SNCF : Haro sur les cheminots

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Les syndicats font front commun
La décision est prise, le 1er ministre l’a déclaré lundi 26 : « il n’y aura plus d’embauche au statut de cheminot…on va avancer (le mot clé) pour sauver le service public et désendetter l’entreprise publique…qui n’a plus le monopole de l’exploitation du réseau ferré… »

Ce sont les éléments de langage, triés sur le volet qu’il a employés, sur un ton calme et rassurant comme pour dire que ordonnances ou pas, dialogue il y aura mais sur ce fond-là, rien d’autre ???

Une véritable déclaration de guerre à toute une corporation à la spécificité bien établie. Les syndicats n’ont pas mis longtemps à réagir et à vouloir se coordonner face au défi lancé par le pouvoir politique. Et ce à un moment où la situation financière de l’entreprise publique nationale affiche de bons résultats.

Ce que sous-entend E. Philippe, c’est que si ça ne va pas bien du tout à la SNCF, c’est à cause du statut des cheminots et des cheminots eux-mêmes, ces privilégiés qui planquent leurs hauts salaires dans les paradis fiscaux et laissent pourrir le matériel et l’entretien du réseau, (désormais géré par RFF, réseau ferré de France) !

En 1938 ils étaient 515 000, en 1952 415 000 après les destructions de la seconde guerre et leur rôle exemplaire durant la Résistance, en 2007 160 000, aujourd’hui 131 000…avec un trafic voyageurs qui s’est développé, avec une productivité du travail accrue et des investissements colossaux pour développer la Très Grande Vitesse livrée aujourd’hui à la concurrence, sur notre réseau. La faute aux cheminots ?

Qui gérait le pays : les cheminots ? Ou des majorités de droite et de gauche qui nous ont entraînés -au nom de cette Europe- dans les impasses du libéralisme et des traités qui s’imposent aux États, au détriment de notre souveraineté nationale, laissant les multinationales maîtres de l’économie et de la finance. Et les peuples, les classes populaires des villes et de la campagne perdre encore du pouvoir d’achat et voir se dégrader leurs protections sociales, leur avenir tout court.

Ceux qui nous gouvernement aujourd’hui sont celles et ceux qui hier encore faisaient partie d’un gouvernement failli -comme le président de la République- ou étaient issus des formations principales qui ont dirigé la France depuis des décennies -comme le 1er ministre, le ministre des Finances, celui de l’Intérieur, des Affaires étrangères…

Ce n’est pas parce que leurs formations ont explosé qu’on se retrouve avec du vraiment neuf ! Un navire peut changer d’équipage, si le capitaine ne change pas de cap, on prendra la même direction. Et on y est, on s’enfonce dans le marécage de l’austérité pour les peuples et des profits pour les très riches ainsi que les catégories sociales supérieures qui leur sont liées et gravitent dans les sphères du pouvoir et des institutions.

Macron s’ingénie à nous persuader qu’il n’est ni de droite, ni de gauche et que d’ailleurs ça n’a plus de sens ? Il n’est pas le premier. Il gouvernerait au nom de tous les Français et de l’intérêt général : ça c’est c’est le discours de tous les présidents de la République. Il se donne les moyens médiatiques pour en convaincre celles et ceux qui « ont horreur de la politique » ou qui croient s’épargner toute réflexion critique, sortant vite le « tous pareils…quand ce n’est pas le tous pourris », vu l’abondance, au plus haut niveau, des exemples de corruption, de conflits d’intérêts, de mensonges sur les patrimoines, de réticences à rendre transparente la vie publique…sans parler du monde des affaires qui n’est jamais bien loin !

Dès le 27/2 un sondage affichait que « 69% des Français soutenaient la fin du statut des cheminots ». Vite, vite, il faut conditionner l’opinion sur le thème : trop de fonctionnaires ou assimilés, de salariés protégés, ils n’osent pas dire privilégiés mais le laissent fortement entendre. Ils sont là pour effacer les conquêtes sociales de la Libération, pas pour les étendre. On n’est pas obligés de les suivre, même s’ils disposent d’un rouleau compresseur pour parvenir à leurs fins face à un mouvement social qui peine à trouver son unité, donc sa force.

Avec les cheminots, l’affaire prend une autre tournure : les syndicats sont vent debout, ensemble. Le gouvernement cherche l’affrontement -tout en prétendant le contraire- en espérant isoler une corporation qu’il rend responsable de ses propres turpitudes. Le service public ferroviaire touche des millions de gens tous les jours et la grève illimitée qui est dans l’air, ils espèrent la rendre impopulaire en même temps qu’elle se dessine.

D’où l’importance pour les usagers de ne pas tomber dans le panneau de cette offensive qui touche le coeur de nos services publics en voie de démantèlement qu’ils veulent liquider, les uns après les autres. Cela avait commencé avec la poste et les télécommunications…place à la concurrence et aux petits arrangements entre amis ! La France va mieux depuis ? Hélas, non.

Droite et LREM…sur la même ligne !
Le conseil régional PACA n’a pas attendu Macron pour brandir la menace de la privatisation des TER. Son président LR, Renaud Muselier, est depuis des mois à la recherche d’entreprises privées concurrentes de la SNCF pour gérer les TER qui, d’après le 1er ministre, n’avaient pas vocation à être privatisés mais à rester dans le giron de l’entreprise publique ? En les confiant aux régions les gouvernements savaient bien qu’elles pourraient ou non faire jouer la concurrence, en vertu des traités européens plutôt coercitifs.

Donc ce n’est pas sur la droite qu’il faut compter pour défendre le service public du transport ferroviaire -déjà très écorné par les privatisations- qui, pourtant, a longtemps été un modèle technologique et d’utilité sociale pour le monde entier. C’était sous quel statut ? Public, bien sûr ! Insupportable pour les libéraux.

Plutôt que de le développer, de le moderniser, d’utiliser le maillage exceptionnel de notre pays, bref de privilégier le rail à la route en toute logique écologique, ils font exactement le contraire, ne retenant que des critères économiques à très court terme et isolant un peu plus des pans entiers du territoire. Ils ferment des gares comme ils ferment des services publics de proximité poussant ainsi à la désertification et à l’usage de la voiture individuelle là où ils disaient vouloir privilégier les transports collectifs !

Pour avancer, ils avancent…à reculons de l’intérêt général. Casser le modèle social français, voilà leur objectif. Leur concurrence « libre » on sait ce que ça veut dire : plus d’exploitation pour plus de profits…pour quelques-uns. La transition écologique attendra…

Le combat des cheminots rejoint les exigences des usagers attachés à un véritable service public doté des moyens d’assumer ses missions.

René Fredon

NB Parmi de très nombreuses réactions

https://francais.rt.com/france/48196-syndicats-prises-avec-rapport-spinetta

https://blogs.mediapart.fr/nemo3637/blog/210218/la-dette-et-le-demantelement-de-la-sncf-certains-esperent-se-regaler

http://2017.pcf.fr/r_forme_de_la_sncf_une_privatisation_sur_fond_d_autoritarisme

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