Toulon : Schubertiade à la Tour Royale

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Victor Julien-LaFerriére

Deux grandes  œuvres de la musique occidentale à la Tour Royale de Toulon par le Quatuor Modigliani et  le violoncelliste Victor Julien-La Ferriére  lundi 10 août à 21h. Concert exceptionnel.

Bonne pioche culturelle et musicale par le Festival de Toulon et sa région.

La jeune fille et la mort.
Composé par un Schubert affaibli en 1824 ce quatuor n° 14 ne sera exécuté en privé que deux ans plus tard, en 1826, et ne pourra jamais être publié du vivant de Schubert. La tonalité d’ensemble de ce quatuor est bâtie sur celle du lied « der Tod und das Mâdchen » composé en février 1817, dont voici le texte de Matthias Claudius :

« Va-t’en – Ah va-t’en loin de moi squelette cruel je suis encore jeune, laisse-moi, ne me touches pas, chère mort. Donne-moi ta main, toi belle et tendre Je viens en ami non pour te punir Sois courageuse, je ne suis pas cruelle Tu dormiras apaisée dans mes bras. »

Ainsi, c’est une domestication de la mort. Elle apaise de toute angoisse. Comme tous les romantiques Schubert voyait la mort comme une amie attendue sans crainte, sans esprit de révolte. Il écrit là son requiem, sincèrement, pathétiquement, humainement, dignement. En 1824 il était très malade car la syphilis (maladie sociale à l’époque) faisait des ravages en lui. Deux ans plus tard, il ira plus loin encore dans l’acceptation sereine en écrivant « Le voyage d’hiver » son dernier cycle de mélodies. Déchirant d’humanité.

Les « Modigliani » Amaury Coeytaux (violon) / Loic Rio (violon) / Laurent Marfaing (alto) / François et Kieffer (violoncelle) auront la responsabilité et le bonheur d’interpréter cette œuvre splendide.

Le Quintette à deux violoncelles en ut majeur, D. 956
C’est ici encore un moment précieux de la sensibilité artistique viennoise de l’époque romantique et sans doute la plus belle œuvre de Schubert. Il a été composé peu après sa dernière symphonie durant l’été 1828, deux mois avant sa mort. Il a été créé en 1850 au Musikverein de Vienne et publié en 1853 seulement…

Franz Schubert

Schubert n’a jamais entendu cette musique sublime en public. Composée alors qu’il avait seulement 31 ans (dans les derniers mois de sa vie, il meurt en 1828), il y a quelque chose non pas de testamentaire dans l’œuvre mais comme un aboutissement de son écriture pour musique de chambre (ici un quintette pour deux violons, un alto et deux violoncelles) plutôt ample (qui dure presque une heure), en Ut Majeur, comme sa 9ème Symphonie. Avec notamment des thèmes réexposés, repris, variés, caressés, comme un procédé de réitération d’une invocation douloureuse qui pourrait bien symboliser toute sa vie. Toutes les vies.

Décidément les mélomanes ont bien de la chance  et peuvent ainsi plonger comme à l’époque des schubertiades (ces réunions d’amis autour du compositeur) dans un océan de musique de la  plus haute spiritualité. Lundi 10 août 21h Tour Royale. En cas d’intempéries report le soir même en l’Église Saint-Jean Bosco.

Infos et réservations selon les conditions de protections sanitaires en vigueur. Billetterie du Festival de musique de Toulon 06 34 29 59 33 et festival.billetterie@orange-business.fr

Jean-François Principiano

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