La candidate FN en ravale sa salive : Trump, dont elle appelait la victoire, la met depuis deux jours, dans un océan de perplexité. Elle le voyait en bon milliardaire, peinard, « les Etats-Unis d’abord », se concentrant sur son pays, chassant l’étranger -surtout musulman- de la si chrétienne Amérique où les présidents jurent sur la bible, comme elle en rêve. Patatras, il repart en guerre, direct, en Syrie, châtier le président, qui certes, n’est pas un saint, sans en référer à l’ONU et à ses supposés alliés occidentaux !
Le revoilà en gendarme du monde, en justicier armé jusqu’aux dents, avec un prétexte…en or, c’est un orfèvre : l’odieux bombardement chimique de Khan Cheikhoun qui a fait 86 morts dont une trentaine d’enfants. Il l’impute à Damas -qui dément toujours, plusieurs jours après- et fait savoir qu’il recommencera. Les capitales occidentales le suivent et donc l’encouragent.
Pas besoin d’enquête…il ne se trump jamais le chef ! Mme Le Pen se trouve dans l’obligation de ne pas le soutenir, au moins dans cette initiative car là voila le cul-entre-deux chaises. Son autre modèle d’indépendance, Poutine, se trouve dans l’autre camp : celui des soutiens de Bachar El Assad, avec l’Iran. Elle vient même de le rencontre en tête à tête, plus d’une heure, à Moscou…quel honneur ? Elle, la seule candidate qui ait fait le voyage : tout un programme.
Et Poutine conteste mordicus la responsabilité de Damas dans cette affaire horrible. Marine Le Pen réagit mollement : elle se dit « un peu étonnée parce que Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu’il n’entendait plus faire des Etats-Unis le gendarme du monde, et c’est exactement ce qu’il a fait hier» ajoutant : »Est-ce trop demander d’attendre les résultats d’une enquête internationale avant de frapper la Syrie ?»
Prise à contre-pied, elle se contente de marquer juste un peu d’étonnement. Là où elle aurait pu rappeler à son favori qu’il avait supplié le Président Obama le 4 septembre 2013, après une attaque chimique à Ghouta de ne pas jouer « le rôle de gendarme du monde…ce que je dis c’est de rester en dehors de la Syrie…n’attaquez pas la Syrie, il n’y a rien d’extraordinaire la-bas. Gardez votre poudre pour un jour plus important. »
A la même époque, il écrivait en juin 2013 que « nombre de rebelles syriens sont des djihadistes islamistes radicaux qui tuent des chrétiens. Pourquoi devrions-nous nous battre à leurs côtés ? » Passons sur la misérable distinction qui lui fait oublier que l’immense majorité des victimes des djihadistes en Syrie et au Moyen-Orient, ce sont des musulmans. Ce n’est pas un détail.
Depuis qu’il est président son attitude envers la Syrie et Assad a beaucoup changé. Il le dit lui-même. Il n’est pas le premier président qui, une fois au pouvoir, oublie les discours qu’il tenait lorsqu’il était dans l’opposition. On vit ça très intensément en ce moment, en France.
Mais l’attaque militaire d’un pays sur lequel on n’a aucun droit est un acte des plus graves. Ce qui n’atténue pas la responsabilité des auteurs de l’insoutenable bombardement chimique, quels qu’ils soient. Au contraire. Il faut savoir au plus vite la vérité, c’est-à-dire connapitre les commanditaires. Il n’y aucun motif valable à un tel massacre.
Les seuls à s’en féliciter…ce sont les djihadistes qui vont trouver matière à recruter des martyrs pour venger leurs frères. Tandis que les deux grandes puissances engagées dans la coalition contre Daecht vont remettre en cause leur coopération. Au bénéfice de qui ?
Trump ne se contente pas d’envisager de récidiver en Syrie, il vient d’envoyer le porte-avion USS Carl Vinson et sa suite en direction de la Corée ! Effrayant, juste après l’attaque d’une base militaire syrienne.
Il le justifie par les tests de tirs de missiles Nord-Coréens de ces derniers mois et la possibilité que des missiles à têtes nucléaires puissent atteindre les Etats-Unis. Il en conclut qu’une menace imminente pèse sur le Japon et la Corée du Sud qu’il vient protéger : un signal guerrier d’une rare intensité. D’autant qu’il aurait prévenu la Corée du Nord de ses intentions…protectrices. Poli avec ça !!
Il aurait même demandé au président chinois qu’il recevait au milieu de la semaine de faire pression sur ses voisins de Pyongyang. Mais pour qui se prend-il ?
Ce n’est plus seulement la guerre froide qui est à craindre mais la guerre tout court avec ces deux actes de Trump à 48 h d’intervalle.
Les capitales occidentales vont-elles soutenir Trump dans son escalade ou demander en urgence la réunion du conseil de sécurité de l’ONU ?
René Fredon
http://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/un-porte-avions-us-et-sa-flotte-en-route-vers-la-peninsule-coreenne-4916327