors qu’on traque les « privilèges » des bénéficiaires de l’APL promise à la suppression, qu’on rogne sur les remboursements de soins, de médicaments, que nos gouvernants ne sont pas capables de donner une formation ou un emploi à chacun. Ni un minimum pour vivre dignement.

Comment ne pas perdre confiance dans ceux qui nous gouvernement en alternance sans que rien ne change et même dans ceux qui n’arrivent pas à se mettre d’accord bien qu’ils portent des idées novatrices au plan social et écologique ?

Vaste débat sur l’alternative au libéralisme qu’il faut ouvrir pour sortir de l’impasse dans laquelle Macron veut nous enfermer.

René Fredon

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