Beau concert de musique française au Palais Neptune.
Succès musical.
C’était décidément une bonne idée que de proposer une soirée de musique baroque du Grand Siècle Français à partir du succès de ce film culte. Valentin Tournet a composé un programme alléchant qu’il a su défendre grâce à son ensemble la Chapelle Harmonique avec bon goût et talent.
Le film à qui il rend hommage a fait beaucoup pour la diffusion de ces partitions à partir du roman de Pascal Quignard. Il était donc légitime de revenir aux sources de cet émerveillement.
Paroles et Musique
Si globalement la soirée a été une réussite musicale malgré les niveaux divers des instrumentistes, mais tous conscients de défendre ce goût français fait de noblesse, de grandeur et de déclamation, par contre l’utilisation d’un récitant (malgré ses qualités et son souci de caractérisation), a un peu alourdi le propos.
Il y a une vérité du verbe et une autre de la musique. Elles ne sont pas toujours compatibles. Monsieur Jean-Damien Barbin malgré son talent en fait trop dans la posture ostentatoire lors des lectures. Ce qui est en opposition avec la beauté intimiste de cette musique, confidente des tourments de l’âme comme disait Racine. Son omniprésence a relégué la musique, pour belle qu’elle fut, à l’inconfortable servitude d’accompagnement d’un texte. On pouvait se demander si ce n’était pas plutôt une lecture avec exemples musicaux qu’un concert…
Moments forts.
Mais revenons à ce qui devait être l’essentiel. Le style de cette musique (les partitions de Monsieur de Sainte Colombe, Marin Marais, ou François Couperin) ont été rendues avec soins et inspirations, notamment par Valentin Tournet à la viole de gambe et par la soprano Jeanne Bernier. Alix Boivert au violon s’est affermi dans la justesse au cours de la soirée ; prestation solide de Kaori Yugami au clavecin et à la basse continue, Éric Bellocq au théorbe et Natalia Timofeeva et Alice Duport-Mercier. Tous ces jeunes artistes ont su rendre la musique et ses ornements avec l’élégance des spécialistes. Moments très forts la Rêveuse et la merveilleuse Troisième Leçon des ténèbres du grand François Couperin.
Bonne surprise
Bonne surprise également au niveau de l’acoustique de la salle du vaste Palais Neptune au trois-quarts pleine (ce qui est déjà merveilleux pour du baroque de chambre). La soirée n’a pas trop souffert de dispersion phonique. Parfois même, une certaine ampleur s’est installée, par exemple dans la Marche pour la cérémonie des Turcs du Bourgeois Gentilhomme de Lully.
Après deux bis collectifs (musique seule) longuement applaudis, le public se dispersa dans la froidure, laissant une partie de son âme accrochée à ses notes venues d’un siècle de grandeur hélas révolue.
Jean-François Principiano