TPM : La Seyne contre le péage de l’échangeur d’Ollioules-Sanary

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Lors de la séance plénière du conseil communautaire de TPM du 10 novembre 2016, les trois délégués communautaires de La Seyne (Anthony Civettini, Christian Barlo, Denise Reverdito ainsi que Guy Rebec élu vert de Toulon) ont voté contre  la convention de co-financement de l’échangeur Ollioules-Sanary,  confirmant l’hostilité de la majorité municipale, non pas sur le principe d’un échangeur à cet endroit mais sur le fait que le financement des travaux est assuré en majorité par trois collectivités publiques et que les usagers vont devoir payer pour utiliser leur bien commun.

Alors que si on sort à La Seyne, venant de Toulon, c’est gratuit -il ne faut sans doute pas pénaliser les clients de Carrefour ?- mais si l’on sort 3 ou 4 km plus loin, c’est payant !

Il y a là quelque chose pour le moins d’incohérent, deux poids deux mesures, car les contribuables financent cet échangeur à travers le Département (11Me), TPM (6,2) et Sud Sainte Beaume (4,8) . Comme s’il ne suffisait pas de payer à partir de Bandol (ou jusqu’à) puis La Ciotat sur l’autoroute la plus chère de France ?

De l’autre côté, dans le sens Toulon-Nice, le premier péage est à la sortie de Cuers, à une vingtaine de km comme Bandol et la bretelle d’Hyères (15 km) gratuite.

Et puis, autre incohérence de taille, puisqu’il y a plusieurs co-financeurs publics pour 60% du montant des travaux (22Me sur 37,6 HT), comment se fait-il que les élus financeurs aient accepté le péage ?   Le concessionnaire est en même temps le maître d’oeuvre, le maître d’ouvage et le réalisateur des travaux, donc sans appel à la concurrence. Il en fixe le montant  et impose la redevance ? A quoi servent les élus…à moins qu’ils donnent carte blanche à la multinationale ? Nous penchons pour cette hypothèse.

Sans compter que le coût des travaux devrait être donné TTC et l’échéancier des remboursements indiqué, faisant apparaître la durée et le montant total à terme des annuités incluant les frais bancaires à la charge des contribuables. Cela devrait les intéresser. Serait-ce trop demander que la transparence ? De quoi aurait-on peur ?

Quel cadeau au n°2 mondial du BTP ! Nos impôts lui permettent de disposer d’un capital de 22 Me sur 37 et lui va encaisser la totalité des péages, sans retour pour les autres financeurs publics !!

Elle est pas belle la vie ! Le public paye, le privé encaisse, c’est bien connu. Il n’y a pas que Trump qui connaisse bien le business. Celui qui crée et alimente la crise de la finance mondialisée.

C’est une manne pour le concessionnaire co-financeur minoritaire et maître d’ouvrage Escota qui fait partie avec Cofiroute et ASF, de Vinci Autoroutes. Déjà, légalement, il procède, comme les autres concessionnaires, au rackett des automobilistes, malgré les observations de la Cour des Comptes (1) qui y voit « des rapports déséquilibrés au bénéfice des concessionnaires » autrement dit un manque à gagner notoire pour l’Etat, l’investisseur initial de tout notre réseau routier.

Un réseau particulièrement dense et envié, tout comme notre réseau ferroviaire ou celui des télécom. Hélas, l’entretien se gâte.

On ne peut pas avoir des milliards planqués dans les paradis fiscaux et alimenter les caisses de l’Etat et des collectivtés locales ! C’est même pour dissimuler leurs profits que les banques, grandes entreprises et particuliers fortunés ont inventé les paradis fiscaux. En France, cela coûte chaque année 60 à 80 milliards aux finances publiques. (2)

On ne connaît pas encore le prix du péage mais TPM et sa majorité de droite ont approuvé la délibération après que la communauté Sud-Sainte Baume (SSB) en ait fait autant fin septembre. L’échangeur devrait être achevé fin 2019. Il n’est peut-être pas encore trop tard pour éviter des travaux inutiles (gares de péage) et réduire l’addition annoncée 37,6 Me, HT. Les automobilistes-contribuables ont leur mot à dire, ils en seraient les premiers bénéficiaires.

Et puis, est-on aussi sûrs que le péage du tunnel de Toulon soit définitivement abandonné par les temps qui courent ? Et pourtant…

En Allemagne les autoroutes sont gratuites (sauf pour les étrangers qui doivent acquitter une vignette en fonction de la durée de leur séjour) ainsi qu’en Belgique, en Hollande, au Danemark, en Finlande, au Luxembourg, au Royaume-Uni (qui n’est plus dans l’UE mais toujours en Europe)…Donc c’est possible. Même dans ce domaine il n’y a aucune harmonisation. Mais plus personne n’attend rien de cette Europe-là.

Il n’y a pas eu de débat à TPM, la question de l’échangeur est presque passée inaperçue comme si cela allait de soi, alors qu’elle révèle des positionnements politiques très différents quant à la conception de la gestion des fonds publics, ici à travers le montage financier très favorable au concessionnaire. Et pour cause : c’est lui qui fixe les conditions.

René Fredon

(1) https://www.ccomptes.fr/Actualites/Archives/Les-relations-entre-l-Etat-et-les-societes-concessionnaires-d-autoroutes

(2) Voir le livre des frères Bocquet : « Sans Domicile Fisc » ed. Cherche Midi

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