Un Président ne devrait pas dire ça

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Un Président ne devrait pas dire ça : Les 48 000 morts de la pollution de l’air par Loïk Le Floch-Prigent

En pleine effervescence des gilets jaunes on peut comprendre que l’on soit amené à dire n’importe quoi, mais ce n’est pas parce que les écologistes autoproclamés et la Mairie de Paris disent des âneries qu’un Chef d’État doit les conforter.

Effectivement depuis 2016 il est dit qu’une étude de l’Agence Santé Publique France  chiffre à 48000 les morts prématurées françaises dues aux « particules fines ». Une abondante littérature a suivi cette publication et ceux qui ont eu le malheur d’interroger les conditions de ce travail ont été « déconnectés » pour outrage à la santé publique. Aucun médecin n’a osé se présenter à la radio ou à la télévision, aucun expert ne s’est exprimé, terrorisés d’apparaitre comme des complices de ces criminels. Par la suite il a fallu traquer les causes des fameuses particules fines, dans l’étude il était dit qu’elles provenaient en majeure partie des énergies fossiles, ce qui a été traduit immédiatement part « diesel » et donc haro sur le diesel ! En conséquence les plus hautes autorités de l’Etat peuvent dire que l’augmentation du prix du diesel va dissuader les consommateurs d’en acheter et donc que cela participe au sauvetage de 48 000 personnes par an dans notre pays . « Vous payez le gazole plus cher, mais vous sauvez des vies ! » . Voilà le discours qu’il nous faut supporter.

Tout d’abord , qui sait ce qu’est l’Agence Santé Publique France ?
Constituée en Mai 2016 elle regroupe 4 organismes , l’INVS, L’INPES, l’EPRUS et ADALIS ! Veille sanitaire, prévention, éducation, préparation et réponse aux urgences sanitaires…elle étudie l’état de santé des populations. Elle dispose de 625 salariés avec un budget de 190 millions d’Euro. Sa compétence est donc l’épidémiologie , c’est-à-dire le traitement des statistiques permettant de comprendre les épidémies, d’essayer de les prévoir, et de proposer des politiques pour les traiter.

Il y avait une étude sur les maladies respiratoires dans les cartons, à l’occasion de la création du rassemblement de ces organismes, cette étude a été publiée, et elle a connu quelques semaines plus tard un énorme succès , les morts indiquées variant de 11 à 48000, on a compris que c’est la fourchette haute qui a intéressé les promoteurs de bonnes nouvelles. L’étude est sérieuse, elle énonce les conditions d’élaboration d’un modèle théorique et essaie de sensibiliser les lecteurs aux effets de la concentration urbaine sur les capacités respiratoires des habitants et sur leurs conséquences éventuelles en insistant sur les particules fines. Les Dames épidémiologistes qui ont travaillé ont fait leur métier, ce sont les lecteurs idéologues qui ont traduit et propagé de fausses nouvelles qui devraient être mis en cause. L’épidémiologie est une discipline qui tente de tirer des enseignements à partir de statistiques, mais en matière de médecine et de biologie, rien ne peut être décidé sans examen du malade ou du mort ! On parle de la vie ou de la mort d’individus qui ne se résument pas à un paramètre. La cause d’un malaise, d’une maladie, d’une mort, ne se résument pas à un élément , en l’occurrence les « particules fines », mais à un ensemble et la science permet rarement d’isoler une cause et une seule. Ainsi le tabac « peut «  tuer, et les probabilités sont là, mais on peut fumer comme un pompier et vivre au-delà de cent ans ! La vie , et la mort , portent sur des individus complexes que les statistiques ne permettent pas de déterminer (heureusement !).

L’étude en cause exprime donc que malgré une espérance de vie qui a augmenté en France de 21 ans depuis 1945, les zones urbaines concentrées sont plus sujettes que les campagnes aux maladies respiratoires et qu’il se trouve que dans ces conurbations les particules fines y sont plus nombreuses qu’ailleurs. On aurait pu aussi regarder les zones où l’on consommait plus d’huile d’olive et voir que les maladies respiratoires y étaient moins nombreuses, dans le sud du pays et à la campagne, il y a effectivement une amélioration sensible…

Sensibiliser les responsables du pays à la montée éventuelle des maladies respiratoires est de la responsabilité de l’Agence, mais avant de tirer des conclusions les décideurs doivent faire l’analyse de ce qui est dit et des mesures à proposer. La conclusion évidente c’est que la population française doit abandonner la ville pour vivre à la campagne et ne plus ni se chauffer ni se déplacer. Au Cambodge les Khmers Rouges avaient d’ailleurs bien compris comment vaincre les maladies respiratoires comme on a pu le remarquer, je doute que nous voulions vraiment les imiter !

Si ces réflexions ne suffisent pas quelques chiffres
La revue scientifique « Nature » chiffre à 38 000 personnes pour le monde entier (plus de 7 milliards d’individus) les morts prématurées dues à la pollution

Les morts en France  de problèmes de larynx, trachées, bronches et poumons sont de 30 000 personnes. Bien malin celui qui pourrait dire la part due à la pollution !

Les particules fines ont comme origine majoritairement la combustion, mais il y a d’autres émetteurs, pneus, freinage … et vous en dégustez plus dans le métro parisien souterrain qu’à l’air libre …

On peut comprendre que dans le feu d’un discours on prenne des raccourcis et que l’on caricature un propos, mais les contre-vérités vous rattrapent toujours!

Il n’y a pas en France 48 000 morts par an dus à la pollution urbaine, pas plus qu’aux particules fines, pas plus qu’il n’y a de particules fines qu’à partir des moteurs diesel. On ne peut pas baser une politique sur des âneries pareilles et l’étude de l’Agence n’avait pas cette ambition. Faire une politique de l’écologie ce ne devrait pas être de mentir systématiquement aux gens et de leur faire peur, mais de leur expliquer comment ils peuvent encore améliorer leur vie, déjà fortement meilleure aujourd’hui qu’hier .

 

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