Trop c’est trop

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L’actualité est angoissante. Dans tous les pays et dans tous les domaines : climatique, social, économique, politique, militaire…les guerres se multiplient et durent, accentuant le nombre de victimes, les risques d’escalade, mobilisant des dépenses colossales qui alimentent l’inflation au seul profit des grands fournisseurs d’armes, des énergies et de la reconstruction notamment.
Et l’on s’étonne de la croissance de l’immigration pour causes pas si naturelles que ça d’ailleurs, du fait des conséquences des dérèglements climatiques provoqués par les hommes, mais certains plus responsables que d’autres. Les décideurs-profiteurs par exemple qui, globalement, ont longtemps fermé les yeux et continuent à freiner le rythme d’une transition écologique d’envergure qui nécessite volonté politique, moyens financiers et dispositions concrètes immédiates et de longue durée.
Ils n’entendent pas sacrifier les profits qu’engrangent les plus puissants d’entre eux, au détriment de tous les autres. Ce sont ces critères d’un capitalisme de plus en plus malfaisant et contesté qui ajoutent de l’insécurité aux plus défavorisés, creusent les inégalités, la misère, décident des guerres de toutes natures, destructrices de vies et des moyens de vivre, jetant les peuples les uns contre les autres.

Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914 a Paris n’avait pas attendu la révolution d’octobre pour proclamer que « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » lors d’un discours cinq jours avant, à Lyon, une semaine avant que l’Allemagne ne déclare la guerre qui ensanglanta l’Europe.
Agiter la peur des migrants c’est exonérer les hommes au pouvoir, en France et dans le monde de leurs responsabilités et de leur servilité envers la minorité des possédants dont le système d’exploitation est devenu obsolète et éminemment dangereux. De la droite à l’extrême-droite qui sèment la xénophobie et les nationalismes.
Le pape, dans ses discours oecuméniques, n’a pas manqué il y a peu, à Marseille, de prendre le parti des migrants qui meurent en Méditerranée qu’il a qualifiée de « cimetière » et de « frontière de sang »…invitant les Européens « à faire preuve de fraternité et de solidarité envers les personnes en détresse. » Les médias du sérail les ont vite oubliés.
Qui peut sérieusement prétendre que les immigrés sont responsables des fins de mois difficiles, de l’inflation, des pénuries, du chômage, de la précarité généralisée, des bas salaires et de l’insécurité sociales infligés à notre peuple ? Comme s’il suffirait de les repousser pour vivre mieux et évacuer le problème ? C’est se moquer du monde.
Bien sûr qu’il faut organiser leur accueil au niveau de l’Europe de manière proportionnelle. La criminalisation des citoyens.es qui les aident en dit long sur la mentalité des chefs d’États.

Un budget 2024 qui renforce l’austérité
Le budget de la France pour 2024 prétend faire reculer l’inflation et un endettement record. Plus anti-social que jamais, il ne sera pas soumis au vote des parlementaires ! Macron a décidé d’utiliser le 49-3, comme pour les retraites. C’est dire qu’il se sait minoritaire et se fait du souci pour sa succession. Si les oppositions droite-gauche sont inconciliables : droite et extrême-droite veulent davantage d’austérité et de réduction des dépenses publiques, elles font de la surenchère sur les questions sécuritaires, identitaires, sur le rejet des migrants et de l’immigration. Bref, ils divisent le peuple selon l’origine de ses citoyens.
Macron a choisi de réduire de 16 mds les dépenses publiques. Énorme. « Ce qui aura inévitablement des répercussion sur le budget des ménages et celui des collectivités locales avec une nouvelle dégradation de l’offre de services publics, » note J-M Durand, économiste communiste.
Est-ce bien le moment pour la LFI de déterrer la hache de guerre à gauche -et de quelle manière ?- en faisant de F. Roussel l’homme qui veut faire éclater la NUPES parce que le PCF a décidé de présenter une liste aux Européennes (élection à la proportionnelle) et un candidat à la présidentielle sans remettre en question les résistances, les propositions communes et le soutien actif aux mobilisations populaires.

Le 13 octobre un moment fort
Un appel de l’intersyndicale à une journée de grève et de mobilisation dans le maximum d’entreprises, commerces et bureaux contre l’austérité, pour les salaires et l’égalité hommes-femmes.
Augmentation du SMIC, indexation du salaire sur les prix, aides publiques conditionnées aux entreprises, égalité salariale, l’écart étant de l’ordre 25%…obtenir des investissements dans nos services publics, ce qui n’est pas vraiment prévu dans le projet de budget 2024…
Faire reculer les suppressions d’emplois, les temps partiels, la précarisation du travail, les droits des salariés.es et des obligations des employeurs. Après le scandale Orpéa dans les EHPAD, celui de la petite enfance dans les crèches privées, vouées à la rentabilité financière
On est face à une dégradation sociale qui n’a pas encore touché le fond. Leur politique réduit un peu plus chaque jour le pouvoir d’achat d’une immense majorité. Pour certains, la fin du mois commence le 15 et on nous parle d’une « économie de guerre » aux frais des contribuables, très largement financée. S. Lecornu, le ministre de la défense, a osé dire qu’il y voyait « des opportunités pour l’industrie française » ?

Le coeur du défi écologique
Pour l’urgence climatique ils annoncent une augmentation de crédits de 7mds… très insuffisant pour répondre aux objectifs proclamés, les Verts sont inquiets de la soutenabilité du budget et des hypothèses macroéconomiques incertaines et optimistes.
Pour deux économistes en débat dans l’Humanité le 4 octobre, l’un communiste, Denis Durand, l’autre libéral, Jean Pisani-Ferry, le compte n’y est pas si l’on veut atteindre les objectifs que la France s’est fixés. Il se situe entre 10 à 20 fois supérieur par an. Le recours à un impôt sur la fortune est nécessaire pour les deux mais pas suffisant pour le premier qui propose de se tourner vers la BCE pour qu’elle prête aux États à taux zéro. « Investissons dans l’emploi, la formation, la recherche, c’est le coeur du défi écologique » a-il-dit.
Si les colères populaires s’expriment davantage aujourd’hui, vu les circonstances et le poids des médias aux mains de milliardaires, on est encore loin du compte, de la prise de conscience qu’une alternative progressiste est nécessaire et possible. Il ne s’agit pas de se satisfaire d’une amélioration, toujours bonne à prendre, en matière de justice fiscale par exemple ou dans tout autre domaine. On en est aux chèques-cadeau pour calmer les ardeurs du peuple. Comment croirait-il à des changements réels et durables ?
On ne changera pas de cap politique si on laisse croire que les dégâts sociaux et pas que…du capitalisme peuvent être réparés par la fiscalité sans toucher au pouvoir dans les entreprises et sans lutte pour les conquérir ? Que l’on pourra mieux répartir les richesses si on laisse les mêmes aux manettes dans les entreprises et les territoires et si la finance reste entre les mains des mêmes intérêts ? L’utilisation de l’argent et des richesses créées par les salariés.s est une question centrale. Elle ne peut évoluer que par la conscience des peuples concrétisée par des luttes d’ampleur.
Autrement dit, faut-il faire le dos rond devant le capital qui nout vaut d’être dans la situation que l’on vit ? Ou faut-il désigner l’obstacle et créer les conditions de le franchir par une union populaire proposant une véritable alternative au capitalisme ?
Pour en finir avec les promesses et les actes contraires et construire des jours heureux, prémices d’une civilisation nouvelle qui ouvre des perspectives de liberté, d’égalité, de fraternité, de paix…dans un monde qui protège « sa » planète où l’on construit des ponts, pas des murs.
Et si l’on donnait corps à nos utopies pleines d’humanité ?
René Fredon

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